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Actualités - CHRONOLOGIE

Les problèmes financiers enveniment les rapports exécutif-législatif


Au terme d’une pause de plusieurs jours, qui a coïncidé avec l’émergence d’importants développements régionaux, l’actualité locale refait surface cette semaine avec comme toile de fond, principalement, les problèmes financiers et budgétaires dans lesquels se débat le gouvernement.

Ce dossier a été au centre d’une réunion nocturne que le président Hraoui a tenue vers 19 heures 30 au palais de Baabda avec M. Hariri. Auparavant dans la journée, le chef de l’Etat avait conféré à ce propos avec le président de la commission parlementaire des Finances, M. Khalil Hraoui, tandis que M. Hariri tenait des réunions de travail avec certains membres de son gouvernement (VOIR PAGE 2).
Dans un contexte de stagnation économique, l’Exécutif se trouve confronté au stade actuel à un double problème: les réserves formulées par les milieux parlementaires au sujet du projet de budget et la question épineuse du financement de la nouvelle échelle des salaires des fonctionnaires que l’Assemblée doit examiner sous peu et qui nécessite, si elle est votée par la Chambre, des recettes de près de... 1500 milliards de LL (soit un milliard de dollars!) afin de couvrir non seulement les nouveaux salaires, mais également l’effet rétroactif à début 96.
Il est, évidemment, superflu de préciser que la loi de finances pour l’exercice prochain ne prévoit pas de couvrir un tel montant. Et pour cause: les responsables sont toujours à la recherche d’un moyen (fiscal...) susceptible de financer, le cas échéant, ce projet de nouvelle échelle des salaires dans le secteur public.
A l’issue de son entrevue hier soir avec le président Hraoui, le premier ministre devait réaffirmer qu’il ne saurait être question pour le gouvernement de donner son aval à de quelconques nouvelles dépenses (dont, notamment, l’échelle des salaires) si les recettes correspondantes ne sont pas assurées. M. Hariri a, d’autre part, souligné que la décision de la commission parlementaire des Finances et du Budget de transmettre à la Chambre le projet de loi sur l’échelle des salaires, pour approbation, constitue «une décision politique et nullement financière».
En clair, cela signifie que l’Exécutif est engagé avec le Parlement dans un véritable bras de fer, les problèmes budgétaires et financiers ne constituant sur ce plan que la partie visible de l’iceberg. D’aucuns voient en effet dans les tiraillements actuels entre gouvernement et Parlement des manœuvres politiciennes visant à redéfinir un rapport de forces sur le plan local, plus particulièrement entre MM. Berry et Hariri, dans la perspective des prochaines échéances auxquelles sera confronté le pays.
Il reste que pour l’heure, l’examen du projet de budget paraît bloqué à la Chambre, alors que le délai limite pour le vote de la loi de finances expire légalement fin janvier. A sa sortie du palais de Baabda hier matin, le président de la commission parlementaire des Finances, M. Khalil Hraoui, a indiqué qu’il avait exposé au chef de l’Etat le point de vue des membres de la commission concernant le projet de budget. M. Hraoui a précisé à ce propos que la commission a «suspendu l’examen de la loi de finances dans l’attente que les chiffres soient discutés avec le chef du gouvernement».
M. Hraoui a souligné que la commission a exprimé des réserves au sujet des chiffres exposés dans le projet de budget, pour ce qui a trait aux estimations des dépenses et des recettes. «Il est de l’intérêt de l’opinion publique que ces chiffres soient clairs et transparents, a déclaré M. Hraoui. La solution réside dans la diminution des dépenses. Il existe plusieurs moyens, que le ministère des Finances connaît très bien, afin de réduire les dépenses», a conclu M. Hraoui.
Les milieux parlementaires, appuyés en cela par M. Berry, réclament ainsi une révision pure et simple de la loi de finances. Ils estiment, en effet, que les chiffres du projet de budget ont été «tronqués», en ce sens que les estimations des dépenses et des recettes ont été préalablement «ajustées» de manière à correspondre à un déficit budgétaire fixé d’avance (37 pour cent pour 1998). D’où la campagne menée aussi bien par le chef du Législatif que par les principaux pôles parlementaires afin d’amener le Cabinet Hariri à «modifier sa ligne de conduite sur le double plan économique et financier», dans le sens d’une diminution des dépenses et d’une réduction du gaspillage dans les administrations publiques.
Ce dossier fera l’objet d’une réunion de travail que MM. Berry et Hariri tiendront aujourd’hui en fin de journée. Cette rencontre devait avoir lieu hier soir. De fait, au terme de son entretien avec le chef de l’Etat, M. Hariri est entré en contact avec M. Berry pour l’informer qu’il comptait se rendre chez lui pour discuter des problèmes financiers. Le chef du Législatif a toutefois répondu qu’il préférait que la réunion ait lieu le lendemain (aujourd’hui) en présence de leurs principaux collaborateurs et conseillers respectifs. Ce soir, M. Berry sera ainsi entouré du président de la commission parlementaire des Finances et de plusieurs experts financiers, tandis que M. Hariri sera accompagné du ministre d’Etat chargé des Affaires financières Fouad Siniora et de ses proches collaborateurs.
Cette réunion élargie devrait permettre aux deux parties (le Législatif et l’Exécutif) de discuter cartes sur table du projet de budget, de la politique financière du gouvernement et des moyens de financer la nouvelle échelle des salaires du secteur public. Pour donner plus de poids à sa position, M. Berry conférera auparavant dans la journée avec les principaux pôles de l’opposition parlementaire, MM. Hussein Husseini, Sélim Hoss, Omar Karamé, Nassib Lahoud et Mohammed Youssef Beydoun (M. Boutros Harb se trouvant à l’étranger).
Lors de sa réunion avec M. Hariri, le président de la Chambre insistera sur le fait que la priorité devrait être accordée à la lutte contre le gaspillage et à la réduction des dépenses. L’augmentation des taxes, selon le chef du Législatif, ne devrait constituer que le dernier et ultime recours pour juguler le déficit budgétaire.
Les milieux parlementaires soulignent que c’est sur cette base que le chef du Législatif se montrera prêt à collaborer avec le gouvernement pour surmonter les difficultés financières actuelles. A défaut, affirment les mêmes sources, «le Parlement assumera ses responsabilités». L’une des solutions préconisées par M. Berry dans ce cadre réside dans la diminution du nombre de ministères, ou tout au moins dans la fusion de certains ministères. Cette suggestion a d’ailleurs été évoquée hier par le ministre de l’Agriculture Chawki Fakhoury, au terme d’un entretien matinal avec M. Hariri.
Quant au financement de la nouvelle échelle des salaires des fonctionnaires, nul ne semble se faire d’illusions à ce sujet. Dans les circonstances présentes, le gouvernement ne semble disposer d’aucun moyen pour assurer un montant d’un milliard de dollars. Dans les coulisses de la place de l’Etoile, on n’exclut pas que les députés sauront faire preuve de pragmatisme à ce propos et n’insisteront pas pour voter la nouvelle échelle des salaires. Tout au plus, le Parlement donnerait son aval à une simple augmentation de 20 pour cent. Reste à trouver les recettes susceptibles de couvrir ces charges supplémentaires.
En tout état de cause, le bras de fer entre le Législatif et l’Exécutif au sujet de la loi de finances ne semble pas prêt d’être atténué. Les milieux proches de M. Hariri indiquaient hier que «des solutions» sur ce plan pourraient être discutées au cours du Conseil des ministres de la semaine prochaine.

Au terme d’une pause de plusieurs jours, qui a coïncidé avec l’émergence d’importants développements régionaux, l’actualité locale refait surface cette semaine avec comme toile de fond, principalement, les problèmes financiers et budgétaires dans lesquels se débat le gouvernement.Ce dossier a été au centre d’une réunion nocturne que le président Hraoui a tenue...