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Actualités - ANALYSE

La souveraineté, principal souci des opposants de l'est

Les opposants de l’Est, même modérés, sont décidément une race obstinée. Quand ils enfourchent un cheval de bataille ils n’en redescendent plus. Ainsi, l’un d’eux, pourtant membre d’une législature connue pour sa douce résignation au fait accompli, affirme que «le prochain président de la République devra se fixer comme objectif prioritaire l’indépendance véritable du pays».
«M. Elias Hraoui, poursuit-il, avait été choisi pour mettre fin, de gré ou de force, au règne du général Michel Aoun, pour abolir les mini-Etats des milices, pour faire cesser l’état de guerre, rétablir la stabilité et permettre aux gens de sortir des abris. Maintenant que la paix civile est établie, il est temps de créer un Etat. Les faux-semblants ne trompent plus grand monde, ni à l’intérieur ni au dehors. Si le Liban ne se dégage pas de l’occupation israélienne et de la tutelle qui lui est imposée, s’il ne contrôle pas lui-même la totalité de son territoire ainsi que de ses décisions, il ne pourra jamais normaliser sa situation à l’intérieur ni opérer son redressement économique. Il irait tout droit à la faillite sur tous les plans, ou plutôt il continuerait à y aller car c’est bien ce trajet qu’il suit depuis Taëf».
Pour cette personnalité, «il est absolument impératif que le prochain président soit capable d’apporter des solutions et non de se contenter de gérer une crise générale endémique».
Tout en voulant bien reconnaître au présent régime l’excuse que «le blocage du processus régional ait retardé la libération du Sud et partant le dégagement général du pays», cet opposant rappelle que «les officiels eux-mêmes nous disent que ce processus va être bientôt redynamisé, tandis que les Israéliens de leur côté indiquent depuis plusieurs mois déjà qu’ils vont bientôt se retirer du Liban. Il faut donc se préparer pour le grand changement, qui devra tout englober et le prochain régime ne pourra pas se prévaloir du même prétexte que le présent pour se dérober à son devoir national. Lequel se résume pour l’essentiel en un mot: souveraineté. Ce n’est pas là, répète cet opposant, un slogan creux mais la condition sine qua non pour éviter la dislocation du corps libanais, la souffrance et la misère».

La capacité de
s’autogouverner

«Beaucoup même à l’intérieur, poursuit cet indépendantiste, doutent des capacités du peuple libanais à s’autogouverner. La réponse classique est qu’il faut d’abord le laisser essayer, mais elle est mauvaise. En effet, il a déjà fait ses preuves, de 1943 à 1958 puis de 1958 à 1975. Aucun des terribles événements qui ont divisé et failli détruire ce pays n’avait en effet l’autogestion pour cause, mais se rapportait toujours à des pulsions qui provoquaient des chocs idéologiques. Autrement, sur le plan interlibanais, ce n’était pas si mal sous la première République de l’Indépendance. En tout cas, on le voit bien, c’était mieux que sous l’actuelle tutelle qui, par définition, encourage les divisions ainsi que les germes rongeurs comme la corruption qui n’a jamais atteint de tels sommets».

Réalisme

Moins impatient, un autre politicien de l’Est pense pour sa part qu’il est «inutile d’entrer en conflit entre Libanais sur le thème de la souveraineté tant que les choses ne se sont pas décantées sur le plan régional. Si la paix survient, il est probable que les anomalies certaines dont pâtit le Liban s’effaceront d’elles-mêmes avec le retrait des Israéliens suivi de celui des Syriens. D’où récupération effective de notre indépendance et de notre pouvoir de libre décision. En revanche, si le processus régional continue à être bloqué, alors le statu quo serait maintenu chez nous quoi que nous fassions…».
Un point de vue «fataliste» que le premier opposant cité ne partage pas du tout «car, prévient-il en conclusion, si nous n’y prenons pas garde, si nous ne restons pas mobilisés pour défendre nos intérêts, la paix régionale pourrait bien se faire à nos dépens. Nos amis de l’extérieur, notamment Paris, mettent constamment l’accent sur un tel danger. D’autant plus réel d’ailleurs que l’on entend souvent des loyalistes soutenir que même après le retrait israélien, les forces syriennes resteraient cantonnées chez nous. De plus, si nous baissions les bras, si nous cessions de militer pour une vraie solution, une vraie souveraineté, cela signifierait le maintien du système, de la dépendance politique et du sous-développement économique même après le départ éventuel des troupes syriennes…».
Il reste que toutes les positions des composantes du paysage libanais se rejoignent sur un point: il faut commencer par obtenir la libération du Sud et de la Békaa-Ouest de l’occupation israélienne. Est-ce possible dans les mois qui viennent? Toute la question est là…

E.K.
Les opposants de l’Est, même modérés, sont décidément une race obstinée. Quand ils enfourchent un cheval de bataille ils n’en redescendent plus. Ainsi, l’un d’eux, pourtant membre d’une législature connue pour sa douce résignation au fait accompli, affirme que «le prochain président de la République devra se fixer comme objectif prioritaire l’indépendance...