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Actualités - CHRONOLOGIE

L'Irak déploie ses boucliers humains, mais la parole reste encore à la diplomatie Washington compte sur Paris et Moscou pour convaincre Bagdad et Tarek Aziz propose un retour conditionnel des experts US


L’Irak a installé hier de nouvelles familles en boucliers humains dans les usines à travers le pays afin de parer à une éventuelle attaque militaire des Américains, pendant que Washington continuait à agiter la menace militaire. Mais deux nouveaux éléments, apparus tard dans la soirée, sont venus démontrer que la parole restait encore à la diplomatie: le vice-premier ministre irakien Tarek Aziz a d’abord affirmé que son pays n’aurait pas d’objection à un retour des inspecteurs américains de l’UNSCOM pour peu qu’ils soient à parité égale avec les experts des autres pays. Ensuite, le secrétaire d’Etat US Madeleine Albright a publiquement fait savoir que Washington comptait sur Moscou et Paris pour faire pression sur Bagdad (VOIR AUSSI P. 10).

Dans une interview au quotidien français Le Figaro, M. Tarek Aziz a affirmé que «dans cette nouvelle équipe d’inspecteurs, les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité devraient avoir tous le même poids». «Nous ne sommes pas hostiles aux Américains. Mais nous ne voulons pas que les Etats-Unis dirigent l’UNSCOM et que, devant le Conseil de Sécurité, les opinions des inspecteurs américains soient acceptées comme des preuves irréfutables», a-t-il précisé dans cette interview, donnée peu avant son départ pour Rabat.
Le changement de ton irakien s’est également reflété dans des propos de Saddam Hussein rapportés hier soir par l’agence officielle irakienne INA. Le président irakien a ainsi affirmé que son pays ne cherchait pas la confrontation avec le gouvernement américain et souhaitait aboutir à une solution par le dialogue. «L’Irak ne cherche pas la confrontation avec le gouvernement américain et s’il est possible d’aboutir par le dialogue à une solution par laquelle le Conseil de Sécurité remplisse ses engagements vis-à-vis de l’Irak, nous serons heureux», a déclaré le président Saddam Hussein.
Quant au secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright, elle devait reconnaître que Washington comptait sur la Russie et la France pour convaincre Saddam Hussein de revenir sur sa décision d’expulser les inspecteurs de l’ONU. «Nous comptons sur la France et la Russie, en raison de leur capacité unique à communiquer avec Saddam Hussein, pour le convaincre que la seule solution est de revenir sur sa décision», a-t-elle déclaré.
Elle a confirmé que le président Bill Clinton avait contacté à ce propos les présidents français et russe, Jacques Chirac et Boris Eltsine, et qu’elle avait elle-même téléphoné à plusieurs reprises dans les dernières 24 heures à ses homologues Hubert Védrine et Evgueni Primakov.
Mme Albright a pris soin de souligner que Washington «estimait que la diplomatie est le meilleur moyen» pour l’instant de résoudre cette crise, tout en rappelant que les Etats-Unis «n’excluent pas d’autres options», c’est-à-dire l’usage de la force, «si la diplomatie échoue». «Nous ne cherchons pas une solution militaire mais il n’y a pas de porte de sortie pour Saddam Hussein s’il ne revient pas sur sa décision», a-t-elle déclaré.
Comme pour donner plus de poids aux menaces de Mme Albright, les préparatifs militaires se sont entre-temps poursuivis tout au long de la journée d’hier. Ainsi, selon l’agence turque Anatolie, l’activité s’est accrue sur la base aérienne d’Incirlik (sud de la Turquie) que les appareils américains et britanniques utilisent pour surveiller le nord de l’Irak. Quant au porte-avions américain George Washington, il a traversé dimanche après-midi le canal de Suez se dirigeant vers le Golfe où il doit renforcer la dispositif américain déjà en place.


Les «boucliers humains»
s’installent

En Irak entre-temps, des centaines de civils «volontaires» se sont installés dans des usines de Bagdad et de sa banlieue, des centrales électriques et des raffineries pour les protéger de leurs corps. Assis à même le sol, ils scandaient «A bas l’Amérique, à bas Clinton», tandis que les machines continuaient de tourner.
Deux autres usines, une de textile et une d’huiles végétales, ont également été ouvertes. Elles ont accueilli au total près de 350 familles, ont constaté les journalistes. Des centaines de civils se sont également installés dans des palais et des bâtiments gouvernementaux.
Parallèlement, l’opposition à une action militaire va croissant. Avant même l’arrivée de Mme Albright à Bahrein, le gouvernement de cet archipel qui abrite la Ve flotte américaine a souhaité «un règlement pacifique» de la crise.
Le Koweit, où le secrétaire d’Etat a été reçue par l’émir cheikh Jaber al-Ahmad al-Sabah, a fait de même. «Nous ne soutenons aucune intervention militaire», a déclaré le ministre koweitien des Affaires étrangères cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, en visite au Caire. Un responsable américain a cependant assuré que les Etats-Unis «avaient reçu d’autres indications par d’autres voies» sur la position koweitienne.
En Jordanie, le prince héritier Hassan Ibn Talal a estimé que l’image des Etats-Unis pâtirait d’une action militaire contre l’Irak. La Syrie et le Yémen se sont opposés à une frappe américaine.
L’Irak a installé hier de nouvelles familles en boucliers humains dans les usines à travers le pays afin de parer à une éventuelle attaque militaire des Américains, pendant que Washington continuait à agiter la menace militaire. Mais deux nouveaux éléments, apparus tard dans la soirée, sont venus démontrer que la parole restait encore à la diplomatie: le vice-premier...