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Actualités - CHRONOLOGIE

Contacts informels et exploratoires entre officiels et islamistes égyptiens

Des contacts informels et exploratoires sont en cours, par médiateur interposé, entre des islamistes égyptiens réfugiés à Londres et des diplomates égyptiens, contrairement au discours officiel opposé à toute négociation avec des «terroristes», a-t-on appris dans les milieux impliqués dans la capitale britannique.
Ces contacts indirects ont été établis en octobre par un journaliste égyptien résidant en Grande-Bretagne, et qui a requis l’anonymat. «L’éventualité d’un dialogue sera examinée par des responsables égyptiens dans les prochains jours alors que des islamistes ont fait part de leur disposition à discuter», a-t-il déclaré.
Ces responsables ont demandé, selon lui, aux islamistes de rejeter publiquement la violence, de se désarmer et de publier un communiqué par lequel ils rassureraient les touristes et les investisseurs étrangers. En échange, ils ont évoqué la possibilité d’amnistier, par étapes, des islamistes qui se trouvent à l’intérieur du pays et à l’étranger, de desserrer l’étau contre leurs représentants politiques «à condition d’œuvrer en faveur de l’intérêt général, y compris l’aspect sécuritaire».
L’ambassade d’Egypte à Londres s’est refusée à tout commentaire.
1.255 personnes sont mortes en Egypte, victimes de la violence déclenchée en 1992 par des groupes islamiques armés. Ces organisations ont mis en garde les visiteurs étrangers contre tout séjour en Egypte alors que la baisse du tourisme, à cause d’attaques du type de celle qui a fait 68 morts à Louxor le 17 novembre, provoquent des pertes qui pourraient atteindre un milliard de dollars.
Des islamistes égyptiens contactés à Londres ont admis, implicitement ou explicitement, avoir été approchés, et se sont dit favorables à toute négociation «sérieuse». Ils ont néanmoins montré un certain scepticisme quant aux intentions réelles du gouvernement.

Une solution juste et globale

«Les accords d’Oslo entre Palestiniens et Israéliens se sont déroulés dans le secret le plus total», a indiqué Kamal el-Helbawi, membre des Frères musulmans. D’après lui cependant, les contacts pourraient relever d’une initiative pour «prendre la température de l’eau parmi les Frères».
Mais «nous sommes heureux de dialoguer et appelons à un dialogue sérieux accompagné d’un calendrier de travail», a-t-il ajouté. «Nous sommes en faveur d’un dialogue qui aboutisse à une solution juste et globale», a de son côté indiqué Yasser el-Serri, en exil en Grande-Bretagne depuis 1994 et condamné à mort par contumace en Egypte pour tentative d’assassinat de l’ancien premier ministre Atef Sedki, en novembre 1993.
Selon le journaliste-médiateur, l’initiative du dialogue a été prise par les islamistes, qui démentent.
MM. el-Helbawi et el-Serri représentent des courants diamétralement opposés au sein de la mouvance islamiste égyptienne. Le premier, modéré, prônant l’islamisation de la société par la persuasion, exclut tout recours à la force. Il appartient à un mouvement interdit en Egypte, dont l’existence est néanmoins tolérée. Le deuxième s’inscrit dans une ligne bien plus radicale. Sans rejeter la violence en bloc, il dit condamner les attaques contre les civils, les coptes, les touristes.
Les contacts officieux ont débuté fin octobre, soit après l’attentat en septembre devant le musée du Caire, qui a tué neuf touristes allemands, selon le journaliste égyptien. «Des contacts ont également eu lieu tout de suite après l’attentat de Louxor», a-t-il affirmé.
Néanmoins, «le gouvernement égyptien espère toujours l’extradition des islamistes par la Grande-Bretagne, ce qui met des bâtons dans les roues du dialogue», a estimé le journaliste-médiateur.
Mercredi, l’Egypte a déclaré relancer les démarches pour l’extradition d’une vingtaine de chefs islamistes, dont certains se trouvent en Grande-Bretagne, et le président Hosni Moubarak a récemment réaffirmé qu’aucun dialogue n’était possible avec des «terroristes».
«Il ne serait pas du tout surprenant que, dans les coulisses, une forme de dialogue ait lieu, mais à la surface rien ne doit transparaître», a estimé Collin Turner, du département d’études islamiques de l’université de Durham.


Des contacts informels et exploratoires sont en cours, par médiateur interposé, entre des islamistes égyptiens réfugiés à Londres et des diplomates égyptiens, contrairement au discours officiel opposé à toute négociation avec des «terroristes», a-t-on appris dans les milieux impliqués dans la capitale britannique.Ces contacts indirects ont été établis en octobre par un...