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Actualités - CHRONOLOGIE

L'interdiction de l'entretien avec Aoun divise la classe politique Hraoui aurait demandé la révision de la décision du conseil central de sécurité

L’interdiction de l’entretien télévisé que le général Michel Aoun devait accorder, demain, à la MTV passionne et divise la classe politique et l’opinion. Alors que le Conseil national de sécurité, à l’origine de l’interdiction, parle d’une menace aux «fondements de la paix civile», et même à la «sûreté de l’Etat», avant même que l’entretien soit accordé, l’opposition voit dans l’interdit une atteinte flagrante à la démocratie et une violation de la Constitution (VOIR PAGE 2).
Pourtant, tous les hauts responsables ne seraient pas du même avis à ce sujet. Selon une source informée, le président Hraoui ne partage pas les craintes qui ont inspiré la décision du Conseil central de sécurité, et aurait demandé, hier, au téléphone, au président du Conseil, M. Rafic Hariri, l’annulation de l’interdiction.
Quoi qu’il en soit, et au-delà de cette péripétie, l’interdiction révèle les graves lacunes dont le gouvernement est responsable dans l’application de la loi sur l’audiovisuel.
A l’issue d’une réunion extraordinaire, hier, le Conseil national de l’audiovisuel (CNA), instance légalement habilitée à réglementer les émissions télévisées, a décidé de se référer au service des législations du ministère de la Justice pour lui demander de trancher dans le conflit de compétences apparu à la faveur de la décision du Conseil de sécurité. Ce Conseil avait même invoqué le droit de la Sûreté générale de censurer des programmes à caractère politique ou ceux qui mettent en cause la «stabilité sociale».
«C’est l’Etat qui est responsable de l’anarchie qui règne sur les canaux», affirme pour sa part une source du CNA qui tient à garder l’anonymat. Selon cette source, la loi 382, le décret-loi 7997 et les «règles de fonctionnement du conseil» datant du 25 décembre 1995 sont clairs: c’est au CNA d’appliquer la loi et de réprimer tout ce qui menace la moralité publique et la famille, la sécurité de l’Etat ou les règles de la démocratie.
Toutefois, poursuit la source citée, l’Etat a omis de faire son devoir, à l’égard du CNA, des télévisions et de l’opinion et n’a pas doté le ministère de l’Information d’un service de contrôle des émissions, comme le prévoit la loi. Ce service devait, après sa formation, être mis à la disposition du CNA. Dans le secteur des médias, comme dans tous les domaines de la vie publique, l’importance de la loi, et son caractère vital, est de concilier les intérêts contradictoires des citoyens, et de permettre à la vie civile de se passer dans le bon ordre, a commenté la source citée. Là, comme ailleurs, l’Etat a donc failli à ses devoirs.
Ainsi donc, en l’absence d’un tel service qui doit veiller au respect du cahier des charges des télévisions, où les critères de moralité (sexe et violence), ainsi que ceux qui réglementent les programmes politiques, sont bien précisés, le contrôle des émissions télévisées ne peut être que sporadique, quand il n’est pas «discrétionnaire» et politique, a ajouté la source citée.

Dans le désordre

C’est par ailleurs dans le plus grand désordre, en infraction aux dispositions du cahier des charges, que les licences d’exploitation ont été accordées, a souligné la source du CNA. Ainsi, alors qu’une période probatoire d’un an était requise, au cours de laquelle les télévisions devaient faire leurs preuves, la licence définitive a été accordée... trois semaines seulement après la «licence provisoire». Résultat, l’état d’anarchie sur les canaux, le piratage des programmes, l’empiettement sur les canaux de Télé-Liban et d’autres télévisions, et une concurrence acharnée où les critères commerciaux sont les seuls ou presque à être pris en compte.
Et la source de rappeler qu’en 1995, au moment où le règlement du CNA a été élaboré, il avait été convenu de dresser, une fois les licences d’émettre accordées, un «plan de fréquences» qui serait officiellement enregistré auprès de l’International unit télévision (IUT), un organisme relevant de l’ONU basé à Genève. Cette formalité prend trois semaines et coûte 25.000 dollars, a précisé la source. Elle n’a jamais été effectuée.
En tout état de cause, a conclu la source citée, les émissions politiques sensationnelles qui sont en train d’être proposées, comme celles qui touchent à des problèmes de société, ne sont que les aspects d’une concurrence acharnée que se livrent les diverses stations, pas du tout pour des objectifs moraux ou politiques, mais pour décrocher la part la plus grande d’un marché publicitaire annuel évalué à 40 millions de dollars.

Aoun: «Poser des questions»

Interrogé à Paris sur l’interdiction de l’émission dont il devait être l’hôte sur MTV, le général Michel Aoun a déclaré qu’au-delà des communiqués condamnant cette mesure gouvernementale, il faut déplorer la dérobade d’un «pouvoir fantoche qui refuse le dialogue et qui veut imposer ses vues aux médias».
L’ancien premier ministre a ajouté que cette mesure fera rebondir l’affaire des médias et le problème de la liberté d’expression au Liban.
Il a ensuite affirmé que si l’interview avait eu lieu, il n’aurait lancé des attaques contre personne mais qu’il aurait tout simplement réfuté point par point tous les griefs et toutes les accusations dont il fait l’objet, notamment les «soi-disant dossiers».
«J’aurais, a-t-il conclu, interpellé et mis au défi mes accusateurs en commençant par le président de la République de fournir des éléments concrets sur ce que l’on me reproche et aurais à mon tour posé des questions et demandé des comptes».

L’interdiction de l’entretien télévisé que le général Michel Aoun devait accorder, demain, à la MTV passionne et divise la classe politique et l’opinion. Alors que le Conseil national de sécurité, à l’origine de l’interdiction, parle d’une menace aux «fondements de la paix civile», et même à la «sûreté de l’Etat», avant même que l’entretien soit...