Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Finances publiques : en attendant l'assainissement , le malaise s'accentue

Le «document de réforme» mis au point par la troïka continue à être au centre du débat politique sur la scène locale. La commission parlementaire des Finances et du Budget s’en est emparée… par la bande si l’on peut dire, car ce plan, soulignent les députés, n’a rien d’officiel et ne se trouve en outre pas suffisamment détaillé pour qu’on sache ce qu’il faut en discuter au juste.
Comme on reste dans les généralités, la commission, dont les travaux eux-mêmes n’ont rien d’officiel dans ce sens qu’ils sont de nature purement consultative, aborde donc la question sous l’angle du débat d’idées.
D’où un certain déphasage, vu qu’en principe le projet de budget 1998 doit être réécrit au niveau de ses principes directeurs mêmes, en fonction des résolutions du trio présidentiel, ce qui risque de prendre du temps et de susciter beaucoup de complications.
Le malaise est accentué par l’histoire, tout à fait inopportune, des avions loués par la MEA, affaire qui éclate au moment même où les tracas financiers de la compagnie aérienne nationale (qui a trop recruté par complaisance) rejoignent avec une troublante synchronisation les difficultés d’un Trésor public qui bat de l’aile. Toutes les révélations arrivent en même temps et les autorités, longtemps protégées par des auto-œillères si l’on peut dire, sont bien obligées de les confirmer et d’avouer enfin qu’il y a crise. Naguère, dans le cadre de leur petite guerre permanente, les responsables se menaçaient réciproquement d’«ouvrir les dossiers…» et voilà que cela se fait tout seul, à leur corps défendant. Ainsi l’enquête sur les trois appareils loués à Singapour peut conduire, reconnaît un officiel, à «beaucoup d’interrogations concernant l’aviation ou le secteur de l’AIB…». Et d’ajouter qu’il n’est plus possible «d’étouffer ces affaires. La Justice est en marche et le gouverneur de la Banque centrale, institution qui contrôle quelque 98% des actions de la MEA depuis le retrait d’Air France, est résolu à aller jusqu’au bout pour faire la lumière sur cette affaire. La Banque a fait savoir à la compagnie, donc à elle-même si on veut car la note s’adressait au Conseil d’administration, que désormais elle a besoin d’un relevé précis avant de consentir des avances sur Trésor à la MEA».
«Cependant, chuchote cette source ministérielle, des parties déterminées ont effectivement tenté d’intervenir politiquement pour que l’on classe l’affaire sans suite et pour qu’on mette hors de cause certains cadres. Mais les hauts dirigeants du pays ont déjoué ces tentatives et le président de la République qui a pour sa part refusé d’accorder audience à une personnalité concernée, a également jugé inopportun de rencontrer les membres du Conseil d’administration qui lui en faisaient la demande. Le chef de l’Etat souligne en effet que tant que l’affaire est aux mains des enquêteurs toute initiative de sa part, même purement protocolaire, serait une ingérence dans les affaires de la justice. Le président du Conseil a adopté absolument la même attitude de neutralité, en rejetant les pressantes demandes de rencontre avec le même cadre concerné soutenue par sa famille… politique qui estime que sa propre renommée est en jeu».
Il n’empêche, qu’incorrigible, la troïka est divisée sur le fond quant au traitement à apporter au problème global de la MEA, indépendamment de tout scandale, vrai ou supposé. «Certains, reconnaît le même ministre, proposent qu’on change tout le Conseil d’administration, et d’autres protestent que les innocents et les compétents ne doivent pas payer les pots cassés en même temps que les fautifs».
Pour sa part, le président Nabih Berry qui, selon le même ministre, «cherche à garder les pions qu’il a dans la place », propose en réalité qu’on réforme en profondeur et la MEA et l’AIB, par la création d’un nouvel office autonome centralisé. «A la tête duquel, persifle ce ministre, il voudra sans doute placer un de ses lieutenants, objectif qui incite les autres dirigeants à se montrer circonspects quant à cette solution».

Ph.A-A.
Le «document de réforme» mis au point par la troïka continue à être au centre du débat politique sur la scène locale. La commission parlementaire des Finances et du Budget s’en est emparée… par la bande si l’on peut dire, car ce plan, soulignent les députés, n’a rien d’officiel et ne se trouve en outre pas suffisamment détaillé pour qu’on sache ce qu’il faut...