Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Audiovisuel : l'Etat n'entend pas faire machine arrière

L’interdiction d’émettre des programmes politiques par satellite, prise mercredi par le gouvernement, continue de soulever critiques et appréhensions, et même un début de mouvement de protestation dans les milieux estudiantins. Les plus indulgents y voient une décision impulsive, improvisée. Les plus sévères, et en particulier l’Ordre des rédacteurs, une menace potentielle pour toutes les libertés Notons que, contrairement à une habitude bien ancrée, au cours des précédentes batailles pour la liberté d’expression, les présidents des Ordres de la presse et des rédacteurs, MM. Mohammed Baalbacki et Melhem Karam, sont en désaccord à ce sujet et, tandis que le premier approuve et comprend la mesure gouvernementale, le second y voit le point de départ d’un complot contre les libertés qui doit ensuite atteindre la presse écrite. Cité par ses visiteurs, le chef de l’Etat, pour sa part, a résumé la pensée de ceux qui approuvent la suspension des émissions politiques, en affirmant que les Libanais ont «discrédité l’image du Liban» et qu’ils ne sont pas encore «suffisamment mûrs» pour exercer leur liberté. «Certains de nos ambassadeurs ont rapporté que le spectacle de désordre offert par certains entretiens télévisés a ébranlé la confiance naissante dans le Liban», ont rapporté les visiteurs du chef de l’Etat, citant ses propos. «C’est la complaisance des télévisions à présenter du Liban une image négative qui a poussé le gouvernement à prendre sa décision», aurait encore affirmé M. Hraoui. Selon le ministre de l’Information, «certains programmes politiques par satellite ont porté atteinte à l’image du Liban et nui à ses relations avec les pays frères et amis». «En Arabie Séoudite, des responsables auraient fait récemment des commentaires sarcastiques sur la gestion publique au Liban, notamment après avoir regardé des débats parlementaires retransmis en direct par la LBCI», selon une source informée. De plus, certaines émissions politiques ou touchant à des faits de société, notamment la sexualité, ont été jugées «provocatrices» dans des pays arabes limitrophes ou lointains où les libertés sont réduites, a précisé M. Sabeh. Le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, a présidé hier une réunion du Conseil national de l’audiovisuel (CNA), en présence du ministre de l’Information, M. Bassem el-Sabeh. A l’issue de la réunion, M. Sabeh a annoncé que la réunion a servi à examiner les moyens de doter le CNA des organes exécutifs qui lui permettront de jouer véritablement son rôle, dans le contrôle du secteur audiovisuel. Le ministre a précisé que la tâche de la commission ministérielle nommée ne contredit pas celle du CNA, ou de ce que devrait être le CNA. Ce n’est qu’en partie vrai. En effet, comme l’a bien souligné le ministre de l’Intérieur, M. Murr, la commission ministérielle est composée de ministres politiquement représentatifs de certains forces et partis, chargée de revoir le secteur de l’audiovisuel alors que le CNA, bien que dépendant du ministère de l’Information, devrait être un organisme revêtu d’une grande autorité morale, et le plus indépendant possible des ingérences politiques, y compris de celles du pouvoir. Notons par ailleurs que le CNA existe, sur papier, depuis de nombreux mois, mais que ses organes exécutifs n’ont jamais vu le jour. Et comme chaque fois que la loi n’est pas respectée et que les institutions ne peuvent jouer leur rôle d’exutoire, la situation a débouché sur l’arbitraire. M. Murr a annoncé hier que la commission ministérielle, nommée mercredi par le gouvernement, tiendra sa première réunion au début de la semaine prochaine. Cette commission, rappelle-t-on, doit faire un état des lieux et rectifier d’éventuelles injustices commises lors de l’attribution des licences d’exploitation. Un leurre? En partie. Il ne faut pas se faire d’illusion, en effet, sur la possibilité de modifier l’équilibre des forces par le moyen des médias ou en faveur des médias. Le statu quo politique, d’une façon ou d’une autre, continuera de se refléter dans la situation de l’audiovisuel. En particulier, et selon les proches du gouvernement, il ne serait pas question d’attribuer de nouvelles licences d’émettre. Dans ce domaine, la seule proposition neuve est celle du président de l’Assemblée nationale. M. Berry propose tout simplement que les dirigeants, à commencer par lui-même, ministres et députés, renoncent de leur plein gré aux parts qu’ils ont dans les différentes telévisions. Quelles sont les chances qu’un tel conseil soit suivi? Minimes, il faut le dire. Ceci étant, quelles sont les chances de voir Télé-Liban commencer à diffuser des bulletins de nouvelles par satellite? La question a été au centre d’une séance de travail d’une commission adhoc présidée par le ministre de l’Information et regroupant le PDG de Télé-Liban Jean-Claude Boulos et plusieurs membres du conseil d’administration. Parmi les questions envisagées, la location d’un temps d’antenne à de grandes stations arabes (Orbit et/ou ART), car le satellite «Arabsat» ne dispose plus de canaux libres. Sondées à ce sujet, ces stations auraient apporté à la requête une réponse de principe positive. Pour émettre par satellite, Télé-Liban, déjà financièrement en difficulté, aura besoin d’une somme évaluée à 4,5 millions de dollars (location du temps d’antenne et équipement). Par ailleurs, la commission a présélectionné les équipes qui seront chargées de préparer le bulletin télévisé.
L’interdiction d’émettre des programmes politiques par satellite, prise mercredi par le gouvernement, continue de soulever critiques et appréhensions, et même un début de mouvement de protestation dans les milieux estudiantins. Les plus indulgents y voient une décision impulsive, improvisée. Les plus sévères, et en particulier l’Ordre des rédacteurs, une menace...