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Actualités - CHRONOLOGIE

Dénonçant l'omnipotence des Etats-Unis sur la scène internationale Moscou reproche à Washington sa gestion émotionnelle de la crise irakienne


Le ministre russe des Affaires étrangères, Evguéni Primakov, a dénoncé hier dans la presse nationale l’omnipotence des Etats-Unis sur la scène internationale et déplore leur gestion «émotionnelle» de la crise irakienne . En soirée, comme s’ils avaient enregistré le message, les Etats-Unis annonçaient qu’ils étaient prêts à «redoubler d’efforts et faire tout ce qui est possible pour améliorer la distribution de vivres à la population irakienne dans le cadre de l’accord «pétrole contre nourriture».

Dans une interview à la «Nezavissimaïa Gazeta», l’ancien chef des services secrets russes expose sa vision du monde «multipolaire» dont il souhaite l’avènement.
«On peut considérer qu’il existe maintenant une superpuissance dans le monde. Mais nous ne devons pas fermer les yeux sur les processus en cours dans les autres parties du monde», note Primakov en évoquant le monopole des Etats-Unis dans la gestion des affaires internationales.
Evguéni Primakov, qui dirige la diplomatie russe depuis deux ans, estime que Washington et Moscou sont à même de trouver un langage commun sur les questions de sécurité.
«Je pense que nous pouvons trouver une formule acceptable par les deux parties», assure-t-il.
Prenant l’Irak pour exemple, le ministre russe souligne que les deux pays ont en commun la volonté de démanteler l’arsenal chimique de Bagdad.

Appel au réalisme

Evguéni Primakov regrette toutefois la surenchère américaine durant l’affaire de l’UNSCOM, la commission de l’ONU chargée du désarmement irakien, dont les membres américains avaient été expulsés par Bagdad.
«Nous aimerions que l’approche des Américains soit dénuée de toute charge émotionnelle, pour plus de réalisme», déclare-t-il.
Evoquant un autre sujet de contentieux avec la Maison-Blanche, Evguéni Primakov nie que son pays aide l’Iran pour la construction d’une centrale atomique, comme l’en accuse Washington.
Le chef de la diplomatie russe relève toutefois un motif d’entente avec les Etats-Unis sur le dossier de l’OTAN, dont Moscou redoute l’extension à l’Est.
Il loue l’attitude des Américains durant les négociations sur l’élargissement de l’Alliance atlantique, soulignant que Washington avait manifesté à cette occasion un réel désir de nouer des relations nouvelles avec la Fédération russe.
Primakov rappelle enfin l’opposition de la Russie à l’intégration des trois républiques baltes (Estonie, Lituanie, Lettonie) au sein de l’OTAN, projet qu’elle considère comme une atteinte à sa sécurité.

Polémique entre
Bagdad et Washington

Pour en revenir à la crise Bagdad-ONU, le ministre irakien du Commerce, Mohammad Mahdi Saleh, a accusé hier les Etats-Unis d’entraver l’application de l’accord «pétrole contre nourriture», les qualifiant de «grands menteurs».
«L’administration américaine n’est pas franche (...) elle induit en erreur l’opinion publique et les Etats-Unis sont les plus grands menteurs au monde», a déclaré à M. Saleh, réaffirmant que son pays n’avait reçu aucune livraison de lait pour enfants lors de la deuxième phase d’application de l’accord «pétrole contre nourriture».
Le ministre irakien réagissait aux déclarations du porte-parole du département d’Etat, James Foley, qui a qualifié lundi de «tragique» la décision de Bagdad de réduire en janvier les rations de lait pour enfants.
Selon le porte-parole américain, Washington a recommandé l’approbation de contrats de livraison de produits alimentaires et de médicaments pour 120 millions de dollars mais Bagdad a refusé de les soumettre au comité de sanctions de l’ONU.
«Ce qu’a affirmé l’administration américaine est dénué de tout fondement», a poursuivi M. Saleh.
M. Saleh a enfin indiqué que «si les Etats-Unis sont soucieux d’alléger les souffrances du peuple irakien, nous leur demandons de dégeler nos avoirs placés dans leurs banques et qui sont estimés à plus de deux milliards de dollars, pour acheter des vivres et des médicaments».
Le ministre avait indiqué dimanche que la distribution de lait destiné aux enfants serait réduite en janvier de six à quatre boîtes par mois.
Depuis l’entrée en vigueur de l’accord «pétrole contre nourriture», en décembre 1996, l’Irak accuse régulièrement les représentants américains et britanniques au sein du comité des sanctions de bloquer ou de retarder des contrats de médicaments ou de vivres.
Le Conseil de Sécurité de l’ONU a reconduit le 5 décembre pour un troisième semestre l’accord qui autorise Bagdad à vendre du brut pour deux milliards de dollars par semestre et constitue le premier assouplissement à l’embargo imposé à l’Irak depuis son invasion du Koweit en août 1990.
Sur ces deux milliards de dollars, 1,3 md sont alloués aux achats de vivres, de médicaments et de biens d’équipements. Le reste est consacré aux réparations de guerre et au financement des activités de la Commission spéciale de l’ONU chargée du désarmement de l’Irak (UNSCOM). (Reuters, AFP)
Le ministre russe des Affaires étrangères, Evguéni Primakov, a dénoncé hier dans la presse nationale l’omnipotence des Etats-Unis sur la scène internationale et déplore leur gestion «émotionnelle» de la crise irakienne . En soirée, comme s’ils avaient enregistré le message, les Etats-Unis annonçaient qu’ils étaient prêts à «redoubler d’efforts et faire tout ce...