«Je pars sans avoir un plan défini, car nous ne l’avons pas encore remis au point», a déclaré M. Netanyahu à la presse peu avant son départ pour Paris. Mais à Washington, le secrétaire d’Etat Madeleine Albright a aussitôt fait savoir qu’elle s’attendait à être informée du «contenu» du projet israélien, laissant ainsi clairement entendre qu’elle ne saurait se contenter de généralités. «Ce que nous voulons, c’est le contenu du plan; nous nous attendons au contenu», a insisté le porte-parole James Rubin.
Dans la journée, M. Netanyahu avait réuni une nouvelle fois ses trois principaux ministres: Yitzhak Mordehaï (Défense), David Lévy (Affaires étrangères) et Ariel Sharon (Infrastructures nationales).
Selon la presse israélienne, M. Netanyahu se serait aligné sur les propositions de M. Ariel Sharon évoquant l’annexion de larges parties de la Cisjordanie.
Les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, considérés comme plus modérés, ont en revanche préconisé qu’Israël se concentre pour l’heure sur ses retraits sans fixer de «lignes rouges» en vue du statut définitif en Cisjordanie.
Point de presse
Les discussions à quatre doivent reprendre après le retour du chef du gouvernement, dimanche. M. Netanyahu, n’a-t-on pas manqué de relever à Tel-Aviv, qui a été quasiment convoqué par Mme Albright, a donné une indication de l’urgence des pourparlers d’aujourd’hui à Paris en quittant Israël alors que le pays est plongé dans un des conflits sociaux les plus graves de son histoire (VOIR PAR AILLEURS).
L’entretien Albright-Netanyahu sera suivi d’un point de presse à l’hôtel Bristol où résidera le premier ministre durant son séjour dans la capitale française jusqu’à demain samedi. Mme Albright se rendra ensuite à Genève pour s’entretenir avec le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat.
Les discussions entre le chef de la diplomatie US et le premier ministre israélien, à en croire diverses sources, promettent d’être «difficiles». Comme pour paver la voie au lancement de son propre plan, Washington a déjà appelé les Palestiniens à restreindre leurs exigences, dans le même temps où l’ampleur du retrait prêté aux Israéliens était jugée «à l’évidence trop faible».
La tension entre Washington et Tel-Aviv est telle que le président israélien Ezer Weizman, une «colombe» notoire irritée par la politique de son premier ministre, a donné l’impression de lui faire la morale en faisant allusion aux relations entre les deux pays, lors d’une cérémonie à la mémoire de David ben Gourion.
Rappelant que le fondateur d’Israël «attachait une grande importance au maintien des relations avec le Etats-Unis», le chef de l’Etat hébreu a ajouté: «Nous devons tout faire pour qu’elles ne se détériorent pas».
Chez Kohl
M. Netanyahu a entamé à Bonn sa tournée européenne destinée à lui permettre de défendre son projet de retrait partiel en Cisjordanie. Du chancelier allemand Helmut Kohl, il a laissé entendre qu’il attendait qu’il intercède en sa faveur auprès du président Bill Clinton. «Je sais que le chancelier Kohl est un grand ami qui peut faire plaisir à ses amis dans ce genre de cas en usant de son influence sur les autres», a-t-il dit au quotidien populaire «Bild».
Après avoir plaidé en faveur de son projet auprès du chef du gouvernement de Bonn, M. Netanyahu a quitté en soirée pour Paris, où après son entretien avec Mme Madeleine Albright, il doit être reçu par le président français Jacques Chirac puis par le chef du gouvernement Lionel Jospin.
Actuellement, quelque 70% de la Cisjordanie est sous occupation militaire totale, le reste étant contrôlé par l’Autorité palestinienne(3%) ou sous contrôle mixte (27%).
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