Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

L'indépendance libanaise : un historique en dents de scie...

Le Helf qui groupait Camille Chamoun, Pierre Gemayel et Raymond Eddé avait réussi dans le temps à détrôner le chehabisme… La nouvelle alliance tripartite qui unit Amine Gemayel, Michel Aoun et Dory Chamoun réussira-t-elle à rééditer l’exploit en dégommant la République de Taëf? Une question un peu absurde de prime abord mais qu’un vétéran aborde en rappelant que «le passage du Liban de l’état de sujétion à l’indépendance avait été en 1943 le fruit direct de la lutte d’influence que la Grande-Bretagne livrait dans la région à la France gaullienne, alors même qu’elles étaient alliées contre l’Allemagne nazie et contre Vichy. Par la suite, en 1952, le «Front national progressiste», qui ne regroupait que sept députés sur soixante-dix sept, était parvenu par une révolution blanche à renverser le régime prorogé de Béchara el-Khoury, pour le remplacer par Camille Chamoun. Là aussi, on avait senti souffler un vent venu du dehors, parce qu’alors Camille Chamoun était encore plus arabophile que Khoury et, sur le plan populaire, les «Sept magnifiques» se sont révélés bien plus forts que la majorité parlementaire que parrainait le régime. Comme l’histoire repasse toujours les mêmes plats en inversant les rôles, six ans plus tard, c’est contre Chamoun que la révolution, plus tout à fait blanche, a été menée. Là aussi ce sont les facteurs régionaux, le courant nassérien en tête, qui ont joué, tandis que les Américains, de leur côté, finissaient de liquider leurs comptes avec l’influence britannique au Moyen-Orient, avec l’élimination du roi Fayçal d’Irak et des fidèles de Glubb Pacha en Jordanie ou de Mossadegh en Iran». Pour en revenir, ou en arriver au Helf, cet analyste de l’analogie souligne que la coalition «s’était constituée pour empêcher Chéhab de garder les rênes, directement ou indirectement. Et pour mettre un terme aux abus comme aux immixtions politiques du fameux Deuxième Bureau qui tirait toutes les ficelles de l’Etat et formait un pouvoir dit parallèle plus puissant que le gouvernement civil en place. Quand ce but a été atteint, le Helf a volé en éclats…» Manipulation «Plus tard, souligne encore cette source, l’on a procédé à l’élection anticipée d’Elias Sarkis dans l’espoir que la fin du régime Frangié verrait aussi celle de la guerre intérieure. Mais il n’en a rien été et le malheur s’est prolongé durant de longues années. Et cela à cause de l’action, occulte ou ouverte, de plus d’une partie extérieure, internationale, régionale ou intruse comme l’OLP, les conflits d’intérêts alimentant et attisant les combats sur la scène locale. Quand Béchir Gemayel a été élu, Israël a pensé qu’il pourrait après l’Egypte entraîner un deuxième pays arabe, à savoir le Liban, à signer la paix avec lui. L’Etat hébreu a tenté d’y parvenir, sous le régime d’Amine Gemayel, avec l’accord dit du 17 mai. Ce document, qui liait le retrait israélien au départ des Syriens, a provoqué une levée de boucliers et le chef de l’Etat a finalement refusé de le parapher tandis que la Chambre l’avalisait, pour se rétracter par la suite et annuler le traité.…» «Quand René Moawad a été élu, poursuit cette personnalité, c’était pour une application minutieuse autant que complète des accords de Taëf. Selon toute probabilité, c’est pour empêcher la réalisation de cet objectif, préjudiciable aux intérêts extérieurs, que le président martyr a été assassiné. Et ensuite ce sont des accords tout à fait tronqués qui ont été mis en chantier, d’une façon aussi incomplète que discriminatoire, Taëf perdant de la sorte toute sa signification. L’on a estimé intéressant dès lors de proroger de trois ans le mandat d’Elias Hraoui, qui est le tout premier président à bénéficier d’un tel privilège sans entraves et sans soulèvement populaire comme sous Béchara el-Khoury. Et cela pour la bonne raison que la décision n’est plus aux mains des Libanais, même et surtout en ce qui concerne leurs affaires strictement intérieures. On sait en effet que l’opinion, les ministres, les députés et au départ le président lui-même étaient hostiles à ce renouvellement de bail, imposé finalement à la Chambre par diktat des décideurs...». «Aujourd’hui, conclut cette source, il paraît impossible que quiconque, le nouveau Helf en tête, puisse faire obstacle à la volonté étrangère qui domine ce pays. Si bon lui semble, Elias Hraoui serait encore une fois reconduit dans ses fonctions ou remplacé par quelqu’un qui suivrait la même politique. D’autant plus facilement que les trois de Paris n’ont évidemment pas la puissance du Helf, étant éloignés de la scène locale et se prêtant à des manœuvres tactiques faciles comme l’histoire des interviews télévisées, permises à l’un et défendues à l’autre… Après quoi, Aoun a fait des ouvertures aux décideurs, affirmant qu’ils n’ont au Liban que des amis, et que tout est de la faute des dirigeants locaux. Ce qui a poussé son allié Chamoun à lui répondre en disant qu’il allait trop loin dans la complaisance. Incidence qui prouve si besoin était que ce Helf-là n’a rien à voir côté cohésion et force avec le modèle de jadis. De plus, le paradoxe est que pour changer l’ordre des choses et pour accéder à l’indépendance, il faudrait faire appel à une aide extérieure!». Comme en 43 en somme, sauf que, cette fois, il n’est pas certain que le contrepoids occidental suffise. Ou veuille se mobiliser… E. K.
Le Helf qui groupait Camille Chamoun, Pierre Gemayel et Raymond Eddé avait réussi dans le temps à détrôner le chehabisme… La nouvelle alliance tripartite qui unit Amine Gemayel, Michel Aoun et Dory Chamoun réussira-t-elle à rééditer l’exploit en dégommant la République de Taëf? Une question un peu absurde de prime abord mais qu’un vétéran aborde en rappelant que...