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Actualités - CHRONOLOGIE

MEA : le parquet reprend ses investigations ce matin... Mais c'est la banque centrale qui détient les clés des démarches à venir

Dans l’affaire dite de la MEA, tous les chemins et toutes les pistes ramènent à la Banque centrale. C’est elle qui, au début du mois de novembre, avait envoyé une note succincte au Parquet lui demandant de mener une enquête sur un contrat de bail de trois avions de type Airbus conclu entre la MEA et la Singapore Airlines le 4 juin dernier. Et c’est elle qui, aujourd’hui, alors que les investigations du Parquet touchent à leur fin, détient les clés des démarches ultérieures. Alors que ses avocats mènent à Londres, devant la Chambre de commerce de la capitale britannique (qui constitue, selon une clause du contrat, l’autorité d’arbitrage en cas de conflit entre les deux parties), des pourparlers serrés et secrets en vue d’obtenir la résiliation du contrat, elle n’a toujours pas décidé de se porter partie civile contre les personnes susceptibles d’avoir encaissé des commissions, dans le cadre de ce contrat. Car, lorsqu’il s’agit de la MEA, la Banque centrale se comporte comme une société commerciale et, par conséquent, le Parquet ne peut pas engager spontanément des poursuites...
C’est à cause d’elle aussi que la délégation des pouvoirs du PDG de la compagnie, M. Khaled Salam à M. Khattar Hadathi (annoncée samedi) n’a pu être enregistrée, hier, auprès du tribunal de commerce, car M. Salam, n’a pas obtenu un quitus de la CNSS puisque la MEA doit à cette institution près de 20 milliards de livres libanaises. Or, le bailleur de fonds de la compagnie n’est autre que la Banque centrale qui en détient 99,7% des actions. Ainsi, la délégation de pouvoirs — qui doit se prolonger jusqu’au 10 janvier — ne touchera que des questions internes à la compagnie. M. Khattar Hadathi, Pdg par intérim, ne pourra donc pas prendre de grandes décisions, ni surtout décider, au nom de la compagnie, de se porter partie civile contre les personnes qui pourraient avoir encaissé des commissions.
C’est d’ailleurs pourquoi au cours du conseil d’administration qu’il a présidé hier dans l’après-midi, M. Hadathi n’a pu aborder des problèmes cruciaux. Il s’est contenté d’assurer à ses collègues qu’il accomplira consciencieusement ses tâches et il a soumis à l’étude le contrat de vente des 3 Boeings de la compagnie à la société américaine AIA. Ces avions, selon le contrat, doivent être livrés au plus tard en février 98, et le conseil d’administration a décidé hier de les remettre à l’acheteur le 25 janvier 98, dès l’expiration du contrat de location pour une durée d’un mois de deux de ces avions. Par contre, du contrat de bail entre la MEA et la Singapore Airlines et surtout de la réception du troisième avion «Airbus» qui devrait normalement être envoyé dans les plus brefs délais par la Singapore Airlines, il n’a pas été question. Le conseil d’administration préfère, en effet, attendre l’issue des pourparlers de Londres avant de prendre la moindre décision à ce sujet, car il serait absurde d’appliquer les clauses d’un contrat qui pourrait être résilié.
Auparavant, dans la journée, M. Hadathi avait tenu des réunions avec le directeur général, M. Lahoud, et avec les principaux employés de la compagnie pour leur assurer que la compagnie doit fonctionner normalement, surtout en cette période de fêtes où ses avions sont très sollicités par les voyageurs.

Confrontations décisives

De son côté, le Parquet poursuivra ce matin ses investigations au sujet du contrat suspect. Le général Salem, chef de la brigade criminelle, devra ainsi entendre le PDG de la compagnie, M. Khaled Salam, et son fils, Sélim, le directeur de la compagnie, M. Youssef Lahoud, MM. Makram Alameddine et Georges Yacoub, membres du conseil d’administration et deux ingénieurs techniciens — qui avaient déjà été entendus — MM. Antoine Massoud et Antoine Thoumy. Le général Salem devrait procéder à des confrontations qui pourraient être décisives. D’autant que jeudi, M. Lahoud avait remis au procureur général, Adnane Addoum, des documents montrant que toute la correspondance entre la MEA et la Singapore Airlines, pendant la période de négociation du contrat et même après sa signature, se faisait entre le PDG, Khaled Salam, d’une part et MM. Mattew Samuel et Khoo Hoo Sock, d’autre part, c’est-à-dire qu’il en était totalement exclu.
D’ailleurs, à la fin du mois d’octobre et alors que les rumeurs ont commencé à circuler sur le contrat de bail, MM. Youssef Lahoud, Georges Yacoub et Hussein Kanaan avaient été chargés par le conseil d’administration de mener leur propre enquête sur le sujet. Cette commission d’enquête interne à la compagnie a tenu sa première réunion le 25 octobre dernier. Elle a notamment demandé qu’on lui remette le dossier complet des négociations en vue de conclure le contrat de bail ainsi que tous les documents annexes commerciaux, techniques et financiers. Elle a aussi souhaité pouvoir consulter la correspondance relative au contrat, ainsi que les rapports techniques, et elle a demandé des précisions sur l’identité des parties qui y sont mêlées. La commission a aussi demandé à la Banque centrale de lui donner les fonds nécessaires afin qu’elle puisse mener son enquête à Singapour et qu’elle puisse faire appel à des experts. Mais la Banque centrale a refusé d’accorder les crédits et... la commission n’a pu achever sa mission.
Toutes ces questions devraient d’ailleurs être soulevées aujourd’hui par le général Salem, dont ce sera peut-être la dernière journée d’investigation dans ce dossier... en attendant des nouvelles de Londres.
Dans l’affaire dite de la MEA, tous les chemins et toutes les pistes ramènent à la Banque centrale. C’est elle qui, au début du mois de novembre, avait envoyé une note succincte au Parquet lui demandant de mener une enquête sur un contrat de bail de trois avions de type Airbus conclu entre la MEA et la Singapore Airlines le 4 juin dernier. Et c’est elle qui, aujourd’hui,...