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Actualités - CHRONOLOGIE

Salem s'engage à aider les industriels du Liban-sud

Une recherche a été menée par la Faculté de médecine de l’Université Saint-Joseph, avec le soutien de l’AUPELF-UREF, sur le thème: «L’entrée du sida au Liban». Le projet a été dirigé par le Pr Pierre Farah, doyen de la Faculté de médecine de l’Université Saint-Joseph, avec la contribution scientifique de Jacques Beauchard et Véronique Dubayle, respectivement directeur et attachée de recherche au Laboratoire de recherches en sciences sociologiques de l’Université Paris XII; Hyam Kahi, directrice de l’Ecole libanaise de formation sociale à l’USJ; Abdo Kahi, consultant en ressources humaines et attaché de recherche à Reach-Mass Institut; et Jacques Mokhbat, de la Société libanaise du sida. (1)
«Quel intérêt d’étudier le sida, ici il n’y en a pas...»
«Nos croyances et le respect de nos enseignements nous ont protégés de ce fléau...»
Voilà deux phrases entendues couramment. C’est aujourd’hui et tout près de nous, au Liban, que ces mots ont été prononcés.
Bien des pays touchés ont prononcé ces phrases, il y a 10 ans, 5 ans, hier... Tous ont rejeté sur «l’ailleurs», sur l’autre, la faute ou la responsabilité. Aujourd’hui l’effet écran semble pourtant avoir laissé la place à une meilleure prise de conscience...
Nombre de conditions sont maintenant connues dans la diffusion de l’épidémie: les pratiques à risques, les conditions sociales défavorisées, le flux migratoire, les échanges internationaux, la condition féminine, l’état de la politique de santé. Le Liban a certaines caractéristiques qui réunissent la plupart de ces conditions.
Comment dès lors comprendre le peu de cas notifiés? Plusieurs pistes sont possibles: la rétention d’informations sur la situation réelle et les données chiffrées, les techniques de déclaration et de comptabilité tardives ou défectueuses, le recours au test difficile, une carence de l’accès aux soins et des moyens mis en œuvre par les politiques de santé, ou bien encore des particularités immunologiques et constitutionnelles de la population en question.
Faut-il considérer le sida comme un problème essentiellement médical, ou bien doit-on réexaminer les conséquences et les effets que cette pandémie induit sur les politiques de santé, mais aussi sur l’économique et l’éducation? Le sida conduit à l’analyse des changements du rapport entre Individu et Société. Il est le plus souvent révélateur d’une mondialisation des échanges et des modes de vie. La complexité et la fragmentation de l’épidémie obligent à agir sur la vulnérabilité des personnes et des populations fragilisées.
Dans l’enquête auprès des étudiants, on a mesuré l’importance que les étudiants universitaires accordent au sida à travers l’étude de différents items (mode de contamination, moyen personnel de prévention, validité des sources d’information, conduites préventives et mesures éducatives), de manière à faire ressortir la spécificité de la connaissance, de son intégration dans les comportements et l’implication que les étudiants en font dans les propositions qu’ils avancent pour la société libanaise.
L’échantillon est composé de 400 étudiants choisis selon le quota de répartition des étudiants universitaires au Liban, par université et suivant l’année d’étude et le sexe, dans chaque groupe de disciplines (4 groupes) et lieu d’implantation de l’université. En vue de représenter même les petites universités dans le choix de l’échantillon, les étudiants ont été répartis à raison de 80 pour l’Université Libanaise et 320 pour les universités privées en respectant, par rapport à chaque université, la structure de la distribution des étudiants et leur poids relatif dans chacun des sous-ensembles constitués...
Les conduites préconisées au niveau individuel diffèrent des conduites collectives proposées, Certaines données sont prioritaires et d’autres omises en fonction des principes auxquels tiennent les étudiants dans leur mode de vie.
En ce qui concerne le risque de transmission, on constate que tout ce qui est lié au sang est caractérisé par un score important (82% à 88%). Le multipartenariat est souvent cité (74%). L’homosexualité et la bisexualité le sont beaucoup moins (30%).
Quant à la connaissance et aux mesures prises ou à prendre personnellement, les propositions de contrôle ont obtenu les scores les plus élevés (dépistage pré-marital: 75%, contrôle du sang: 74%, s’abstenir de relations extra-maritales: 63%). Nous pouvons interpréter ces réponses comme une fuite de la responsabilité individuelle. Cette attitude peut être rapprochée des réponses aux questions relatives au rejet des malades ou des porteurs du virus. On relève parmi les mesures à prendre personnellement un score non négligeable de 7,8% obtenu pour l’item «éviter les gestes de la vie commune avec le malade» et de 1,8% pour l’item «serrer les mains».
Les étudiants de la Békaa et du Sud sont plus conscients des risques d’exposition forte à travers la drogue suivant l’usage commun des seringues (98,2% et 100% respectivement), les transfusions sanguines sans contrôle (87% et 95%). Le dépistage prénuptial obligatoire enregistre un score de 13,9% pour les étudiants de la Békaa contre 91% pour ceux du Nord et du Sud. On relève des disparités comportementales en relation avec la région d’appartenance, voire de l’université (dominance religieuse, classe sociale, mouvement de population).
L’enquête met au jour une acculturation produite par les médias d’origines étrangères et principalement occidentaux qui conduit à privilégier des représentations extérieures. La télévision a le plus aidé à l’information (78%) et particulièrement pour les personnes originaires de la classe sociale la plus basse.
Quant aux vecteurs de la contamination, les enquêtés veulent majoritairement soumettre les étrangers entrant dans le pays à un test de dépistage. Il y a une confusion entre la perception de «l’étranger-importateur» du virus et la réalité qui est celle d’une épidémie qui traverse les frontières via les Libanais migrants.
En manifestant un souci de protection de la famille et de la société, les étudiants souhaitent un contrôle régulateur du sang. Ils exigent aussi un contrôle plus restrictif qui conduit, s’il n’est pas traité éthiquement et humainement a priori et a posteriori, à plus d’évitement, de déni de la responsabilité individuelle, mais aussi à l’exclusion des porteurs du virus ou des malades (test à l’entrée au Liban, test obligatoire pour tous, centres spéciaux pour les malades).
Le rôle le plus faible dans l’information sur le sida (item «n’a pas aidé du tout») et celui des chefs religieux (77,5%), des associations ou mouvements religieux (66,9%), le médecin de famille (45%), associations et clubs de jeunes (56,9%). Le rôle de ces derniers devrait être primordial pour que l’information se traduise dans la pratique par plus d’ouverture humaine, mais également par une prise de conscience individuelle quant au sens de la responsabilité.
L’étude auprès des leaders d’opinion a pour objectif de mesurer et de relever les paradoxes existants quant à la perception du traitement du sida au Liban. Le terme traitement est pris dans son sens le plus large, c’est-à-dire la prise en compte de la pathologie tant sur le plan médical que comme phénomène de société, avec toutes les incidences que cela implique sur le plan organisationnel, économique et politique...
La plupart des interviewés ont orienté leurs discours sur une certaine forme de banalisation et oscillent souvent entre la volonté de minimiser le problème ou l’interrogation face à l’évolution du sida et de son «côté caché de l’iceberg». Les thèmes les plus souvent abordés passent essentiellement par quatre phases:
— La remise en question de la prise en charge médicale et sociale publique.
— La place et le rôle de la femme.
— La reconnaissance nécessaire des différentes pratiques: toxicomanie, prostitution et multipartenariat.
— La prise en compte du problème spécifique que représente la migration des Libanais en Afrique.
Sur l’ensemble des questionnaires aucun n’a pu citer avec exactitude un nombre. Les nombres évoqués vont de quelques cas à 5.000, sans distinction entre séropositif et sida. Cinq personnes ont évoqué le nombre le plus proche, à savoir 300-350.
Si les conduites sexuelles sont largement évoquées, les autres modes de contamination font l’objet de plusieurs remarques, telle la toxicomanie, surtout à la suite de la guerre. L’homosexualité est, elle aussi, présente, comme résultat de la guerre, des voyages, mais aussi reconnue comme pratique existante depuis toujours.
Ce qui a été le plus incriminé sont les relations hors cadre marital, puis la diminution de la cohésion familiale, enfin l’influence de la télévision à travers les films. L’exclusion et la négation ou la vengeance sont aussi abordées comme facteurs de progression de l’épidémie. Le facteur religieux a plutôt été évoqué comme moyen de maîtrise du risque de transmission.
l Un séminaire international consacré au sida s’est tenu le 14 mai 1997 à la FFM de l’USJ, faisant suite à l’enquête sur le thème «Sida et troubles de la cité: entrée du sida au Liban».
Plusieurs interventions dont celle du père Jean Ducruet, ancien recteur, directeur de l’Hôtel Dieu, directeur du Centre universitaire d’éthique de l’USJ, et du Dr Alain Sobel, président du Conseil national du sida en France... ont permis d’aborder la problématique sous un angle psycho-sociologique et médical. Ce séminaire a également présenté les résultats de l’enquête auprès des étudiants et des leaders d’opinion, ainsi que des dernières thérapeutiques.
Si les points de vue nous permettent de discerner les réflexions et les besoins, de constater des chiffres, il n’en reste pas moins que le nombre exact de séropositifs n’est pas connu. On l’estime à 2.000 personnes et au constat d’évolution de la maladie, il est fort probable que ce chiffre atteigne d’ici l’an 2 000, 5.000 à 7.000 cas. Les intervenants sont conscients de la dérive que peut susciter «l’absence de statistiques réellement fiables».
l Dans le cadre des activités sociales du service social de l’USJ, une formation à la prévention du sida a été donnée au campus des sciences médicales aux étudiants intéressés par cette problématique.
Une formation de 10 séances a été assurée à 70 étudiants, habilités à devenir des agents de conscientisation auprès des jeunes.
Deux expériences ont eu lieu en 1995. La première auprès des conscrits de l’armée à Warwar. Ce sont des jeunes qui viennent de différentes régions et qui appartiennent à différentes classes sociales. La seconde a été faite auprès de jeunes du village de Dhour Choueir.(2)
1) — Elaboré à partir du texte suivant: Véronique Dubayle (Synthèse par), L’entrée du sida au Liban. Faculté de médecine de l’Université Saint-Joseph, en coopération avec l’AUPELF-UREF. Beyrouth, avril 1996, 64p. Pour les détails de l’analyse et de l’argumentation, il faut se référer au texte intégral.
2) — Mme Rita Nabhan Hatem - A.S. - U.S.J.
Une recherche a été menée par la Faculté de médecine de l’Université Saint-Joseph, avec le soutien de l’AUPELF-UREF, sur le thème: «L’entrée du sida au Liban». Le projet a été dirigé par le Pr Pierre Farah, doyen de la Faculté de médecine de l’Université Saint-Joseph, avec la contribution scientifique de Jacques Beauchard et Véronique Dubayle, respectivement...