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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Dans son message de Nouel adressé hier aux Libanais Sfeir : l'espérance demeure malgré tout

«L’espérance demeure malgré tout». C’est le ton qu’a donné hier le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, à la partie politique de son message adressé aux Libanais à l’occasion de la fête de la Nativité. Le tableau que brosse Mgr Sfeir de la situation dans le pays est critique sur tous les plans. Il déplore ainsi «l’application déséquilibrée et incomplète de l’accord de Taëf, le ralentissement du processus du retour des personnes déplacées qui devrait être parmi les priorités de l’Etat; l’insouciance manifestée à l’égard des 700.000 émigrés diplômés et compétents, qui ont quitté le Liban depuis 1975. Seul un nombre infime d’entre eux est rentré et l’on a l’impression qu’ils ont été remplacés par ceux qui ont été récemment naturalisés et dont on ignore l’identité», affirme-t-il.
Le prélat maronite critique d’autre part «l’indifférence à l’égard de l’arrière pays condamné à l’abandon et à la privation. On privilégie ainsi la capitale, ce qui en soi peut être louable. Cela ne doit pas se faire toutefois au détriment des régions éloignées et aux dépens du Trésor public».
Le patriarche déplore également «l’occupation du Sud et ses tragédies quotidiennes; le danger de l’implantation qui menace toujours le pays; la paralysie de la volonté nationale et la nostalgie de la souveraineté et de l’indépendance; la tendance évidente à conditionner les libertés et à limiter l’usage des médias aux privilégiés et aux partisans du pouvoir; l’iniquité qui défère les opposants devant la justice et conduit les favoris au pouvoir; l’obstination à refuser les nominations aux fonctions vacantes pour multiples considérations; les scandales divulgués ou, au contraire, occultés, sans raisons cohérentes; les tiraillements qui ont précédé le vote de la loi des élections municipales. Celle-ci, approuvée enfin après une longue attente, nous laisse espérer que tous les gens pourront s’exprimer en toute liberté grâce à l’adoption des petites circonscriptions et de la carte électorale», ajoute le cardinal Sfeir.

Vivre ensemble

Voici par ailleurs de larges extraits religieux du message patriarcal: «Le jour de la Nativité du Christ est un jour glorieux. Il est le plus grand de tous les jours, nous dit Saint-Ephrem, puisque toute l’Humanité a vu en lui la naissance du Sauveur attendu depuis que l’homme a existé sur terre. (...)
Le pape Jean-Paul II, dans sa lettre encyclique «L’Esprit Saint dans la vie de l’Eglise et du monde» parue en 1986, dit: «Grâce à une telle «humanisation» du Verbe-Fils, la communication que Dieu fait de lui-même atteint sa plénitude définitive dans l’histoire de la création et du salut»; et il ajoute: «L’incarnation de Dieu-Fils signifie que la nature humaine est élevée à l’unité avec Dieu, mais aussi, en elle, en un sens, tout ce qui est «chair» toute l’humanité, tout le monde visible et matériel. L’incarnation a donc aussi un sens cosmique, une dimension cosmique. Le premier-né de toute créature, en s’incarnant dans l’humanité individuelle du Christ, s’unit en quelque sorte avec toute la réalité de l’homme, qui est aussi «chair» et, en elle, avec toute «chair», avec toute la création» (No 50).
Tout cela s’accomplit par l’Esprit-Saint, à qui, le Saint-Père a demandé que cette année lui soit consacrée pour le connaître plus profondément. (…)
L’entrée de Dieu en communion avec l’homme anime la foi des fidèles en Dieu, ils sont les fils de Dieu par adoption; ils ont accédé à cette filiation par le mystère de l’incarnation, c’est-à-dire par le Christ Eternel. Saint-Paul dit dans le même sens: «Nous recevons alors un esprit de fils adoptifs qui nous fait écrier: «Abba! Père», et Sa Sainteté de continuer: «Ainsi donc, cette filiation de Dieu, greffée dans l’âme humaine par la grâce sanctifiante, est l’œuvre de l’Esprit-Saint; car l’Esprit, dit Saint-Paul «se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu. Enfants, et donc héritiers; héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ». La grâce sanctifiante est dans l’homme le principe et la source de la vie nouvelle: vie divine, surnaturelle. (No 52)
La fête de Noël nous rappelle ces vérités divines, car l’homme n’est pas un être perdu dans ce vaste monde. Il est tendu vers Dieu de qui il provient et à qui il retourne. Et Dieu l’accompagne dans tous les états où il se trouve, il lui a envoyé son Fils unique pour lui frayer le chemin qui conduit à lui. Il l’a muni de tous les moyens dont il a besoin et que l’Eglise met à sa disposition. Ces moyens lui donnent la vie nouvelle, la vie de Dieu, qu’il reçoit par le sacrement du baptême. Ainsi il entre en communion avec Dieu, laquelle fait de lui un fils par adoption, une adoption qui le fait cohéritier de Jésus-Christ; ce qui constitue une source de confiance dans les deux mondes.
Chers Frères et Fils,
Saint-Paul dit: «Si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur, et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Donc dans la vie comme dans la mort, nous appartenons au Seigneur» (Rom. 14/8). Ceci signifie que nous sommes, en tous les cas, dans l’enceinte de Dieu et sous sa protection. Il est Père miséricordieux, aimant et tendre. Pourquoi avoir peur? Et le psautier de dire: «Qu’une armée vienne camper contre moi, mon cœur est sans crainte; qu’une guerre éclate contre moi, j’ai là ma confiance» (Ps. 27/3). Cette confiance est la résultante de la foi comme l’espérance mentionnée par le Pape Jean-Paul II dans l’Exhortation apostolique en parlant de la place des chrétiens libanais dans la société civile: «Mais l’espérance demeure, malgré tout, vivante en eux. Ils n’ont pas perdu la confiance en eux-mêmes ni l’attachement au pays et à sa tradition démocratique. Le goût de vivre qui les caractérise, et cette fraternité entre tous qui se manifeste surtout dans les moments difficiles qu’ils doivent si souvent traverser, ravivent sans cesse leur volonté de collaborer activement à l’édification de leur pays sur la base des valeurs humaines qui font la richesse de leur patrimoine national» (No 17). (…)
Oui, l’espérance demeure, malgré tout, puisque nous croyons en Dieu; parce que le Liban doit redevenir un message de liberté; parce qu’il est aussi un pays de convivialité entre les religions et de respect mutuel, faisant de lui un modèle pour l’Orient et l’Occident. Le Liban est notre seul pays. Arrosé tout au long des siècles par le sang et la sueur, nous voulons le laisser intact à nos enfants et petits-enfants pour qu’ils n’aillent pas mendier auprès des ambassades une autre nationalité.
Oui, notre espérance demeure, chrétiens et musulmans, car nous avons vécu ensemble après le christianisme, depuis l’aube de l’islam. Notre destin est de vivre ensemble, malgré les obstacles et les difficultés, non seulement pour nous, mais pour le monde chrétien et musulman, pour le monde entier qui cherche pour ses enfants une formule de paix malgré la diversité des religions. C’est un acte de foi demandé à tous les Libanais. Devant Dieu, ils doivent s’engager en toute conscience à faire en sorte que le Liban reste comme l’ont voulu nos ancêtres, et comme le veulent nos enfants.
En vous félicitant tous, à l’occasion de cette fête, nous demandons à Dieu, par l’intercession de la Vierge Marie, de vous combler de grâces divines».
«L’espérance demeure malgré tout». C’est le ton qu’a donné hier le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, à la partie politique de son message adressé aux Libanais à l’occasion de la fête de la Nativité. Le tableau que brosse Mgr Sfeir de la situation dans le pays est critique sur tous les plans. Il déplore ainsi «l’application déséquilibrée et...