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Actualités - CHRONOLOGIE

Le faux témoignage est un bon filon


Un commerce peu avouable fleurit dans les cafés entourant les tribunaux en Egypte: celui des faux-témoins prêts à parler devant les juges en faveur de qui voudra bien leur donner la pièce.
Ils interviennent en général dans de «petites affaires, notamment des litiges conjugaux», a déclaré un professeur de droit de l’université du Caire, M. Ahmed Saleh.
Les faux-témoins attendent carrément devant l’entrée des bureaux d’état civil et happent le client au passage. Devant les tribunaux, ils se montrent plus prudents. Pour éviter d’être repérés par la police, ils s’installent dès le matin aux terrasses de cafés avoisinants et envoient leurs rabatteurs.
Le prix du témoignage se négocie âprement avec les avocats et varie entre 20 livres égyptiennes (environ 6 dollars) et plus de 200 livres (60 dollars) selon l’importance de l’affaire. La tenue vestimentaire des clients compte aussi: une cravate, un complet bien coupé ou une gourmette en or haussent le tarif.
Les faux-témoins écoutent ensuite attentivement les avocats leur expliquer ce qu’ils devront dire devant la cour. La plupart aiment s’appliquer et affirment «ne pas tricher dans leur métier».
«Avant d’apprendre par cœur mon témoignage, je tiens à bien comprendre de l’avocat les tenants et aboutissants de l’affaire pour être prêt à toute question du juge», confie un faux témoin qui refuse d’être identifié.
La plupart du temps, «il s’agit simplement d’affirmer pour le compte d’un propriétaire que le locataire de son appartement n’y vit plus ou y amène des prostituées, comme cela on peut le chasser. Ou bien, lorsqu’il s’agit d’une femme qui veut se séparer de son mari, de citer des exemples illustrant qu’il la bat», explique-t-il.
«Quel que soit le prix, je n’accepterai jamais de témoigner dans des affaires de meurtre, ce serait un péché devant Dieu», assure le faux témoin. D’ailleurs, «il est très rare que des collègues soient impliqués dans le telle affaires».
La loi est en fait très dissuasive dans les affaires de meurtre pour les faux-témoins qui encourent la peine de mort, comme l’accusé. Dans les autres affaires, le faux témoignage est puni de six mois à un an de prison, ou d’une amende décidée par le juge, selon la loi.
Mais «cette loi n’est guère appliquée car la preuve du faux témoignage incombe à la personne qui en pâtit», a précisé un avocat du Caire, Me Mohammad Kamel.
En dehors de toute sanction pénale, le faux témoignage n’est pas de tout repos, souligne un vétéran qui affirme s’appeler Ali et évoque «les risques du métier».
Ainsi, un locataire expulsé sur la foi d’un faux témoin a eu quelques mois plus tard la surprise de le retrouver, également contre lui, dans une affaire de chèque sans provision.
«Le locataire est devenu fou de rage et, devant le juge, a voulu tuer le collègue qui a été arrêté et déféré en justice», raconte Ali en riant.
Les risques existent parfois aussi pour ceux qui se passent de témoignages rémunérés. Ainsi, un jeune homme qui s’était improvisé témoin bénévole pour aider un couple à signer son contrat de mariage dans un bureau d’état civil du Caire s’est vu cracher dessus par les faux-témoins attendant devant la porte.
Seule l’expérience des juges permet de déceler le faux témoignage. «Si le témoin insiste pour donner force détails avec trop de précision, cela soulève des doutes», explique Me Kamel.
Tout le monde peut être faux-témoin, du simple ouvrier au petit fonctionnaire voire au diplômé d’université. Certains en font leur unique gagne-pain, d’autres en tirent des revenus complémentaires. (AFP)
Un commerce peu avouable fleurit dans les cafés entourant les tribunaux en Egypte: celui des faux-témoins prêts à parler devant les juges en faveur de qui voudra bien leur donner la pièce.Ils interviennent en général dans de «petites affaires, notamment des litiges conjugaux», a déclaré un professeur de droit de l’université du Caire, M. Ahmed Saleh.Les faux-témoins...