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Actualités - OPINION

Carnet de route Affaires de dieu, d'honneur et de zoologie

Il appartient aux islamologues, toutes disciplines confondues, de nous expliquer à quel point exact de l’histoire des pays musulmans s’inscrit l’incident — ou la tragédie — de Louxor. Ils n’échapperont pas à cette vérité que la misère se nourrit de Dieu, comme elle nourrit depuis le début des siècles l’ogre sanguinaire des «gens du livre» et les idoles des religions polythéistes. Les morts, Egyptiens ou touristes, de la vallée des rois sont, aussi bien, des victimes sacrificielles. Au plan politique, laissons le dernier mot à un confrère français: «En principe, l’islamisme, minoritaire et contenu dans la plupart des pays, ne peut pas gagner, ce qui exacerbe sa cruauté. Mais les graves carences des régimes qui le combattent lui offrent un bel avenir»(1). Autrement dit, embrigader les hommes de Dieu dans les hémicycles pour que justice soit faite. Et s’attaquer à la misère avec un dé à coudre?

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Belle réponse du berger à la bergère: Saïd al-Sahhaf, ministre irakien des Affaires étrangères, répond au conseiller pour la sécurité du président Clinton qui lui laisse entrevoir un accommodement possible de l’accord pétrole contre nourriture: «Nous ne sommes pas un camp de réfugiés pour que Berger nous octroie des miettes de nourriture. C’est inacceptable». Entre-temps, les chasseurs furtifs ont fait un retour remarqué sur les lieux de la «Tempête du désert». Mais la «partie de golfe» ne reprendra pas, ne serait-ce que parce que sa justification serait moins aisée aujourd’hui. Plus furtive...

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Une petite ville du Middle West américain s’est dotée d’un zoo qui fait la fierté de ses édiles et qui acquiert, un beau jour, un lionceau africain. Le jeune animal se prélasse dans sa cage quand arrive son premier repas apporté par le gardien: une soucoupe de cacahuètes. Le fauve, resté sur sa faim, ne proteste pas et fait des bonds jusqu’à l’heure du dîner. La même scène recommence, et devant la seconde soucoupe de cacahuètes, l’animal se plaint. Alors le gardien: «Ecoutez, nous sommes dans une petite ville et un petit zoo, et vous figurez sur le registre des ouistiti».
Il en va de même à Beyrouth où il vous semble n’être jamais ce que vous êtes, tant l’on vous taxe d’étranges épithètes. Non seulement l’anonymat y est impossible, comme dans toute province qui se respecte, mais l’on vous taxe de tout et de rien et encore de tout. Le déchiffrage n’est pas impossible (par exemple «original» peut signifier «intellectuel», et vice-versa). Je n’ai rien, par principe, contre la ouistitinasion, mais mon Dieu que de cacahuètes à ingurgiter!

Amal NACCACHE

(1) Laurent Joffrin, «Libération» du 18 novembre.
Il appartient aux islamologues, toutes disciplines confondues, de nous expliquer à quel point exact de l’histoire des pays musulmans s’inscrit l’incident — ou la tragédie — de Louxor. Ils n’échapperont pas à cette vérité que la misère se nourrit de Dieu, comme elle nourrit depuis le début des siècles l’ogre sanguinaire des «gens du livre» et les idoles des...