Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Hariri proposera la candidature du Liban pour le sommet francophone de 2001 La bataille sera serrée car le choix de la Roumanie serait déjà pratiquement acquis


Hanoi, de notre envoyé spécial Roger GEHCHAN.
Le Liban pourrait être appelé à jouer un rôle de plus en plus important au sein de l’Organisation francophone. La conférence ministérielle réunie en prélude au sommet de la francophonie a accepté en principe, sur proposition de M. Khatchig Babikian, d’organiser ses prochaines assises au Liban, mais a laissé le choix de la date au chef du gouvernement libanais, Rafic Hariri, arrivé jeudi à Hanoi et qui a opté pour le mois de décembre 1998. La candidature du Liban a été appuyée par la France. Pour être définitivement retenue, elle doit encore être approuvée par le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays francophones qui s’ouvre aujourd’hui dans la capitale du Vietnam, ville surpeuplée, grouillant de vie, où le ballet incessant de la nuée de bicyclettes et de vespas est étourdissant.
Hariri prononcera le mot du Liban aujourd’hui, au cours de la séance d’ouverture. Il proposera que le premier sommet de la francophonie du 21e siècle, en 2001, se déroule au Liban, le Canada ayant d’ores et déjà choisi pour accueillir le prochain sommet, celui de 1999. Si la conférence adopte cette proposition, l’événement sera considérable pour le Liban, l’ensemble francophone comptant déjà 49 Etats membres et étant appelé à s’agrandir avec la prochaine adhésion de la Pologne et de la Moldavie. Mais la partie sera serrée, le choix de la Roumanie pour 2001 étant pratiquement déjà acquis, selon plusieurs sources.

Le discours de Hariri

Le discours de Hariri sera relativement bref. Le chef du gouvernement soulignera en préambule que le «Vietnam est un pilier essentiel de la francophonie en Asie du Sud-Est». Il rappellera ensuite que «l’attachement du Liban à la communauté francophone tourne autour de trois pôles: la solidarité, le respect de la diversité des cultures et l’usage de la langue française».
Il insistera sur la nécessité pour la francophonie de respecter la «diversité des cultures». Le chef du gouvernement lancera un appel aux Etats francophones du nord pour qu’ils soutiennent ceux du sud «dans la recherche de solutions adéquates aux problèmes de (leur) dette et des pressions sur (leurs) ressources intérieures», ajoutant qu’il «ne faudrait pas que les contraintes budgétaires dans les pays bailleurs de fonds entravent les efforts de redressement économique dans les pays moins favorisés».
Tout en dénonçant le terrorisme, il réaffirmera le droit «à la résistance face à l’occupation» et soulignera que le «Liban sollicite aujourd’hui l’aide de ses partenaires pour la libération de son territoire de l’occupation israélienne, en conformité avec la résolution 425 du Conseil de Sécurité». «Un Liban pleinement maître de ses destinées est une nécessité pour ses partenaires», dira M. Hariri.
A l’issue de la séance d’ouverture, le sommet s’attaquera aux problèmes sérieux découlant de la fronde menée par le groupe des 29 pays de l’Afrique Noire contre l’option de la France, fortement appuyée par l’Egypte et le Liban, de doter de larges prérogatives le secrétaire général de la communauté francophone qui doit être élu par le sommet. L’idée de la France vise à opérer une mutation profonde de l’ensemble francophone en le transformant en une organisation internationale structurée, dotée d’institutions et susceptible de jouer un rôle politique, si tant est qu’il y a encore une marge pour l’action politique sur une scène internationale où les Etats-Unis occupent insolemment toute la place, murés dans leurs préjugés et leur complexe de supériorité.
Jeudi, à la veille de l’ouverture de la conférence, il était hasardeux de se prononcer sur le point de savoir si les obstacles surgis au niveau des réunions des ministres en raison des objections soulevées par les représentants de l’Afrique Noire seraient facilement surmontés par les chefs d’Etat et de gouvernement, ou si de nouveaux grincements se produiraient, transformant le sommet en une véritable épreuve de force entre, d’une part, le groupe des 29 et les autres participants. Les délégués du continent noir continuaient d’affirmer qu’ils étaient déterminés à fixer à deux ans (au lieu des quatre prévus) le mandat du futur secrétaire général, à lui conférer des prérogatives restreintes et à ramener à sa plus simple expression le budget de l’Organisation. Les Africains font valoir que la structure prévue pour la nouvelle organisation suppose un budget lourd, que les Etats du continent noir n’ont pas les moyens d’alimenter. «Nous manquons d’argent pour envoyer nos enfants à l’école et vous nous demandez de nous engager dans de nouvelles dépenses» avait déclaré le représentant d’un de ses Etats au cours des débats de la conférence ministérielle francophone qui a clôturé ses travaux mercredi. «Il vaut mieux, avait-il ajouté, consacrer le budget prévu pour le secrétariat général à des projets de développement de nos pays».

Risque de blocage

En réalité, dans les réticences des Africains, il y a une grande part de motivation politique, un refus de se voir entraîner dans une organisation largement sous l’influence de la France. Et c’est pour cette raison qu’ils ont trouvé un appui en sous-main de la part du Canada, du Québec et de la Belgique.
Cependant, dans les milieux de la délégation française, on affirmait que le fossé avait été en grande partie comblé et que les dernières divergences seraient réglées par les chefs d’Etat et de gouvernement au cours du sommet. Si tel n’était pas le cas, le risque d’un blocage ne pourrait pas être entièrement exclu. Au cours de la conférence ministérielle qui a précédé le sommet, les Egyptiens avaient expliqué clairement qu’ils n’accepteraient pas un mandat réduit à deux ans et des fonctions purement honorifiques pour le secrétaire général.
Boutros Boutros-Ghali, étant resté seul en lice, est assuré d’être élu d’office. Il est arrivé hier dans la capitale vietnamienne et s’est voulu particulièrement discret, se refusant, à l’hôtel où il loge, qui est le même que celui de Jacques Chirac, à commenter les prises de position du groupe des 29 pays africains. «On verra bien au cours du vote. Les nouvelles au sujet des divergences sur la durée du mandat et le budget sont dépassées», a-t-il déclaré à «L’Orient-Le Jour», se refusant catégoriquement à ajouter un seul mot à cette déclaration. Deux heures plus tard, il rendait visite à M. Hariri au huitième étage de l’hôtel Horizon, où loge la délégation libanaise. Assailli par les journalistes, il s’est montré toujours aussi laconique, indiquant qu’il «avait examiné avec le président Hariri l’idée d’organiser la conférence ministérielle de l’organisation francophone (en 1998) au Liban et l’idée d’organiser le sommet de 2001 au Liban». Et d’ajouter: «Je ne peux qu’appuyer cette idée en ma qualité de délégué du président Moubarak au présent congrès. J’ai promis au président Hariri de visiter le Liban dans les prochains mois pour exprimer mon affection au peuple libanais et au Liban». Interrogé sur les revendications du groupe des 29 Africains, il a fait valoir qu’«elles relevaient de la compétence des chefs d’Etat et de gouvernement. Ce sont eux qui prendront une décision à ce sujet. Personnellement, je n’ai pas de commentaire à faire».
R.G.





Hanoi, de notre envoyé spécial Roger GEHCHAN.Le Liban pourrait être appelé à jouer un rôle de plus en plus important au sein de l’Organisation francophone. La conférence ministérielle réunie en prélude au sommet de la francophonie a accepté en principe, sur proposition de M. Khatchig Babikian, d’organiser ses prochaines assises au Liban, mais a laissé le choix de la...