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Actualités - ANALYSE

Les présidentielles : un facteur de changement pour le Liban ?

Selon des sources dignes de foi, lors de sa dernière visite en France, le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, aurait évoqué avec le président Jacques Chirac les élections présidentielles au Liban. Il n’a certes pas mentionné devant son interlocuteur les noms d’éventuels candidats. Il a simplement exposé la situation au Liban et souligné la nécessité de remédier à ses problèmes. Mais la question est de savoir justement si l’accession d’une personne intègre à la tête de l’Etat suffirait à changer la situation. Un ancien ministre répond à cela en affirmant qu’à l’ombre de l’occupation israélienne, aucun président de la République — quel que soit son poids politique — ne peut avoir les mains totalement libres. En effet, toute indépendance de décision implique forcément l’extension de la souveraineté de l’Etat sur l’ensemble du territoire; ce qui est encore loin d’être le cas étant donné la présence de forces étrangères dans le pays. Ne peut-on espérer au moins un changement sur le plan interne, l’éradication de la corruption politico-administrative et une amélioration de la situation financière et socio-économique? Non, répond la source ministérielle susmentionnée, pour la simple raison que le chef de l’Etat ne peut en finir avec une corruption bénéficiant de la bénédiction des forces politiques influentes. Dans le meilleur des cas, un président honnête pourrait limiter les abus mais sans plus. En effet, s’il tente de mettre fin à la corruption dans les circonstances actuelles, il risque de provoquer des crises politiques aux conséquences périlleuses sur le plan de la sécurité; sinon, il sera sans doute obligé de démissionner pour veiller à sa bonne réputation. Résultat: on ne peut espérer aucune amélioration politique, économique, financière ou sociale, car dès le moment où le président de la République décide d’agir de manière indépendante et souveraine, il sera confronté à des crises politiques dont les conséquences pourraient être désastreuses. Un changement radical Il est donc clair qu’un changement radical de la situation dans le pays ne dépend pas seulement de la personne du prochain président de la République. Seul un retrait total de l’armée israélienne du Sud et de la Békaa-Ouest est susceptible de rendre au pays sa souveraineté et son indépendance dans la mesure où il implique également le retrait des autres forces étrangères du Liban. Ce n’est qu’à cette condition que les autorités libanaises pourront gouverner en toute liberté. Une paix juste et globale dans la région est la seule solution. C’est seulement dans ces circonstances que le chef de l’Etat pourrait procéder à des élections législatives démocratiques et libres desquelles émanerait une Assemblée nationale véritablement représentative et souveraine. L’antithèse D’autres hommes politiques estiment au contraire qu’un président de la République intègre conserve tout de même une certaine marge de manœuvre en dépit de la conjoncture actuelle. Selon eux, en effet, dès lors qu’il se décide à combattre la corruption par le biais de la justice, rien ne peut l’arrêter ou le menacer du moment que le peuple se mobilisera pour le soutenir. S’il démet par exemple un ministre de ses fonctions pour détournement de fonds et le défère devant les tribunaux, preuves à l’appui, le peuple ne peut qu’applaudir à une telle initiative. De même, si un directeur est renvoyé de son poste pour corruption, aucun homme — quelle que soit son importance — ne pourra le protéger au risque d’être lui-même éclaboussé. Encore faut-il que ce président soit lui-même au-dessus de tout soupçon et que son seul but soit l’intérêt du pays. Nul ne serait alors en mesure de le menacer d’un scandale qui l’obligerait à revenir sur ses bonnes décisions. D’où la définition que le président Elias Hraoui a lui-même donné de son successeur, devant une délégation étrangère: «Il doit être le président de tous les Libanais et non d’une communauté. Il doit aussi commencer par appliquer la loi à sa propre personne et être au-dessus de tout soupçon», a-t-il dit. Mais où trouver cette perle? se demande l’ancien ministre précité. A supposer qu’elle existe, lui permettra-t-on seulement d’accéder à la première magistrature de l’Etat? Il n’est pas interdit d’espérer. E.K.
Selon des sources dignes de foi, lors de sa dernière visite en France, le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, aurait évoqué avec le président Jacques Chirac les élections présidentielles au Liban. Il n’a certes pas mentionné devant son interlocuteur les noms d’éventuels candidats. Il a simplement exposé la situation au Liban et souligné la nécessité de...