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Actualités - REPORTAGE

A Jeïta Le Quator Glinka : une musique qui magnifie le silence...

Ils sont quatre à affronter Mozart et le silence abyssal de la grotte de Jeïta. Le quatuor Glinka–composé de Claudi Arimany (flûte), Gurassim Voronkov (viole), Manuel Stacey (violoncelle) et Ala Zimoykaya (violon) — s’est groupé autour de Mozart pour casser le bruit froid des gouttes d’eaux qui suintent du ventre de la terre... Pour donner vie nouvelle, lustre et éclat aux stalactites et stalagmites qui sommeillent en ces lieux baignés par des eaux glacées, Mozart et ses mélodies d’une fraîcheur décapante... Mozart et ses phrases aériennes, légères comme une source jaillissante, perlées comme un rire de femme comblée... Mais Mozart n’est qu’un prétexte. Car le quatuor Glinka a interprété aussi des partitions de Viotti, Haydn et Cimarosa. Monde sonore proche dont les partitions se répondaient comme les scintillements d’une même constellation stellaire...

Une admirable
simplicité

D’un esprit bien italien, ce quartet op. 22 No. 1 qui rompt les amarres du silence enrobé de mystère qui habite ces profondeurs... Grâce, maniérisme et élégance d’une époque où l’amour était une flamme lancinante.
Avec des éclats vifs comme un feu qui reprend souffle et s’anime à l’approche du vent ou des sarments qui flambent brusquement en jetant des gerbes d’étincelles incandescentes... Pour reprendre le flambeau, le quartet de Haydn op. 5 No. 5, d’une remarquable invention mélodique, semble l’œuvre indiquée. Usant avec subtilité d’une «appogiature» reprise discrètement dans le développement, enlevant au violon toute prépondérance (comme c’était le cas chez les Italiens) tout ici est d’une admirable simplicité et respire une évidente joie de vivre. Atmosphère prolongée avec le quartet KV 298 de Mozart où le discours du divin auteur de «La flûte enchantée» est pur enchantement surtout dans le cadre de cette grotte illuminée par des spots et où les notes en touchant les pointes des rochers luisants brillaient comme des cristaux pris dans un rai de lumière.
Enchaînant avec le quartet No. 1 de Cimarosa, l’enchantement demeurait entier et intact comme la beauté et la fragilité d’un nénuphar flottant à ras de flots... Expressive, colorée, cette œuvre est bien dans l’esprit légèrement flamboyant et malicieux du sémillant auteur du «Mariage secret».
Pour terminer, encore du Mozart. Dans le ton majeur (qui a prévalu toute la soirée pour toutes les œuvres interprétées) ce quartet KV 244. La grotte de Jeïta accueillait avec une paisible et souriante sérénité ces sonorités venues de rives lointaines comme un rêve libérateur qu’on emporte sur des paupières ensommeillées... Charme et magie d’une musique merveilleuse qui magnifie le silence d’un lieu habité par la solitude et où seuls retentissent les échos des visiteurs médusés par un cadre impressionnant...

Edgar DAVIDIAN
Ils sont quatre à affronter Mozart et le silence abyssal de la grotte de Jeïta. Le quatuor Glinka–composé de Claudi Arimany (flûte), Gurassim Voronkov (viole), Manuel Stacey (violoncelle) et Ala Zimoykaya (violon) — s’est groupé autour de Mozart pour casser le bruit froid des gouttes d’eaux qui suintent du ventre de la terre... Pour donner vie nouvelle, lustre et éclat...