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Actualités - CHRONOLOGIE

Le parquet attend toujours les explications de la MEA


La triste affaire de la MEA, et donc indirectement de la Banque du Liban, qui en est le principal actionnaire, a continué, hier, à faire l’actualité. Qui donc a touché «des pots-de-vin» pour accepter de louer à 39 millions de dollars trois «Airbus» usagés valant 45 millions de dollars? Voilà ce que le procureur général près la Cour de cassation, M. Adnan Addoum, et le chef de la brigade criminelle, le général Béchara Salem, essaient depuis quelques jours, mais en vain, de savoir. M. Addoum, soulignent les milieux proches de l’enquête, a définitivement exclu toute possibilité d’une erreur de bonne foi, mais n’a toujours pas identifié la partie qui a trempé dans cette transaction. L’affaire est d’autant plus étrange qu’une telle transaction n’a pu passer inaperçue des membres du Conseil d’administration de la MEA, qui doivent normalement la ratifier. Ni d’ailleurs de son PDG, M. Khaled Salam. Alors? Par quel moyen le marché douteux a-t-il été conclu? M. Addoum et le général Salem bénéficieront d’un week-end prolongé pour le savoir, un week-end qu’ils passeront à compulser les documents que la MEA et la Banque du Liban ont déjà mis à leur disposition.
C’est mardi que les auditions de M. Addoum et du général Salem reprendront. C’est ainsi qu’ils entendront, ce jour-là, le PDG de la MEA, M. Khaled Salam, le directeur général de la compagnie, M. Youssef Lahoud, et peut-être d’autres membres du Conseil d’administration. Des documents manquants devraient également s’ajouter, ce jour-là, à ceux qui leur ont été déjà soumis.
Le fils de M. Khaled Salam, M. Sélim Salam, serait également à nouveau entendu. Aussi bien M. Khaled Salam que M. Youssef Lahoud semblent avoir déjà fourni des témoignages exhaustifs et sans équivoque, mais le procureur général pourrait avoir des précisions à leur demander, à la lumière des documents qui lui ont été communiqués.

La garde à vue de Bardawil

Par ailleurs, M. Addoum devra se prononcer, mardi, sur la garde à vue de M. Marwan Bardawil, qui ne saurait se prolonger plus longtemps sans un mandat d’arrêt en bonne et due forme.
M. Bardawil, propriétaire de la «Bardawil Offshore Aviation», est le représentant au Liban d’une compagnie américaine, la «Boullioun Aviations Services Inc.», principal actionnaire d’une troisième compagnie, la SALE (Singapor Aircraft Leasing Company) qui a acheté les trois appareils loués par la MEA, initialement, à la Singapore Airlines, et qui de ce fait sont devenus les ayants droit légaux du contrat de location suspect.
Les avocats de M. Bardawil, MM. Badaoui Abou Dib, Tony Abou Dib et Joseph Khoury-Hélou, ont transmis hier à M. Addoum des documents prouvant que la somme d’argent virée à leur client par la «Boullioun» (15.OOO dollars), et que M. Addoum a considérée comme pouvant constituer une preuve de complicité dans la transaction douteuse, ne sont que des honoraires payés trimestriellement par la compagnie américaine à leur représentant au Liban et dans tout le Moyen-Orient. Ils ont en conséquence demandé la libération de leur client, qui leur a été refusée.
Notons que le père de M. Marwan Bardawil, M. Fouad Bardawil, qui se trouve à Dubaï, doit également rentrer au Liban pour y être entendu par la justice.

Plus de doute possible

Selon les milieux de l’enquête, M. Addoum a définitivement écarté toute possibilité d’une erreur d’appréciation et est de plus en plus convaincu qu’il y a eu crime et dilapidation de fonds. Toutefois, l’ampleur de la commission touchée et l’identité du ou des bénéficiaires restent à déterminer par les enquêteurs.
Entre-temps, l’idée d’une démission du Conseil d’administration de la MEA est de plus en plus évoquée, dans les milieux concernés. Une source responsable au sein de la compagnie a cependant exclu une telle décision dans l’immédiat, du moins pas avant que l’enquête n’ait progressé. A terme, toutefois, une démission de M. Khaled Salam semble inéluctable, étant donné que ce dernier assume, indirectement, la responsabilité du gâchis qui affecte la compagnie.
Il va de soi, toutefois, que toute décision dans ce domaine doit avoir l’aval des principaux pôles politiques, car ces derniers tiennent tous à avoir leur mot à dire dans la gestion de la MEA, quand ils ne la convoitent pas exclusivement pour eux-mêmes.
M. Khaled Salam a présidé hier une réunion du Conseil d’administration de la compagnie, au cours de laquelle le paiement des salaires du mois écoulé a été décidé, et soumis pour approbation à la Banque du Liban. Ces salaires seront payés lundi, apprend-on.

Les assureurs s’en mêlent

Sur un autre plan, réagissant à des rumeurs selon lesquelles le gaspillage, au sein de la MEA, ne se limite pas aux «Airbus» loués à prix d’or, M. Joseph Zakhour président de l’Association des compagnies d’assurances a publié un communiqué, hier, accusant la MEA de refuser de contracter des assurances auprès des compagnies agréées au Liban, bien que la loi l’y contraigne.
Ces contrats, a ajouté M. Zakhour, signés pour des millions de dollars, ont constamment été à des compagnies non établies au Liban, empêchant la MEA de profiter des tarifs compétitifs pratiqués par les compagnies d’assurances au Liban, et le Trésor de substantiels taxes et impôts.
M. Zakhour a enfin affirmé avoir attiré à plusieurs reprises l’attention des responsables sur cette anomalie, sans obtenir d’eux une réaction conséquente.

La triste affaire de la MEA, et donc indirectement de la Banque du Liban, qui en est le principal actionnaire, a continué, hier, à faire l’actualité. Qui donc a touché «des pots-de-vin» pour accepter de louer à 39 millions de dollars trois «Airbus» usagés valant 45 millions de dollars? Voilà ce que le procureur général près la Cour de cassation, M. Adnan Addoum, et le...