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Actualités - ANALYSE

La fronde ministérielle reprend de plus belle

Les derniers épisodes (Aoun puis Wakim) de la série télévisée qui met si brillamment en images les capricieuses inconstances du pouvoir ont le don d’irriter au plus haut point les ministres frondeurs qui contestent la gestion de M. Rafic Hariri. «Comment peut-il, s’exclame l’un d’eux et pas des moindres, compromettre par des initiatives personnelles l’action du gouvernement en tant que tel et le discréditer avec autant de désinvolture aux yeux de l’opinion? Des décisions aussi graves que les atteintes aux libertés fondamentales d’expression, garanties par la Constitution, ne peuvent être prises qu’en cas d’urgence nationale évidente et uniquement par le Conseil des ministres, seul détenteur du pouvoir exécutif». Après avoir de la sorte accusé son chef de manquer de respect à l’égard de la loi fondamentale, ce leader se demande «qui peut bien être le génie qui a soufflé à M. Hariri une aussi mauvaise idée que de faire tant de publicité gratuite aux contempteurs du pouvoir et de transformer Aoun ou Wakim en héros bien involontaires des libertés comme d’un peuple qui a horreur du despotisme. Qui lui a donc conseillé de couper le sifflet à l’ancien général et d’interdire la diffusion par satellite du débat télévisé avec le député Wakim? Une seule fois n’aura pas suffi: il aura fallu que le clan haririen, malgré la sévère déconfiture essuyée avec l’affaire Aoun, remette le couvert à trois dimanches d’intervalle. Et avec à peu près le même résultat: une rétractation forcée par une levée de boucliers générale et camouflée sous des prétextes bancals qui aggravent la dérision publique à notre encontre. Sans compter qu’il a fallu laisser les jeunes manifester et qu’il devient dès lors difficile de tenir la rue, si jamais les syndicalistes ou tout autre groupe protestataire voulaient l’investir. Nous avons l’air de tyrans qui seraient en outre de faibles velléitaires ne sachant jamais ce qu’ils veulent. Grâce à M. Hariri, nous nous trouvons plus que jamais coupés du peuple. Or, en tant que gouvernement, nous avions proclamé que nous ne toucherions pas aux libertés et que nous n’irions dans aucun domaine contre la volonté de la majorité des Libanais.Promesse tenue…». Cette amertume agace un peu non seulement les haririens mais aussi certains députés opposants. «Cela fait des années, observe l’un d’eux, que l’on entend des ministres grogner, et à chaque formation de Cabinet, ils répondent présents à l’appel de ce M. Hariri que le reste du temps ils vilipendent… Pourquoi ne rendent-ils pas leur tablier s’ils sont aussi mécontents? Ils semblent oublier tout à la fois le devoir de réserve et l’impératif de cohésion ministérielle. Par leurs attaques ils rendent encore plus faible le gouvernement et la notion d’Etat dont ils affirment vouloir défendre les intérêts contre leur propre chef. Qu’ils quittent donc M. Hariri une fois pour toutes et se joignent à nous…». Mais l’opposition elle-même manque de cohésion. Ainsi, commentant les remarques du parlementaire précité, un radical rappelle que «les ministres sont interdits de démission par les décideurs, tout comme les députés sont interdits de mettre le gouvernement en minorité. Alors autant que les contestataires de l’intérieur continuent à ruer dans les brancards: c’est autant d’affaiblissement pour un pouvoir fondé sur un système inique. Certes, il est également interdit d’y toucher pour le moment; mais à force de coups de boutoir de ci de là, on peut sans doute l’ébranler suffisamment pour en obtenir sinon le changement du moins la réforme en profondeur, un jour ou l’autre. Et les coups de gueule des ministres frondeurs ouvrent quand même des perspectives assez positives a priori pour le prochain régime…». En tout cas, on saura un peu mieux à quoi s’en tenir aujourd’hui en Conseil des ministres. La séance, si les contestataires campent sur leurs positions et insistent pour le dire haut et clair, risque d’être houleuse. A moins que cela aussi ne soit interdit en dernière minute… Toujours est-il qu’à tout seigneur tout honneur, hier le mot de la fin revenait à M. Farès Boueiz qui, après avoir souligné qu’il existe des lois, des pénalités financières et une justice pour sanctionner des infractions commises dans le domaine médiatique, se demande — et se propose de le souligner en Conseil — qui peut bien assumer la censure, sur base de quels critères «et qui nous dit que le censeur a plus de sens national que ceux qui présentent un programme politique ou qui y participent?». Bonne question en effet. Ph. A.-A.
Les derniers épisodes (Aoun puis Wakim) de la série télévisée qui met si brillamment en images les capricieuses inconstances du pouvoir ont le don d’irriter au plus haut point les ministres frondeurs qui contestent la gestion de M. Rafic Hariri. «Comment peut-il, s’exclame l’un d’eux et pas des moindres, compromettre par des initiatives personnelles l’action du...