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Actualités - REPORTAGE

Des professionnels français à la découverte du théâtre libanais...

Le théâtre libanais est le centre d’intérêt d’une délégation professionnelle française. Plus d’une dizaine de directeurs de théâtres et de festivals ainsi que des responsables de la culture appartenant à différents services publics français, sont à Beyrouth, à l’initiative de «L’autre bureau», une structure de soutien à la production.
Claire Amchin, la responsable du bureau parisien à l’origine de ce voyage, a été attachée de presse auprès de différents théâtres publics. En 1985, elle décide de monter sa propre boîte. «Je continue d’exercer comme attachée de presse. Il y a cependant certains artistes que nous avons décidé, mon associé Marc Paquien et moi-même, d’accompagner tout au long de leur travail de création. Ils ne sont pas plus de trois ou quatre Français et un étranger, Jawad Assadi». Ce maillon de la chaîne de la production théâtrale existe pour répondre à un besoin «des metteurs en scène», explique-t-elle. «Cependant, notre choix se fait par affinités. Jawad Assadi, nous l’avons rencontré à l’occasion de la présentation des «Bonnes» à la Maison des cultures du monde à Paris. Nous avons été impressionnés par le travail de mise en scène. «Les Bonnes» de Jean Genet est une pièce très souvent jouée en France. Il nous a semblé que la version présentée par Assadi se rapprochait le plus de l’esprit de Genet». «L’autre bureau» fait un premier travail de promotion autour de cette pièce.
Alors que le metteur en scène irakien résidant à Beyrouth commence à travailler sur un nouveau texte, «al-Mastaba», Claire Amchin entame ses contacts pour aider à la production. «Avec Jawad Assadi, c’est pour la France une importante ouverture sur le théâtre du monde arabe», dit-elle. «Mais il était prématuré de parler d’une coproduction. Il fallait chercher le moyen de créer une première base d’aide. J’ai réussi à conclure un accord tripartite avec l’AFAA (Association française d’action artistique), le DAI (Département des affaires étrangères au ministère de la Culture) et l’ONDA (Office national de diffusion artistique). L’AFAA s’est occupée de fournir un scénographe, Jean-Pierre Vergier, pour la pièce que préparait Jawad et d’assurer tous ses frais. Parallèlement, le DAI a assumé les séjours de Assadi en France. L’ONDA, pour sa part, a participé aux structures d’accueil et de promotion de ce spectacle». Favorisant la qualité au détriment de la quantité, Claire Amchin veut créer une plate-forme de haut niveau. «Le marché du théâtre français est très restreint», estime-t-elle. «Il n’y a pas beaucoup de place. Alors nous préférons centrer nos efforts sur quelques metteurs en scène, pour les suivre comme nous le voulons».

La délégation

La délégation comprend outre Claire Amchin et Marc Paquien, une dizaine de responsables artistiques. Pour la plupart, ils découvrent notre théâtre et ses différentes formes d’expression. Ils ont assisté à une représentation de «al-Mastaba» au Théâtre de Beyrouth. Ils ont été également voir «Zawarib» avec Rafic Ali Ahmad au Madina et «Rizkallah ya Beyrouth» de Jalal Khoury au théâtre Monot.
Solange Barbiziers et Alain Derey sont tous deux du ministère français de la Culture. Elle est en charge de différents festivals dont celui d’Avignon et de nombreux théâtres. Il intervient en appui à certains projets.
Jean-Pierre Lacoste représente l’ONDA qui s’occupe plus particulièrement de la création contemporaine, cherchant à amener la création artistique et culturelle étrangère en France.

Double possibilité

Monique Blin, directrice du Festival international des francophonies en Limousin — dont le président, Robert Abi Rached, est Libanais — en est à son troisième séjour beyrouthin. Elle connaît quelques-uns des metteurs en scène de la première génération du théâtre contemporain libanais, «j’ai eu l’occasion d’assister au travail de Roger Assaf ou de Jalal Khoury». Et elle souhaiterait découvrir la nouvelle génération, surtout que le festival des francophonies ouvre une double possibilité aux metteurs en scène: participer à des spectacles croisés ou intégrer la maison des auteurs à résidence. «Le festival de Limoges a été créé en 1984. Il invite des compagnies de théâtre ou aide à la production de spectacles. Il organise des tournées dans l’espace francophone». «La poche secrète» de Siham Nasser a ainsi rejoint, il y a deux ans, les festivités du Limousin. «De ces différentes rencontres, naissent des ateliers de travail», souligne encore Monique Blin. Expériences communes ou spectacles croisés, le festival de Limoges utilise le théâtre pour dépasser le chaos ambiant, trouver un moyen de communiquer. «Parallèlement, la maison des auteurs créée en 1988 accueille six à sept auteurs par an sur une période de trois mois. Les meilleures conditions leur sont offertes pour qu’ils puissent démarrer un projet d’écriture. Ils doivent le remettre en un an». A la clé, une édition et une production. «Sur une cinquantaine de résidents, nous avons édité et produit une trentaine d’auteurs», dit Mme Blin. «Deux Libanais résidant au Canada, Abla Farhoud et Wajdi Moawad ont tenté cette expérience».
Thierry Dion, directeur du Festival «L’été francophone» de La Seyne-sur-Mer note avoir beaucoup travaillé en francophonie occidentale, «essentiellement avec la Belgique et la Suisse. Nous aimerions élargir nos horizons, aller plus vers les pays de la Méditerranée».

Théâtre restauré

Jean-Claude Grosse, directeur du centre culturel «Les 4 saisons-Le Revest» (Toulon), souligne que son intérêt se concentre sur le théâtre et la littérature. «Côté théâtre, le contact avec le monde arabe s’est fait à travers une troupe palestinienne de Hakawati. Côté littérature, nous avons notamment édité deux ouvrages de Salah Stétié. Et nous organisons une résidence d’écriture sur les antigones du Moyen-Orient».
Nicole Gautier et Roger Caracache ont présenté respectivement le Théâtre de la Cité internationale (Paris) et «Le Cargo» à Grenoble.
André Curmi directeur du théâtre «Les Plateaux» à Angoulême aborde rapidement la restauration de ce temple de l’art. La bâtisse datant de la fin du siècle dernier n’a ainsi conservé que quatre murs. Le projet autorise la refonte de tout l’espace intérieur.
Jean-Marie Hordé, directeur du Théâtre de la Bastille (Paris), indique pour sa part qu’«on ne travaillait jusque-là qu’avec les gens qu’on connaissait. Pour en connaître d’autres, il faut venir à leur rencontre». Et d’ajouter, «il n’y a pas d’art vivant qui ne soit l’art de rencontrer l’autre. Si en plus de cette rencontre, on peut faire naître un projet, alors...».
Venir à la rencontre du théâtre libanais, c’est «essayer de comprendre pourquoi et comment il est fait comme ça et non pas le juger par rapport à des critères occidentaux», estime-t-il. Et il ajoute: «l’art par définition ne connaît pas une seule vérité, il n’est donc pas soumis à des jugements de valeur. Il faut conserver la différence, c’est elle qui génère la richesse». La possibilité d’un échange entre le théâtre de la Bastille et des troupes libanaises existe, pourvu qu’elle soit le résultat d’un coup de cœur. «L’échange doit être d’artiste à artiste, et non pas le résultat d’un contact par ambassades interposées».
La délégation comprend également Mireille Pett-Antoni, agent artistique et Noureddine Ansari, collaborateur artistique.

A.G.
Le théâtre libanais est le centre d’intérêt d’une délégation professionnelle française. Plus d’une dizaine de directeurs de théâtres et de festivals ainsi que des responsables de la culture appartenant à différents services publics français, sont à Beyrouth, à l’initiative de «L’autre bureau», une structure de soutien à la production.Claire Amchin, la...