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Actualités - ANALYSE

Baabda-Bkerké : une rencontre quand même politique...


La visite du chef de l’Etat au siège patriarcal maronite pour la Noël a suscité plus d’une interrogation et revêtu beaucoup de sens. Et cela notamment au travers des propos publiquement tenus par le chef de l’Etat qui a cependant évité de dialoguer à cette occasion avec la presse. On avait beaucoup spéculé avant le 25 sur un tête-à-tête Hraoui-Sfeir mais il n’y a eu aucun entretien privé et c’est devant les caméras de télévision que les deux hommes ont échangé des vœux chaleureux puis une conversation sans les médias mais en présence de nombreux témoins, qui affirment tous que les entretiens ont été aussi sérieux que positifs. Des parties déterminées ont pourtant tenté d’insinuer que la rencontre avait été tendue, sinon conflictuelle, ajoutant que les divergences de positions connues ont d’ailleurs empêché l’aparté dont il avait été question entre les deux pôles maronites. Ces contempteurs ajoutent que le ferme rejet par Bkerké de la thèse hraouiste des désignations aux municipales aurait trop altéré les relations bilatérales pour que des retrouvailles protocolaires de fête aient un effet de jonction politique.
Les sources proches de Bkerké refusent de commenter de telles assertions mais soulignent que le climat de la rencontre a été positif, comme le montre d’ailleurs le mot de vœux prononcé par le chef de l’Etat, qui n’a pas manqué de rendre hommage aux prises de position de Mgr Sfeir. Et d’ajouter qu’il n’y avait nul besoin d’organiser un tête-à-tête «du moment que dans son discours de la Nativité, le cardinal-patriarche a évoqué sans ambages tous les problèmes, toutes les questions de l’heure en rappelant avec fermeté ce qu’il en pense pour sa part. Il a ainsi répété que le Liban doit rester la patrie de la coexistence bien comprise, que l’espérance doit être gardée contre vents et marées, malgré les failles manifestes dans l’application complète des accords de Taëf en l’absence des trois parrains du pacte. Malgré aussi, a rappelé Mgr Sfeir, les lenteurs de l’opération de retour des réfugiés de la montagne à leurs villages, la négligence dans laquelle sont tenues des régions déshéritées, tout l’intérêt allant à la capitale qui épuise les ressources du Trésor. L’espérance également malgré la persistance de l’occupation du Sud, la paralysie de la volonté nationale, le manque de souveraineté comme d’indépendance, les pulsions oppressives dont souffrent les libertés publiques à l’intérieur…».
De leur côté, des sources proches du palais indiquent qu’il n’y avait pas besoin d’un aparté avec Mgr Sfeir «car à travers ses propos, le président de la République a indiqué combien les positions sont proches sinon tout à fait concordantes. Du reste, ajoutent ces fidèles du premier carré présidentiel, il n’a jamais été question d’un tête-à-tête, aucune urgence ne l’imposant. En effet, comme M. Hraoui l’a souligné, il reste au régime moins d’un an pour terminer son mandat, ce qui signifie que d’ici là il n’y a pas grand-chose qu’il puisse changer sur l’échiquier politique local. Enfin, à ce niveau élevé, le sens national commande une parfaite transparence et un aparté à huis clos en manque forcément».
Ce qu’un ministre traduit sobrement par cette remarque: «M. Hraoui ne veut pas que ses partenaires de la troïka l’accusent de «comploter» avec le patriarche. Mais, estime ce cynique, cela leur aurait été probablement égal car dans la dernière année de son règne, tout président devient faible. Si c’était vrai jadis, quand il avait vraiment le pouvoir, ça l’est encore plus aujourd’hui à l’ombre d’un système où il n’est plus qu’une voix de mentor quasi honoraire…».
Ce qui n’est pas tout à fait exact dans la mesure où la présidence de la République confère à son titulaire un leadership politique certain, bien à lui, comme le prouve la présence des hraouistes au gouvernement et à la Chambre. Et c’est cette influence que le chef de l’Etat, par sa démarche de la Noël, a voulu manifestement mettre au service des idées de Bkerké. Un geste éminemment politique...

Ph.A.-A.
La visite du chef de l’Etat au siège patriarcal maronite pour la Noël a suscité plus d’une interrogation et revêtu beaucoup de sens. Et cela notamment au travers des propos publiquement tenus par le chef de l’Etat qui a cependant évité de dialoguer à cette occasion avec la presse. On avait beaucoup spéculé avant le 25 sur un tête-à-tête Hraoui-Sfeir mais il n’y...