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Actualités - CHRONOLOGIE

Une menace contre la démocratie, estiment les milieux parlementaires

Les médias audiovisuels privés, nombre de députés et le syndicat des rédacteurs s’en sont pris hier à la décision du Conseil des ministres d’interdire la diffusion par satellite des bulletins d’information et des émissions politiques. Réunis au siège de la «Voix du Liban», les représentants des médias audiovisuels ont affirmé que cette décision «va à l’encontre de l’information pluraliste et variée au Liban». Dans un communiqué publié au terme de la réunion, ils ont fait valoir ce qui suit: «La liberté d’expression est sacrée. Elle est l’un des fondements du système politique au Liban. La loi est la référence à laquelle tous les citoyens sont soumis. Elle régit les relations entre toutes les parties et les institutions concernées par l’information. D’où la nécessité de s’y conformer dans la promulgation des décrets. Les représentants des médias expriment de ce fait leur satisfaction à l’égard des décisions prises par le Conseil des ministres concernant l’élaboration de cahiers des charges pour l’émission par satellites, et la réactivation du conseil national de l’audiovisuel». Le communiqué poursuit: «(...) La décision de retirer les licences d’émissions politiques par satellite pour les limiter à un seul bulletin de nouvelles va à l’encontre de l’information pluraliste et variée au Liban. Elle porte atteinte au rôle de l’information au Liban et à l’étranger». Sur le plan parlementaire, Mme Nayla Mouawad, député du Nord, a condamné la décision. Elle a déclaré qu’elle «reflète l’esprit du gouvernement qui estime que les libertés menacent son existence et sa raison d’être. Elle est également le résultat de la faillite du discours officiel, devenu incapable de justifier les agissements du pouvoir», a-t-elle ajouté. Elle a souligné que «les solutions proposées ne doivent pas avoir recours à l’interdiction au nom de «l’intérêt supérieur national»». «Ce genre de solution, a-t-elle poursuivi, est un danger pour les bases essentielles du Liban». Elle a noté qu’il «faut résoudre les problèmes en établissant une réforme politique réelle». Et d’ajouter que «la troïka a encore une fois prouvé qu’elle est incapable de faire cette réforme». Mme Mouawad a annoncé qu’elle «travaillera conjointement avec les députés à inciter le gouvernement à revenir sur sa décision». Elle a appelé toutes les parties «à prendre part à la bataille pour la liberté». «La dernière expérience a prouvé l’efficacité de la coopération entre l’opposition parlementaire et les groupes de pressions populaires», a-t-elle conclu. Au cours d’un entretien avec la Voix du Liban, M. Hussein Husseini, député de la Békaa, a de son côté critiqué la décision. Il a déclaré qu’il faut «mettre des limites à ce gouvernement qui est devenu un poids qui pèse sur le Liban et ses habitants». Il a estimé qu’il «n’est plus un gouvernement libanais». M. Husseini a rappelé avoir «mis en garde, à plusieurs reprises, contre la tactique dangereuse de ce gouvernement totalement opposée aux libertés publiques qui font la raison d’être du pays». Et d’ajouter que «cette décision est la preuve de la faillite du pouvoir» . Lahoud: Une décision arbitraire M. Nassib Lahoud, député du Metn-Nord, a aussi condamné la décision prise en Conseil des ministres soulignant qu’il «œuvrera avec toutes les forces démocratiques du pays à lutter contre la décision et à obliger le gouvernement à revenir sur la mesure qu’il a prise «qu’il a qualifiée» d’arbitraire». Il a souligné que «le gouvernement porte encore une fois atteinte aux libertés publics au Liban». «Cette décision nuit aussi aux relations établies entre le Liban et ses immigrés», a-t-il noté. «Elle vise à transmettre l’image d’un seul et unique point de vue local aux Libanais résidant à l’étranger alors que le Liban doit transmettre la diversité de l’opinion politique libanaise», a-t-il noté. «La diversité de l’opinion est la preuve de la richesse du système démocratique», a-t-il poursuivi. «Nous sommes donc tenus de transmettre l’image de la culture démocratique au monde mais nous voilà en train de reculer et ceci en chargeant une chaîne publique de transmettre la totalité des émissions politiques», a-t-il ajouté. M. Lahoud a estimé que «cette chaîne transmettra une seule opinion politique au détriment de la diversité d’opinions, qui est à la base du système démocratique libanais». Il a déclaré: «Nous lutterons contre cette décision en usant des moyens juridiques mis à notre disposition». «Nous allons également coopérer avec toutes les forces démocratiques du pays», a-t-il ajouté. «Nous devons aussi être vigilants pour que le gouvernement n’applique pas cette décision aux émissions locales», a-t-il souligné. Le député du Metn a déclaré que la décision «n’est pas du tout positive pour le secteur de l’audiovisuel libanais». «Ce secteur est en pleine expansion», a-t-il déclaré. «Il commence à concurrencer les chaînes arabes et s’approche du niveau international», a-t-il poursuivi. Répondant à la question de savoir si cette décision porte atteinte aux députés de l’opposition, M. Lahoud a déclaré qu’elle «porte atteinte au système démocratique et à l’image du Liban à l’étranger». «Elle fait partie des décisions arbitraires prises par le gouvernement depuis qu’il a pris en charge le dossier de l’audiovisuel», a-t-il ajouté. «Il est temps que toutes les forces démocratiques se rassemblent pour défendre la liberté d’expression de la presse et des médias audiovisuels», a conclu le député du Metn. Quant à M. Emile Naufal, député de Jbeil, il a estimé qu’interdire «la liberté des médias audiovisuels n’est pas une décision libanaise mais séoudienne». Il a aussi souligné qu’empêcher «certaines chaînes de télévision de transmettre des émissions politiques vise à empêcher de faire la lumière sur les scandales de certains responsables». Harb: Une menace pour la démocratie Pour sa part, le député Boutros Harb a déclaré que «la décision gouvernementale d’interdire les bulletins télévisés et les émissions politiques sur satellite est grave parce qu’elle menace l’avenir de la démocratie au Liban». «Si le gouvernement maintient sa décision, il devra également retirer les licences qu’il a lui-même octroyées à ses membres, et ouvrir le dossier entier de l’audiovisuel», a-t-il poursuivi. M. Harb a souligné que «la décision ne (l’)a pas surpris parce que la politique du gouvernement va toujours dans le sens contraire aux lois et à la Constitution». Et de poursuivre: «N’est-il pas naturel d’arriver à ce résultat quand tous les efforts du gouvernement vont dans le sens de la satisfaction des intérêts personnels de ses membres?» Il a constaté que «la politique gouvernementale en matière d’information n’est pas claire et ne repose pas sur des principes sains qui déterminent les critères selon lesquels des licences sont accordées et d’autres refusées. Les véritables raisons qui se cachent derrière les décisions gouvernementales ne sont jamais connues, et l’improvisation est le mot d’ordre des agissements des responsables». «Quand le gouvernement a accordé des licences à certains médias», a ajouté M. Harb, «pourquoi n’a-t-il pas réfléchi à ce moment-là au danger que ces médias pouvaient constituer? Pourquoi retirer des licences qu’il avait lui-même accordées?» De son côté, le président du syndicat des rédacteurs, M. Melhem Karam, a commenté en ces termes la décision du Conseil des ministres: «Il semble que tous les moyens d’oppression sont mis en œuvre pour persister dans le massacre des libertés». Qualifiant d’«extrêmement dangereuse» la décision du gouvernement, M. Karam a déclaré que celui-ci est donc en mesure de retirer les licences de tous les médias. «La liberté d’expression ne serait plus de ce fait garantie», a-t-il dit avant d’exprimer l’inquiétude de la presse écrite qui voit dans cette décision un prélude possible à l’élimination de toute opposition. Et de conclure: «Nous rejetons totalement la décision prise aujourd’hui (hier) et nous n’abandonnerons pas nos confrères de l’audiovisuel. Nous les assurons au contraire de tout notre soutien. Car s’ils sont aujourd’hui la cible, nous le serons demain».
Les médias audiovisuels privés, nombre de députés et le syndicat des rédacteurs s’en sont pris hier à la décision du Conseil des ministres d’interdire la diffusion par satellite des bulletins d’information et des émissions politiques. Réunis au siège de la «Voix du Liban», les représentants des médias audiovisuels ont affirmé que cette décision «va à...