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Actualités - CHRONOLOGIE

Un ancien PDG d'Air France appelé en consultation au chevet de la MEA Christian Blanc, attendu dans les 24 heures, est considéré comme le sauveur des sociétés en difficulté

Alors que dans les coulisses politiques on discute déjà de la formation du nouveau conseil d’administration de la MEA — qui sera élu par l’Assemblée générale le 9 janvier —, «L’Orient-Le Jour» a appris que M. Christian Blanc est attendu à Beyrouth au cours des prochaines 24 heures. Ancien PDG d’Air France (il a démissionné à grand fracas il y a près d’un mois), M. Blanc est un peu considéré comme le sauveur des sociétés en difficulté. Son arrivée à Beyrouth est probablement liée aux problèmes que connaît actuellement la MEA et il pourrait rédiger une étude sur la compagnie libanaise et sur les moyens de la sortir de la crise qu’elle traverse et qui a entraîné un déficit de 50 millions de dollars l’an dernier.
Une étude de ce genre avait déjà été faite par une société allemande et elle avait recommandé, entre autres, de licencier quelque 1400 employés. Cela n’a jamais été fait.
Aujourd’hui, après des années de tiraillements entre les divers pôles politiques qui ont grandement paralysé son activité, la MEA espère voir le bout du tunnel. D’autant que, selon des sources proches du gouverneur de la Banque centrale (qui détient la grande majorité des actions), celui-ci ne voudrait pas d’un conseil d’administration choisi suivant des critères politiques. Pourtant, selon des sources proches de la compagnie, la Banque centrale avait approuvé la formation de l’actuel conseil d’administration (qui a tenu sa première réunion en septembre 95) et elle avait même décidé d’augmenter le capital de la MEA, le portant à 70 millions de dollars. La situation de la compagnie est-elle devenue si désastreuse que la Banque centrale est désormais convaincue de la nécessité de la protéger des influences politiques? Il faudra attendre le 9 janvier 98 pour le savoir.
Mais, pour l’instant, la démission spectaculaire, mercredi, de six des 11 membres du conseil d’administration a relégué au second plan l’enquête judiciaire qui s’est poursuivie toute la journée d’hier au Palais de justice.
Selon des sources proches de la compagnie, les six membres démissionnaires, MM. Mahfouz Skayné, Georges Yacoub, Nadim Daouk, Ramzi Jreige, Makram Alamuddine et Youssef Takla s’étaient entretenus ensemble avant d’annoncer leur démarche. Ils avaient ensuite délégué M. Mahfouz Skayné auprès du gouverneur de la Banque centrale, M. Riad Salamé, pour l’informer de leur décision. M. Salamé ayant donné son accord, ils ont remis leurs lettres de démission au PDG par intérim, M. Khattar Hadathi, en lui demandant de les lire à haute voix au début de la séance. Ce que M. Hadathi a fait et le conseil d’administration a ensuite choisi de fixer la réunion de l’assemblée générale au 9 janvier. Certains avocats ont évoqué hier l’illégalité de la procédure, les six membres ayant déjà démissioné, au moment où la convocation de l’assemblée générale le 9 janvier a été votée. La question n’a pas encore trouvé de réponse et les hommes de loi élaborent déjà leurs thèses... Ce qui est sûr, c’est que la démission collective des six membres du conseil d’administration arrange tout à fait la Banque centrale et lui offre la possibilité d’accélérer la procédure de remplacement de l’actuel conseil, qui aurait pris bien plus de temps et aurait été bien plus compliquée sans cette initiative. En effet, pour réclamer la démission du conseil d’administration, l’Assemblée générale, essentiellement formée de la Banque centrale, aurait eu besoin d’une justification légale. C’est sans doute pourquoi, pensent certains observateurs, elle avait envoyé une note au parquet lui demandant d’enquêter sur un gaspillage de fonds publics dans le contrat de bail entre la MEA et la Singapore Airlines. Mais aujourd’hui, cet écueil-là est dépassé et elle peut commencer à préparer la relève sans plus attendre la fin de l’enquête judiciaire, ni même l’issue des pourparlers de Londres, entamés mercerdi. Selon une clause du contrat de bail, tout conflit entre les deux parties (la MEA et la Singapore Airlines) sera porté devant la cour d’arbitrage de Londres. Or, sur une initiative de la Banque centrale, la MEA, représentée par l’avocat Michel Tuéni, souhaiterait renégocier certaines clauses du contrat. Les discussions se déroulent actuellement entre les représentants de la MEA, ceux de la Singapore Airlines, mais aussi ceux de la SALE (qui a racheté les avions loués par la MEA) et ceux de la Boullioun (l’un des principaux actionnaires de la SALE). C’est dire, qu’en somme, toutes ces sociétés sont directement ou non impliquées dans ce contrat complexe. Quant à la Mauritius, elle ne participe pas à ces pourparlers, car elle est représentée par la Singapore Airlines.

Résultats la semaine
prochaine

Selon des sources judiciaires, les résultats de ces pourparlers devraient commencer à apparaître à partir de la semaine prochaine. Si le conflit entre les parties persiste, il sera porté devant la justice britannique. Mais il se peut que les discussions aboutissent à un accord à l’amiable, ce qui faciliterait certainement les choses pour la Banque centrale.
C’est d’ailleurs sans doute pour attendre l’issue des pourparlers de Londres que l’enquête judiciaire menée par le général Salem, sous la supervision du procureur Addoum, semble un peu traîner. Hier, le général Salem a entendu Me Michel Soumrani, conseiller juridique de la MEA.
Le général Salem a ensuite entendu rapidement Me Ramzi Jreige, puis Me Youssef Takla (membres démissionnaires du conseil d’administration) qui auraient souligné qu’ils n’étaient pas au courant du contrat et qu’ils n’en avaient eu connaissance que bien après sa signature. Enfin, le général a entendu Me Fadi Mallat, responsable du département des assurances et des contrats. Selon le PDG de la compagnie, M. Khaled Salam, Me Mallat avait suivi de près toutes les étapes du contrat. Or, devant le général Salem, celui-ci a affirmé le contraire, documents à l’appui. Ce qui a poussé le général à procéder à une confrontation entre M. Salam et M. Mallat. Les personnes présentes dans le périmètre proche du bureau du général ont entendu de violents éclats de voix et M. Salam est sorti visiblement énervé.
Le général a ensuite décidé de reporter la suite de ses investigations à mardi. Il n’a pas entendu hier le directeur général de la compagnie, M. Youssef Lahoud — qu’il garde en réserve au cas où certains propos nécessiteraient une confrontation — ni le fils du PDG, M. Sélim Salam. Le parquet a appris récemment qu’il avait effectué plusieurs séjours à Londres à toutes les étapes de la négociation du contrat. Il se trouvait d’abord à Singapour, en novembre 96, au moment des négociations entre la MEA et la Singapore Airlines. Il s’est ensuite rendu à Londres au moment où le protocole d’accord entre les deux parties a été signé, en avril 97. Il s’y trouvait aussi en août puis en septembre de la même année, au moment où il a été convenu de confier l’entretien des avions loués par la MEA à une compagnie libanaise, au lieu de la société koweitienne qui a un accord en ce sens avec la Singapore Airlines.
Mardi, le général espère pouvoir éclaircir tous ces points. Il souhaite aussi comprendre pourquoi le contrat de bail ne comporte pas une clause anticorruption, comme c’est la règle en général dans les contrats d’aviation, cette clause étant une sorte de protection des parties signataires. Il a convoqué, outre MM. Khaled et Sélim Salam, M. Youssef Lahoud, les deux membres du conseil d’administration qui n’ont pas encore été entendus, M. Khattar Hadathi, désormais PDG par intérim et M. Nadim Daouk démissionnaire depuis mercredi. M. Elias Baz, secrétaire général du conseil d’administration de la compagnie, a été aussi convoqué. Ainsi, le parquet aura entendu la plupart des personnes susceptibles d’avoir des informations sur le contrat de bail. Même si sa conviction est déjà faite, il ne publiera pas ses conclusions avant d’avoir totalement bouclé le dossier. Le laissera-t-on faire? Cette question hante toutes les personnes concernées par l’affaire.

Scarlett HADDAD
Alors que dans les coulisses politiques on discute déjà de la formation du nouveau conseil d’administration de la MEA — qui sera élu par l’Assemblée générale le 9 janvier —, «L’Orient-Le Jour» a appris que M. Christian Blanc est attendu à Beyrouth au cours des prochaines 24 heures. Ancien PDG d’Air France (il a démissionné à grand fracas il y a près d’un...