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Actualités - DISCOURS

Prononçant le nom du Liban à l'ouverture des travaux de l'OCI Hraoui:Le monde musulman ne doit pas vivre renfermé sur lui meme(Photo)

Seul chef d’Etat chrétien à prendre part aux travaux de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) qui se tient à Téhéran, le président Elias Hraoui a appelé hier le monde musulman à ne pas vivre «refermé sur lui-même», soulignant que c’est en mettant en relief «le véritable visage de l’islam» qu’il sera possible de faire face aux «campagnes de dénigrement qui visent la religion musulmane».

Dans son discours qu’il a prononcé au nom du Liban à l’ouverture du huitième sommet de l’OCI, le président Hraoui a, d’autre part, souligné la nécessité de mettre un terme aux «actes de violence déplorables qui se produisent dans certains pays islamiques». Le chef de l’Etat a, par ailleurs, appelé les dirigeants des pays membres de l’OCI à œuvrer en vue de «réhabiliter le rôle de la femme».
En marge des travaux de l’OCI, le chef de l’Etat a conféré dans la journée d’hier avec l’émir du Koweit cheikh Jaber el-Ahmed al-Sabbah (en présence du ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz) ainsi qu’avec le prince héritier séoudien Abdallah ben Abdel Aziz, le président Hafez Assad, et l’ancien président iranien Hachémi Rafsandjani.
L’entrevue avec M. Rafsandjani a été axée essentiellement sur la situation au Liban-Sud ainsi que sur les rapports entre l’Iran et l’Etat libanais. Au début de la rencontre, l’ancien président iranien a souligné que la participation du président Hraoui au sommet de l’OCI revêt «une signification particulière». Le chef de l’Etat a indiqué sur ce plan qu’il avait tenu à présider lui-même la délégation libanaise afin de réaffirmer que le Liban est «le pays de la coexistence entre toutes les communautés, comme l’a souligné Sa Sainteté le pape Jean-Paul II lors de sa visite au Liban en mai dernier».
Evoquant la nature des rapports entre le Liban et l’Iran, le président Hraoui a notamment souligné que les responsables iraniens devraient établir des relations «avec l’Etat libanais et non pas avec une seule fraction de Libanais». «Les rapports entretenus avec une partie des Libanais impliquent que l’Etat iranien œuvre uniquement pour cette fraction précise, ce qui est en contradiction avec l’existence du Liban en tant qu’entité», a précisé le président Hraoui.
Répondant à l’argumentation du chef de l’Etat, l’ancien président iranien devait qualifier de «bien fondée» la demande du président Hraoui concernant l’établissement de relations entre le gouvernement iranien et l’Etat libanais. «Il s’agit d’une demande juste, et nous espérons qu’elle sera réalisée à l’avenir», a notamment déclaré M. Rafsandjani. Réaffirmant l’appui de son pays à la résistance anti-israélienne au Liban-Sud, M. Rafsandjani a prôné une «coordination entre le Liban, l’Iran et la Syrie» au sujet de la situation au Liban-Sud.

Le discours au
nom du Liban

Pour en revenir au mot du Liban à l’ouverture du sommet, le président Hraoui a souligné, d’entrée de jeu, qu’il participait à l’OCI en sa qualité de représentant du Liban, «patrie de la coexistence entre chrétiens et musulmans». S’adressant aux souverains et chefs d’Etat des pays membres de l’OCI, le président Hraoui a notamment déclaré: «Nous refusons que le monde islamique soit à la traîne d’une quelconque partie. De même, nous refusons que le monde islamique vive refermé sur lui même. Les campagnes de dénigrement et de désinformation menées contre l’islam ne peuvent être combattues qu’en mettant en relief le véritable visage de l’islam».
«Il faut assainir l’image des musulmans face aux campagnes tendancieuses dont ils font l’objet, a déclaré le président Hraoui. Il est nécessaire de mettre fin aux actes de violence déplorables dans certains pays islamiques, de même qu’il est nécessaire de mettre un terme à l’effusion de sang entre certains pays musulmans. Nous sommes tous appelés à mener une vaste bataille culturelle qui devrait dépasser le cadre du dialogue arabo-européen. Nous sommes pour le droit, la justice et le progrès, et contre la violence, l’effusion de sang et l’extrémisme».
Et le chef de l’Etat de poursuivre: «Nous prônons l’ouverture sur le monde et ses cultures, tout en rejetant les aspects négatifs et en tirant profit des aspects positifs afin que nous puissions passer du stade du tiers-monde à la phase du développement. Nous appelons à un essor susceptible de régler les problèmes auxquels est confronté le monde islamique, de manière à permettre à ce monde islamique de participer activement à la mise en place d’une ère nouvelle, basée sur la tolérance et le pardon».
«Nous devons tous faire face à des problèmes communs, tels que la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes destructrices, a poursuivi le chef de l’Etat. Nous devons oeuvrer afin de lutter contre la pollution et le trafic des stupéfiants. Je vous invite à placer ce sommet islamique sous le signe du développement. Nous devrions, d’abord, appliquer les résolutions adoptées sur ce plan lors des précédents sommets. Il faudrait, ensuite, stimuler le rôle de l’Organisation islamique dans le sens du développement socio-économique et culturel».
«Je vous invite à agir dans l’esprit de notre message spirituel, a ajouté le président Hraoui. Je vous invite à réhabiliter le rôle de la femme et à préserver le droit de l’enfant. Je vous invite à mettre à exécution un programme d’investissements et de coopération économique afin de faire face aux dangers de la faim».

Le processus de paix

Abordant le dossier des négociations avec Israël, le président Hraoui a estimé que le processus de paix a débouché sur une impasse qu’il n’était pas fondé sur «les valeurs pouvant garantir les droits» de toutes les parties.
Après avoir affirmé son attachement à une paix «juste et globale» et souligné que le Liban et la Syrie ont rejeté les «solutions redditionnistes», le président Hraoui a insisté sur «ce que le Liban endure du fait de l’occupation du Liban-Sud et de la Békaa». Il a notamment mis l’accent sur son indépendance et sa souveraineté «bafouées», sur l’indifférence internationale vis-à-vis de l’application des résolutions internationales, ainsi que sur les conséquences des bombardements israéliens «qui font chaque jour des victimes et détruisent les propriétés». Soulignant que le massacre de Cana représente un «indice flagrant de l’injustice de l’occupation israélienne», le chef de l’Etat a affirmé que la résistance ne peut pas être assimilée au terrorisme. «C’est la reddition qu’il faut considérer comme une trahison», a-t-il dit, invitant les participants à la conférence à «dénoncer le terrorisme ainsi que l’occupation de tout Etat».
Après avoir insisté sur la nécessité d’une mise en application de la résolution 425 des Nations Unies, le président Hraoui a plaidé en faveur du Liban «pour qu’il puisse récupérer son droit sacré» sur son territoire. «Nous sommes convaincus, a-t-il ajouté, que vous êtes préoccupés par les dangers qui guettent notre entité et que ces dangers vous poussent à oeuvrer pour préserver un Etat membre de votre organisation».
Le chef de l’Etat a poursuivi en affirmant l’opposition du Liban à l’implantation de nouvelles colonies israéliennes en Cisjordanie. «Le Liban est en revanche en faveur de l’établissement d’un Etat palestinien parce qu’il appuie le droit des Palestiniens à un Etat et qu’il refuse leur implantation sur son territoire», a-t-il encore fait valoir avant d’appeler à une position «unifiée en faveur de la préservation de l’identité (palestinienne) de Jérusalem et de l’arrêt de la politique expansionniste israélienne, ce qui commande un retrait des territoires occupés au Liban et en Syrie».
Le président Hraoui a aussi appelé à l’arrêt de toute normalisation avec Israël «qui bloque le processus de paix juste et globale et rejette le principe de la terre contre la paix». «Toute position contraire encouragera Israël à faire fi des droits arabes et de la légalité internationale», a-t-il estimé.
Après avoir plaidé en faveur du développement de la structure de l’OCI et d’une dynamisation de son rôle, le chef de l’Etat s’est prononcé en faveur d’une coopération entre cette organisation et les instances internationales. Il a invité dans le même temps l’ONU à «développer son rôle pour que la représentation numérique ne prime pas la représentation qualitative». Aussi, a-t-il encouragé l’OCI à approuver «sans hésitation et à l’unanimité la demande arabe d’un siège permanent au sein du Conseil de sécurité».
Par ailleurs, le président Hraoui a souligné la disposition du Liban à accueillir la prochaine conférence islamique, non sans avoir auparavant mis l’accent sur les progrès réalisés au niveau de la reconstruction.
Il a conclu en lançant un dernier appel aux participants à la conférence pour soutenir le Liban: «Un Liban sain sera pour vous tous un pilier. Le Liban est un besoin régional et une nécessité internationale. Il représente un pont entre l’Orient et l’Occident. C’est l’exemple même de l’interactivité entre le christianisme et l’islam et nous souhaitons que cet exemple soit suivi dans le monde entier afin que les valeurs de la solidarité humaine soient consolidées. Sachez que tout comme en Orient des minorités chrétiennes, et j’en fais partie, existent, d’autres, mahométanes, existent en Occident. Il est du droit de tous, où qu’ils soient de bénéficier de liberté, de sécurité et de dignité».
Seul chef d’Etat chrétien à prendre part aux travaux de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) qui se tient à Téhéran, le président Elias Hraoui a appelé hier le monde musulman à ne pas vivre «refermé sur lui-même», soulignant que c’est en mettant en relief «le véritable visage de l’islam» qu’il sera possible de faire face aux «campagnes de...