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Actualités - REPORTAGE

Sfeir rencontre à Paris Gemayel, Aoun et Eddé Le patriarche maronite sera reçu aujourd'hui par Chirac


Paris — de Elie MASBOUNGI
Convergence de vues à l’égard de la conjoncture libanaise dans un seul et même constat d’échec sur les plans politique et économique. Telle était la substance du tête-à-tête qui a réuni pour la première fois depuis plus de sept ans le patriarche Nasrallah Sfeir arrivé hier à Paris et le général Michel Aoun.

Le chef de l’Eglise maronite a reçu l’ancien premier ministre dans sa suite de l’hôtel Lutétia en fin d’après-midi au milieu de rumeurs — vite démenties par les faits — faisant état d’une possible participation à la réunion du président Amine Gemayel. Mais celui-ci est arrivé au Lutétia deux minutes après le départ du général Aoun. Aucun détail n’a filtré sur la teneur de l’entrevue entre le cardinal Sfeir et le président Gemayel.
Auparavant dans la journée, le patriarche maronite avait rencontré, au cours d’un déjeuner au Foyer franco-libanais, le «Amid» du Bloc national, M. Raymond Eddé. Etaient présents à cette rencontre l’ambassadeur du Liban à Paris, M. Nagi Abou Assi, le vicaire patriarcal maronite, Mgr Roland Aboujaoudé, Mgr Samir Mazloum, Mgr Boutros Harfouche, ainsi que l’émir Harès Chéhab. De source bien informée, on apprend que le «Amid» du B.N. devait réaffirmer à cette occasion son appui aux prises de position de Mgr Sfeir.
A l’issue de son entretien avec Aoun, le patriarche maronite — qui rencontrera ce matin le président Jacques Chirac — a estimé que son entretien avec le général était naturel puisqu’il s’agissait d’un échange de vues sur la situation au Liban. Il a ajouté que lorsque la situation se normalisera au Liban au plan des libertés et de la démocratie, les Libanais se trouvant à l’étranger à quelque bord qu’ils appartiennent seront rassurés et rentreront au pays.
Mgr Sfeir a laissé entendre que les vues exprimées durant l’entretien étaient proches et que cela est normal lorsque des hommes sincères se rencontrent.
Cette similitude de vues devait être également soulignée par le général Aoun qui a précisé que malgré l’absence de toute rencontre avec le patriarche Sfeir au cours de ces dernières années, des contacts étaient établis entre Bkerké et la Haute Maison (lieu de résidence du général dans le Val de Marne).
Il a même parlé de concertation et de similitude de vues sur les problèmes de l’heure et notamment la détérioration de la situation politique et économique. Prié de dire si cette réunion serait suivie par d’autres rencontres entre lui et le chef de l’Eglise maronite, l’ancien chef du gouvernement a répondu par l’affirmative avant de souligner qu’il y a un mouvement d’opposition qui, au Liban, s’exprime dans les conditions les plus dures et une opposition à l’étranger qui, bien entendu, bénéficie d’une marge plus grande pour exprimer ses convictions et dénoncer le fait que le pouvoir de décision ne se trouve pas au Liban.
En tout état de cause, a-t-il poursuivi, ce sont les mêmes convictions que les opposants expriment à l’intérieur du pays et à l’étranger mais dans des formulations différentes et pour les raisons que l’on sait.
Il a ajouté que la seule opposition réelle serait la contestation de la tutelle syrienne.
Répondant à un journaliste qui parlait de l’«opposition chrétienne», le général a rejeté cette appellation expliquant que pour lui il s’agit d’une opposition nationale et qu’il ne faut pas la limiter à une catégorie de Libanais.
Il a affirmé, par ailleurs, que la question de son retour au Liban est prématurée mais qu’il importe pour le moment d’œuvrer en vue de créer de bonnes conditions pour un tel retour.
Sur le tête-à-tête lui-même, le général a indiqué qu’il s’agissait en fait d’un tour d’horizon sur divers sujets allant du blocage du processus de paix au Moyen-Orient à la détérioration de la situation économique au Liban en passant par la conjoncture plus que difficile au Liban-Sud et l’absence de tout pouvoir de décision à Beyrouth.
«Aucun pouvoir au Liban ne peut être qualifié de réellement responsable tant qu’il est chargé d’appliquer des décisions prises hors du pays», a conclu le général Aoun.
Dans les milieux proches de l’opposition libanaise à Paris, on se félicite de cette rencontre dont l’initiative reviendrait à Mgr Harfouche et à d’autres personnalités libanaises résidant en France.
Le général lui-même a précisé à cet égard que lorsque le patriarche Sfeir se trouvait à Paris la dernière fois, il y a environ deux ans, il n’avait pu le rencontrer en raison des restrictions qui lui étaient imposées du fait de son statut de réfugié politique.
E. M.


Paris — de Elie MASBOUNGIConvergence de vues à l’égard de la conjoncture libanaise dans un seul et même constat d’échec sur les plans politique et économique. Telle était la substance du tête-à-tête qui a réuni pour la première fois depuis plus de sept ans le patriarche Nasrallah Sfeir arrivé hier à Paris et le général Michel Aoun.Le chef de l’Eglise maronite a...