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Actualités - ANALYSE

Les municipalités au printemps : une quasi certitude désormais


Ouf! Encore une fois, le pouvoir local se trouve déchargé du lourd souci de devoir prendre une décision. Comme en 1992 pour les législatives, comme en 1995 pour la prorogation, les dieux lui font la grâce de lui envoyer «l’inspiration» et il apprend ainsi en même temps que le commun des mortels la bonne nouvelle: les élections municipales auront lieu sans faute au printemps prochain.
Forts de l’injonction comminatoire des décideurs, les dirigeants en ont aussitôt informé les députés pour les inviter à mettre un bémol à leurs objections, à ne plus faire obstruction au projet, à ne pas chercher à prolonger le débat pour que le scrutin ne puisse pas avoir lieu dans les délais prévus.
Des sources informées indiquent qu’au cours de récentes rencontres avec divers responsables et parlementaires libanais venus leur rendre visite, les décideurs ont précisé qu’ils attachent beaucoup d’importance à ce scrutin et voient d’un mauvais œil les tentatives de le faire reporter. Et d’ajouter que dans le premier accord en six points de Baabda les trois présidents se sont engagés à ce que ces municipales aient lieu en avril 98. Une indication qui n’est à dire vrai pas tout à fait exacte: cet arrangement réglant une vieille brouille entre le président de la Chambre et le premier ministre, bien que conclu en présence de M. Hraoui, n’a été signé que par M. Berry et Hariri. Toujours est-il qu’on répète maintenant que même les présidentielles ne peuvent servir d’excuse à un renvoi des municipales, car si les délais sont respectés un bon espace de cinq mois devrait séparer les deux échéances.
Dès lors animés d’un zèle soudain les membres de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice, où le projet de loi ad hoc a atterri, mettent les bouchées doubles dans leur travail d’examen qui serait terminé en une petite semaine à peine. Après quoi l’Assemblée passerait au vote sans trop s’attarder en discussions déclarées inutiles du moment que le texte aura été suffisamment étudié en commission.C’est que, confirment les mêmes sources informées, «on» a pris soin de préciser avec insistance aux intéressés qu’ils ne doivent pas perdre du temps en vains débats. Si retouches il doit y avoir, ajoute-t-on, c’est en commission — où l’on voterait sur les propositions d’amendement — qu’elles doivent s’opérer et non pas en assemblée générale. Ce qui signifie en pratique que le pouvoir législatif se trouve réduit aux membres de la commission de l’Administration et de la Justice dont le nombre n’excède pas le huitième de la Chambre. Une aberration, mais qui n’est ni la première ni la dernière dans le système mis en place après Taëf.
Dans ces conditions tout permet de croire les officiels qui prévoient que la Chambre va adopter à une large majorité le texte gouvernemental en n’y apportant que des modifications mineures. Ironie du sort: au moment même où le gouvernement paraissait vouloir céder à la pression de la rue quant aux points essentiels de son projet, comme les désignations d’édiles, il reprend du poil de la bête grâce à l’appui des décideurs, et fait face tranquillement au tollé général des démocrates en affirmant qu’il ne changera pas un iota à ses dispositions. Il convient également de souligner, dans ce cadre, que depuis le rabibochage de la troïka et les deux accords de Baabda, le bloc parlementaire Berry se range aux côtés du Cabinet, ce qui assure pratiquement à ce dernier une majorité confortable à la Chambre. Sans compter que les tièdes, qui jusque- là étaient du côté de l’opposition en cette occurrence pour des raisons démagogiques évidentes, changent aussi de camp pour ne pas déplaire aux décideurs.
L’affaire paraît donc entendue et dans le sac. A cette nuance près que les décideurs, qui ont tiqué sur l’histoire des désignations, pourraient convaincre le pouvoir d’y renoncer.
Mais cela reste à voir.

E.K.
Ouf! Encore une fois, le pouvoir local se trouve déchargé du lourd souci de devoir prendre une décision. Comme en 1992 pour les législatives, comme en 1995 pour la prorogation, les dieux lui font la grâce de lui envoyer «l’inspiration» et il apprend ainsi en même temps que le commun des mortels la bonne nouvelle: les élections municipales auront lieu sans faute au printemps...