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Actualités - DISCOURS

Hariri : je sacrifie ma popularité dans l'intérêt national Le chef du gouvernement accuse ses détracteurs de dresser des obstacles devant l'évolution du pays

C’est en quelque sorte un plaidoyer en faveur de ses 5 années à la tête du gouvernement que M. Rafic Hariri a prononcé vendredi soir devant des médecins, des avocats et des hommes d’affaires qu’il avait conviés à dîner en sa résidence de Koreitem.
Parmi les convives également, les ministres Fouad Siniora et Hagop Démirdjian ainsi que plusieurs députés. Après le dîner, le chef du gouvernement a répondu aux questions de ses hôtes, soulignant à plusieurs reprises sa détermination à reconstruire l’Etat et minimisant l’importance des critiques formulées à l’égard de son style d’action. «Certaines personnes détiennent un doctorat honoris causa dans l’établissement d’obstacles pour empêcher l’évolution du pays», a-t-il dit qualifiant d’«exagérés» les propos et les informations concernant la corruption et la dilapidation de fonds dans plusieurs établissements publics.
M. Hariri a commencé par souligner sa «conviction» que le Liban est un Etat «libre et souverain avec toutefois des problèmes sur ce double plan». Il a aussi constaté l’existence d’irrégularités dans la mise en application des lois. «Nous ne pouvons pas dire que nous ne sommes pas libres et souverains et que l’Etat n’existe pas. Cela signifierait que nous abandonnons notre pays alors que nous nous devons de coopérer ensemble pour aplanir les problèmes qui se posent à plusieurs niveaux de notre vie politique», a-t-il déclaré. Mais dans le même temps, il a fait état de «certaines circonstances qui nous empêchent de progresser dans le processus d’édification de l’Etat».
Dans ce qui semble être une réponse à de nombreuses critiques formulées contre le gouvernement durant les deux séances parlementaires d’interpellation de la semaine dernière, M. Hariri a ajouté: «Le système judiciaire fonctionne bien. Des lacunes et des problèmes existent. D’importants progrès ont été réalisés dans le cadre du rétablissement de la sécurité. Nous sommes fiers de notre armée et de nos forces de sécurité. Mais certaines pratiques ne devraient pas se produire. Je ne peux pas remettre en cause l’existence même (d’une institution) en raison d’une pratique notée par ci et d’un problème causé par là. Nous avons entendu dire récemment qu’il n’y a pas de libertés au Liban et ce n’est pas vrai. Il est vrai que certaines pratiques sont erronées mais nous essayons de corriger les erreurs et de soutenir les bonnes actions».

Déclin de popularité

Et de poursuivre: «Que personne ne croit que nous ne voyons pas ce qui est faux, mais la question qui se pose est la suivante: quel est le coût d’une opération de réforme? Si elle coûte cher par rapport aux résultats qu’elle donne, nous cherchons à l’ajourner, sinon nous la mettons en application. C’est ainsi que nous travaillons». Le chef du gouvernement a ensuite fait remarquer que certaines actions lui coûtent sa popularité. «Je sens toutefois qu’elles sont dans l’intérêt du pays et c’est pour cela que je les entreprends, même si c’est au prix de mes intérêts personnels et politiques. Je réalise que beaucoup de décisions que nous avions prises ont dérangé un groupe de personnes, ce qui a contribué à réduire ma popularité. Mais entre l’intérêt du Liban et celui de Rafic Hariri, la priorité va toujours à l’intérêt du pays. Je n’ai jamais pensé à placer mes intérêts politiques avant ceux de mon pays. Je suis chagriné de voir que de nombreux hommes politiques n’en font pas autant. S’ils trouvent dans leur intérêt de tenir des propos déterminés, ils n’hésitent pas. Il leur importe peu de savoir si (ces propos) nuisent au pays. L’important est de gagner et je crois qu’il s’agit là du problème le plus important pour le Liban sur le plan politique».
M. Hariri a déploré les campagnes de dénigrement menées contre ses projets de développement estimant que «certains propos donnent l’impression que le pays va à la dérive alors que ce n’est pas vrai». Il a noté, dans ce cadre, que l’inauguration d’une nouvelle aérogare (dans le cadre du projet d’élargissement de l’AIB) a été occultée «la semaine dernière par les titres des journaux, les discours politiques et les débats à la Chambre qui étaient tous dirigés dans un sens qui n’a rien à voir avec l’une des plus importantes réalisations dans le pays ». «Je souhaite qu’on explique aux gens les travaux qui se réalisent et qu’on attire l’attention du gouvernement sur ce qui doit être réglé», a-t-il ajouté, jugeant que l’Etat ne pourra à ce moment-là que réagir favorablement. «Par contre, ceux qui n’arrêtent pas de tenir des propos négatifs perdent leur crédibilité», a-t-il fait remarquer.
Dans le même ordre d’idées, le chef du gouvernement a estimé que les propos tenus au sujet de la corruption et du gaspillage au sein des administrations publiques sont le plus souvent exagérés. «Une partie de ce qui est dit est bien sûr vraie, mais une autre partie, importante, est gonflée», a-t-il déclaré, indiquant que ce sont les autorités concernées qui avaient alerté les services judiciaires dans les affaires des détournements de fonds aux Finances, au port, ainsi que dans l’affaire de la Middle East.

Un dialogue avec
les jeunes

M. Hariri a ensuite jugé nécessaire un dialogue avec les jeunes «afin qu’ils puissent comprendre notre action». Il a estimé que ce dialogue aurait dû se produire depuis longtemps. «Mais nous nous occupions des affaires du pays. Nous avions pris en charge notre responsabilité au sein du gouvernement avec des problèmes accumulés à tous les niveaux: politique, économique, financier, touristique, sans compter les pièges politiques, les obstacles posés. Je pense que certaines personnes détiennent un doctorat honoris causa dans l’établissement d’obstacles devant le progrès du pays. Il ne fait pas de doutes que ces difficultés nous ont distraits de certaines responsabilités même si cela ne justifie pas le fait qu’on n’ait pas accordé suffisamment d’intérêt aux jeunes».
En ce qui concerne le dossier des déplacés, le chef du gouvernement a exprimé l’espoir de pouvoir trouver des sources de financement pour la poursuite du processus de retour des déplacés une fois que l’examen du projet de budget sera achevé à la Chambre. M. Hariri a indiqué que ce dossier a jusqu’à présent coûté 790 millions de dollars, dont 250 millions avaient été payés par Solidere pour obtenir l’évacuation des locaux qui étaient squattérisés au centre-ville. Il a aussi rappelé que le gouvernement avait publié un rapport exposant la répartition des 550 millions de dollars avec lesquels il a jusque-là financé le retour des populations déplacées chez elles. Tout en reconnaissant la nécessité de trouver des fonds supplémentaires, en vue de clôturer ce dossier, M. Hariri a estimé que l’affaire des déplacés est «politique et non pas financière». «Tout le monde le sait et j’ai à plusieurs reprises affirmé que (le règlement de) cette affaire commande une entente et une coopération».
En réponse à une question, le chef du gouvernement a mis en garde contre le lancement du processus d’abolition du confessionnalisme au cas où le pays ne serait pas prêt. «Il risque de provoquer un énorme choc si le climat politique ne s’y prête pas», a-t-il fait remarquer.
C’est en quelque sorte un plaidoyer en faveur de ses 5 années à la tête du gouvernement que M. Rafic Hariri a prononcé vendredi soir devant des médecins, des avocats et des hommes d’affaires qu’il avait conviés à dîner en sa résidence de Koreitem.Parmi les convives également, les ministres Fouad Siniora et Hagop Démirdjian ainsi que plusieurs députés. Après le...