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Actualités - CHRONOLOGIE

Retour inconditionnel et immédiat des contrôleurs de l'ONU L'Irak fait marche arrière mais obtient des promesses La Russie s'engage à activer la levée de l'embargo et la France parle d'un meilleur fonctionnement de l'UNSCOM Bien que satisfaits, les USA brandissent la menace d'un veto au conseil de s

La Russie s’engage à activer la levée de l’embargo et la France parle d’un meilleur fonctionnement de l’UNSCOM

Bien que satisfaits, les USA brandissent la menace d’un veto au Conseil de Sécurité

«Un bon début», a jugé Tarek Aziz. «Une sortie a été trouvée à la crise», a affirmé Hubert Védrine. Et Moscou a annoncé de nouvelles initiatives au Conseil de Sécurité pour la levée des sanctions. En acceptant le retour inconditionnel de tous les inspecteurs de l’UNSCOM, notifié jeudi à l’aube aux ministres des Affaires étrangères des quatre «Grands» et au représentant de la Chine, l’Irak semble avoir obtenu à tout le moins la promesse d’un processus qui devrait déboucher sur la levée des sanctions qui le frappent. Les Etats-Unis toutefois ont estimé que l’accord de Genève n’était qu’«un pas en avant» et non pas une solution de la crise. Le président Bill Clinton a fait savoir qu’il voulait «attendre pour voir» et que son pays utiliserait son droit de veto au Conseil de Sécurité pour empêcher une levée des sanctions, dans le même temps que se poursuivait le déploiement militaire US dans la région du Golfe (VOIR AUSSI PAGE 9).
Pour le représentant américain à l’ONU Bil Richardson, «le texte russo-iakien n’est pas contraignant pour les Etats-Unis, ni pour le Conseil de Sécurité». Le diplomate a tenu en outre à souligner qu’«il n’y a pas eu de marché, pas de concessions, pas de carottes» offertes à l’Irak en échange du retour des inspecteurs US. Quant au président Clinton, il a préféré affirmer qu’il voulait «attendre pour voir» si l’Irak allait bien autoriser le retour des inspecteurs onusiens, tout en avertissant qu’il resterait «ferme dans (sa) détermination».
Comme pour illustrer cette détermination, la Maison-Blanche a annoncé peu après l’envoi d’avions supplémentaires dans le Golfe pour renforcer le dispositif militaire américain dans la région. Des responsables du Pentagone ont précisé qu’il s’agirait d’une trentaine d’appareils, dont des chasseurs F-15 et F-16.
En outre, la Maison-Blanche a averti que les Etats-Unis utiliseraient «si nécessaire» leur droit de veto au Conseil de Sécurité de l’ONU pour empêcher une levée des sanctions internationales contre l’Irak, pour laquelle la Russie a promis d’œuvrer.
La réunion des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) qui a eu lieu dans la nuit à Genève «a réaffirmé avec force notre position unanime: Saddam Hussein doit se conformer de manière inconditionnelle à la volonté de la communauté internationale et permettre à tous les inspecteurs sur le désarmement de revenir en Irak pour qu’ils puissent reprendre leur travail sans ingérence», a-t-il dit.

Inquiétude US

Le porte-parole de la Maison-Blanche, Michael McCurry, a déclaré que les Etats-Unis avaient «des bonnes raisons d’être inquiets» à propos de la possible fabrication par l’Irak d’armes de destruction massive depuis la suspension des inspections de l’UNSCOM, le 29 octobre.
Interrogé sur une tentative russe d’obtenir une levée rapide des sanctions, M. McCurry a indiqué que les Etats-Unis s’y opposeraient.
«Nous sommes membres du Conseil de Sécurité et nous avons un veto disponible si nécessaire», a-t-il lancé.
«Sur la base de son attitude», a-t-il poursuivi à propos du numéro un irakien, «il est difficile d’imaginer comment il pourrait y avoir une levée» des sanctions.
La menace d’un recours à un veto au Conseil de Sécurité a été également brandie par Sandy Berger, conseiller du chef de l’Exécutif US pour les affaires de sécurité nationale. M. Berger a lui aussi martelé ce qui constitue l’essentiel, ces dernières heures, du message américain: aucune concession n’a été faite à Bagdad; l’engagement pris par Moscou d’obtenir une levée des sanctions n’engage que la Russie.
Pourtant, le porte-parole du Kremlin Serguei Iastrjembski a clairement annoncé, au cours d’un déjeuner avec la presse étrangère, que son pays allait prendre de nouvelles initiatives au Conseil de Sécurité pour la levée des sanctions, soulignant la nécessité de «soulager la population civile irakienne». «Nous avons obtenu (à Genève) une victoire qui est une victoire de la raison; il n’y aura pas de confrontation, et maintenant s’ouvrent des perspectives d’activité diplomatique», a-t-il noté.
La Russie «n’a pas agi seule mais en coordination avec nos collègues». «Nous avons des rapports privilégiés avec l’Irak, tout comme la France», a-t-il poursuivi.
«Bien sûr, Bagdad doit suivre les recommandations du Conseil de Sécurité (...) mais l’Irak doit aussi voir la fin du tunnel et surtout la levée des sanctions», a estimé le porte-parole présidentiel.

Un préalable

Quant à Hubert Védrine, il a voulu voir dans l’accord de Genève «un premier point, le point le plus important», ajoutant qu’il s’agissait là d’«un préalable pour tout le reste». Selon le ministre français des Affaires étrangères, l’Irak a décidé unilatéralement de reprendre sa coopération avec les Nations Unies, aussi doit-il être assuré de la levée des sanctions internationales, une fois remplies toutes ces obligations. Dans une interview à paraître dans le quotidien français «Libération» aujourd’hui vendredi, M. Védrine est catégorique: «Il ne faut pas remettre en cause la présence des Américains. Cela ne serait pas acceptable». Mais, dit-il encore, des aménagements peuvent être apportés au mode de fonctionnement de l’UNSCOM, majoritairement américaine, et la France «présentera ses propres propositions».

Tâche ardue pour l’ONU

«Il faut dire aux Irakiens que quand ils auront rempli toutes les conditions et que la Commission en aura jugé ainsi, on lèvera vraiment les sanctions», ajoute-t-il.
«Une des propositions françaises est de considérer qu’on peut traiter les dossiers un par un (nucléaire, balistique...) pour tirer des conclusions intermédiaires», précise-t-il.
«Il faut par ailleurs élargir la formule «pétrole contre nourriture», ce que les Américains eux-mêmes acceptent», dit-il.
«Il y a une vraie évolution de la position américaine que nous devons encourager», souligne Hubert Védrine.
Le ministre français note toutefois que «les Etats-Unis sont dans une posture difficile dans le monde arabe à cause du blocage du processus de paix».
«Ceux qui sont en charge de la diplomatie américaine ont réalisé qu’en cas de frappe, la situation serait pire qu’avant, avec encore moins de contrôle sur l’Irak et une réaction extrêmement vive dans la région contre les Etats-Unis. Ils ont intelligemment cherché à éviter cette issue», conclut-il.
Au Caire où il se trouvait jeudi, Tarek Aziz a confirmé que la Russie avait «promis de faire de son mieux au Conseil de Sécurité pour œuvrer rapidement en vue de la levée des sanctions», reconnaissant toutefois que Moscou «n’a fait aucune promesse» à l’Irak.
Les observateurs sont unanimes à reconnaître que la tâche des Nations Unies s’avère désormais délicate, en raison des interprétations divergentes de la réunion de Genève. Dès, aujourd’hui, les 21 commissaires de l’UNSCOM se réuniront à New York en session spéciale d’urgence pour examiner les moyens de renforcer la commission, afin de la rendre «plus efficace» — une formule qui signifie que les effectifs des experts devraient augmenter, diminuant d’autant la proportion d’Américains.
En langage diplomatique, le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan a dit en soirée qu’une révision des sanctions «fais ait partie des discussions». «Il y a des indications selon lesquelles nous nous pencherons dessus», a-t-il conclu.



La Russie s’engage à activer la levée de l’embargo et la France parle d’un meilleur fonctionnement de l’UNSCOMBien que satisfaits, les USA brandissent la menace d’un veto au Conseil de Sécurité«Un bon début», a jugé Tarek Aziz. «Une sortie a été trouvée à la crise», a affirmé Hubert Védrine. Et Moscou a annoncé de nouvelles initiatives au Conseil de...