Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

L'est politique veut espérer dans prochain régime...

Parce que la foi est quelque chose d’inexplicable en termes de raison pure, parce qu’aussi on ne peut vivre sans espérer, un dignitaire religieux chrétien prié de donner son avis sur les perspectives d’avenir répond que «les prochaines présidentielles nous diront si le Liban va être ou non un Etat souverain, libre, indépendant, condition sine qua non d’une vraie survie».
A son avis, «ni l’accord conclu à Baabda entre les trois présidents ni aucun autre document ne peut corriger la voie mauvaise empruntée depuis tant d’années si on ne liquide pas d’abord la corruption, si on ne neutralise pas corrupteurs politiques et pourris bureaucrates, pour engager une réforme effective de l’Administration. Or il est évident qu’il faut pour entamer une telle opération de nettoyage commencer par remercier l’équipe qui tient si mal les rênes pour lui substituer un équipage aux mains propres. Un pouvoir qui avoue lui-même ses turpitudes ne peut être juge et partie. On le voit mal se charger d’ouvrir les dossiers, d’ordonner des enquêtes sur les magouilles, les détournements de fonds et autres joyeusetés dans lesquelles des responsables haut de gamme seraient, directement ou indirectement, impliqués. Très naturellement, toutes les tentatives d’épuration de ces dernières années ont débouché sur un lamentable fiasco. Les sanctions prises contre certains en 93 pour pots-de-vin reçus ont été soit inappliquées soit rapportées et l’on a vu la corruption, ainsi encouragée, rebondir de plus belle. La décision assez récente de muter les directeurs généraux qui gardent le même poste depuis plus de trois ans est également restée lettre pour des raisons politiciennes confessionnalistes. La loi sur l’enrichissement illicite, dite «d’où-tiens-tu-cela», n’est toujours pas sortie des tiroirs, où elle dort depuis 1954, pour être dépoussiérée et appliquée réellement. Et on vous explique savamment que ces dispositions ne serviraient en tout cas à rien puisque la loi sur le secret bancaire protège jalousement les suspects contre toute investigation sur leurs avoirs. Mais la vraie protection, c’est la peur qu’un scandale dévoilé ne fasse boule de neige et n’entraîne la condamnation de trop de gens en place».
Ce prélat relève ensuite que «des mois ont passé depuis l’accord Berry-Hariri dit des six points; on a même eu le temps de signer un autre accord à Baabda, et rien n’en a été concrétisé. Ainsi les caisses et autres fonds ou «conseils» autonomes restent toujours sans contrôle pour la simple raison que les instances de contrôle sont elles-mêmes paralysées. La rotation dans les postes de première catégorie entre les communautés est également restée lettre morte et à dire vrai, elle n’aurait d’ailleurs servi à rien. Et quant aux dernières velléités réformatrices du pouvoir, exprimées dans l’accord interprésidentiel de Baabda, tout ce que l’on peut en dire, c’est que c’est du vent car elles ne sont pas applicables par le système actuel, sauf peut-être en ce qui concerne l’éventuel emprunt de deux milliards de dollars. Une mesure qui fait certes gagner du temps au Trésor mais qui à terme, au lieu d’assainir les finances publiques, risque d’en aggraver l’état de maladie chronique».
«Dès lors, répète en conclusion cette personnalité religieuse, les Libanais sont amenés à placer toutes leurs espérances dans les prochaines présidentielles. Ils prient d’ores et déjà pour que le prochain régime apporte un changement salutaire à un pays qui va à la dérive. Certes le président de la République ne détient plus le pouvoir exécutif; mais il peut assumer un rôle moteur effectif et réorienter l’Etat en se faisant le censeur sourcilleux des actes du gouvernement. Il nous faut, en attendant que le Liban se dote d’un commandant de bord capable de redresser la barre, prendre notre mal en patience et comprendre qu’il y a très peu de chances pour que la crise socio-politico-économique soit résorbée avant les présidentielles».
Il reste à savoir cependant si les parties qui misent sur le changement à terme ne courent pas droit à la déception. Car objectivement, on voit mal quel candidat sérieux peut jamais, en ayant les décideurs sur le dos, avoir les moyens d’engager une réforme en profondeur… de toute une mentalité, dont il serait lui-même nécessairement issu!

E.K.
Parce que la foi est quelque chose d’inexplicable en termes de raison pure, parce qu’aussi on ne peut vivre sans espérer, un dignitaire religieux chrétien prié de donner son avis sur les perspectives d’avenir répond que «les prochaines présidentielles nous diront si le Liban va être ou non un Etat souverain, libre, indépendant, condition sine qua non d’une vraie...