Rechercher
Rechercher

Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

De nombreux députés s'élèvent contre l'interdiction de l'interview de Aoun


L’interdiction de la retransmission de l’interview que devait donner hier à la «MTV» le général Michel Aoun n’a pas manqué de susciter durant le week-end de nombreuses réactions indignées, notamment dans les milieux parlementaires.
«Il s’agit là d’un précédent dangereux», affirmait hier le député Camille Ziadé. «La liberté d’expression a été bafouée à plus d’une reprise tout au long de la deuxième République sous prétexte de préserver la paix civile et l’entente nationale (...). Nous avons le devoir de défendre notre système démocratique et l’un des pôles de l’opposition, le général Michel Aoun, a le droit de s’exprimer comme n’importe quel autre Libanais» , a-t-il dit avant de poursuivre: «On persiste à étouffer les libertés politiques et d’information. Il incombe aux responsables au pouvoir de se rétracter car ce n’est pas la parole qui menace l’ordre public, la paix civile, les intérêts économiques et les relations avec les pays frères, mais le musellement des médias sous mille et un prétextes», a ajouté M. Ziadé. Et de craindre que ces mesures «ne soient qu’un prélude à d’autres encore plus rédhibitoires sous prétexte de préserver l’entente nationale et la paix civile».
Plus significative encore est la déclaration du député Mohammed Abdel Hamid Beydoun (proche du président Nabih Berry) qui a affirmé qu’aucun gouvernant n’a le droit d’interdire à un média la retransmission d’une interview. «Seule la loi tranche dans ce genre de cas. (...) Tous les propos, que nous avons entendus des dirigeants, montrent bien que le Liban n’est pas un Etat de droit. Il convient en effet de prendre connaissance de l’interview de Michel Aoun avant de poursuivre la chaîne de télévision et ses propriétaires», a-t-il dit.
M. Beydoun a indiqué dans ce cadre qu’il revient au Conseil national de l’audiovisuel de poursuivre par devant les tribunaux compétents toute chaîne qui aurait enfreint la loi sur l’information. «En tant qu’hommes politiques, nous pouvons donner un avis, mais il appartient à la seule justice de rendre un jugement», a-t-il conclu.
Faisant écho à M. Beydoun, le député Ahmed Soueid (également proche de M. Berry) s’est exclamé: «Laissez donc Aoun parler et si ses propos sont passibles de poursuites judiciaires, jugez-le alors!» Il a estimé qu’en interdisant la diffusion de l’entretien avec le général, on donnait ainsi le prétexte idéal à ses partisans pour affirmer que le pouvoir «confisque la liberté d’expression» et que l’invitation à rentrer au Liban «n’est qu’un piège qu’on lui tend». M. Soueid a proposé d’intenter une action en justice au général Aoun «pour que l’opinion publique connaisse les terribles actions dont il s’est rendu coupable et que prenne fin la légende du héros en fuite».
La veille, samedi, le député Boutros Harb avait adressé au gouvernement une interpellation à ce sujet, demandant notamment «quel est l’article de loi sur lequel se base le ministre de l’Information pour interdire l’interview». Et d’ajouter: «Quelle est la conception que se fait le même ministre de l’ordre public et des nécessités de la paix civile?» Rappelant que la période d’exil du général Aoun a pris fin, le député Harb a indiqué que celui-ci avait de ce fait le droit de s’exprimer comme tout autre citoyen. «Qui a dit en outre que la situation actuelle dans le pays reflète l’entente nationale?», s’est-il demandé.

Les justifications de Sabeh

Dans une déclaration à la presse, M. Bassem el-Sabeh avait déclaré samedi: «Nous ne recourons en aucune manière à la censure préalable et nous ne nous désisterons pas de notre pouvoir de contrôle ultérieur». «Je ne suis pas tenu de protéger une partie qui utilise les médias pour s’attaquer à la Syrie et à son rôle au Liban», a-t-il dit avant d’indiquer que l’interview du président Amine Gemayel retransmise dimanche 7 décembre «était de mauvais goût». «Je ne prétends pas que nous vivions dans un paradis démocratique mais la situation des libertés est de loin préférable à celle qui prévalait du temps de M. Gemayel», a ajouté M. Sabeh.
De son côté, le général Aoun s’est demandé: «Comment M. Sabeh se permet-il de juger mon interview avant de l’entendre?» Soulignant que les moyens utilisés rappellent ceux de «l’empire ottoman», il a ajouté: «Je suis la seule autorité légale car celle qui existe aujourd’hui dépend d’une autre». Et de préciser: «Ma position envers la Syrie est la raison de l’interdiction de la diffusion de l’interview».
Par ailleurs, le vice-président de l’Assemblée nationale, M. Elie Ferzli, a estimé que l’interdiction de l’interview n’avait pas eu le résultat escompté. Il a en outre rappelé qu’il avait affronté le général Aoun dans un débat radiodiffusé, il y a une semaine, sans que cela prête pour autant à conséquences.
L’interdiction de la retransmission de l’interview que devait donner hier à la «MTV» le général Michel Aoun n’a pas manqué de susciter durant le week-end de nombreuses réactions indignées, notamment dans les milieux parlementaires.«Il s’agit là d’un précédent dangereux», affirmait hier le député Camille Ziadé. «La liberté d’expression a été bafouée à...