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Actualités - ANALYSE

Crise économique : le plan de la Troïka n'a pas dissipé toutes les inquiétudes

Le premier ministre Rafic Hariri estime que le Liban est confronté aujourd’hui à trois problèmes essentiels: l’augmentation de la dette publique, le déficit budgétaire et la réforme administrative.
Il y a quelques mois, le chef du gouvernement avait même annoncé aux Libanais que les deux ans à venir seraient difficiles. Les dirigeants savaient donc déjà à quoi s’en tenir, et aucun d’entre eux n’a le droit d’en imputer la responsabilité à l’autre. Et pour cause: le chef de l’Etat préside les réunions du Conseil des ministres et les décisions sont prises en sa présence. Selon la Constitution, il est également tenu de les approuver, ou de les renvoyer au gouvernement.
Le président de l’Assemblée nationale et la majorité parlementaire sont aussi responsables de tous les projets qu’ils ont approuvés. En effet, le déficit budgétaire revient en partie à l’accroissement de la dette publique. Or l’Assemblée a montré à plusieurs reprises qu’elle était en mesure d’entraver l’action du gouvernement. Par exemple, il convient de rappeler dans ce cadre que le premier ministre n’avait pas pu obtenir des pouvoirs exceptionnels que le Parlement lui avait refusés. Celui-ci aurait donc pu également rejeter tous les projets susceptibles d’accroître la dette publique et d’augmenter le déficit.
Que dire alors de la responsabilité du Conseil des ministres et de son président qui, quels que soient les prétextes invoqués, ont conduit le pays à une crise socio-économique intolérable.

L’opposition au
plan de redressement

En tout état de cause, le plan de redressement économique, financier et administratif approuvé par la troïka est loin de faire l’unanimité dans les milieux parlementaires et politiques.
En réalité, ces milieux doutent essentiellement du sérieux dans l’application des mesures décidées, quelle que soit leur nature. Avant de passer à l’élaboration de projets de loi visant à régler la crise, il incombe en effet au gouvernement de s’imposer un régime d’austérité qui le rendrait crédible. Une série de mesures pourrait être ainsi adoptée sans nécessairement recourir à des projets de loi, comme par exemple:
— Mettre fin au recrutement de fonctionnaires dans les institutions publiques ou dans les municipalités.
— Interdire l’usage des voitures de fonction à des fins personnelles.
— Supprimer tous les voyages dont les frais ne sont pas assumés par l’Etat hôte, sauf en cas de nécessité absolue.
— Interdire a priori l’allocation de tout crédit en dehors du budget prévu, ainsi que le règlement des frais d’hospitalisation à l’étranger sauf dans certains cas requérant l’approbation du Conseil des ministres.
Réhabiliter les hôpitaux publics de manière à résilier petit à petit les contrats conclus avec les établissements privés.
— Réduire au maximum les dépenses dans le budget de 1998.
Certains députés craignent toutefois que ce régime d’austérité ne soit pas appliqué. Pour eux, les mesures prévues pour l’augmentation des recettes restent également insuffisantes. Ils évoquent dans ce cadre la possibilité d’obtenir des fonds supplémentaires par l’intermédiaire du téléphone cellulaire, des complexes balnéaires, de l’amélioration de la perception des taxes. Tout Libanais qui s’abstiendrait de s’acquitter de ses taxes et impôts devrait être sanctionné conformément à la loi; sinon les recettes ne couvriront jamais les dépenses aussi réduites soient-elles.

E. K.
Le premier ministre Rafic Hariri estime que le Liban est confronté aujourd’hui à trois problèmes essentiels: l’augmentation de la dette publique, le déficit budgétaire et la réforme administrative.Il y a quelques mois, le chef du gouvernement avait même annoncé aux Libanais que les deux ans à venir seraient difficiles. Les dirigeants savaient donc déjà à quoi s’en...