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Actualités - CHRONOLOGIE

Toufayli jette du lest après l'intervention de Berry La Bekaa n'est plus zone interdite pour les députés Municipales : le parlement à la recherche d'une formule de substitut aux nominations

MUNICIPALES: LE PARLEMENT À LA RECHERCHE D’UNE FORMULE DE SUBSTITUT AUX NOMINATIONS


Les efforts déployés en coulisses pour tenter de désamorcer «la bombe Toufayli» ont, semble-t-il, porté leurs fruits. C’est une question de jours, voire même de quelques heures, avant que le chef de «la révolte des affamés», cheikh Sobhi Toufayli, n’annonce la réouverture des routes de la Békaa devant les députés de la région, mais non devant les ministres. Si cheikh Toufayli a mis de l’eau dans son vin, c’est parce qu’il a eu des assurances que les projets de développement promis pour les secteurs déshérités de la Békaa vont être mis en oeuvre... dès que l’argent nécessaire pour leur financement sera trouvé, selon des sources proches de Aïn el-Tiné. Le cas Toufayli est donc sur le point d’être réglé, mais on ne peut pas en dire autant pour la crise née de la décision du gouvernement de procéder à des nominations au sein des conseils municipaux. La présidence de la Chambre s’efforce pour l’heure de trouver pour les municipales prévues à partir du 20 avril, une formule qui fasse l’unanimité autour d’elle. Celle-ci pourrait s’exprimer par l’adoption du principe du vote dans le lieu de résidence et non pas nécessairement dans la localité d’origine, d’autant que l’usage de la carte électorale faciliterait cette opération. Mais ce projet est vivement contesté dans les milieux gouvernementaux où l’on estime que ce genre d’élections facilitera la fraude.
Les jours à venir verront une intense activité parlementaire centrée sur l’affaire des municipales, projet auquel la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice doit s’attaquer à partir de lundi. Mais pour l’heure, la priorité est accordée à l’affaire Toufayli, le chef de «la révolte des affamés» ayant menacé de recourir à l’escalade au cas où ses revendications sociales ne seraient pas satisfaites.
Dans les milieux proches de M. Nabih Berry, on faisait état hier d’une prochaine réunion du «Conseil des notables» au terme de laquelle cheikh Toufayli annoncerait que les députés de la région sont les bienvenus et qu’il entend donner à l’Etat une nouvelle chance pour lancer une série de projets de développement à Baalbeck-Hermel. Cette réunion aura lieu dans les prochaines quarante-huit heures. C’est ce qu’on confirme également dans les milieux proches de cheikh Toufayli où l’on précise toutefois que la Békaa restera interdite d’accès aux ministres et que les députés seront de nouveau autorisés à se rendre dans la région, à condition qu’ils ne critiquent pas le mouvement du «chef des affamés». Par ces conditions, cheikh Toufayli entend adresser aux autorités un message selon lequel il reste maître de la situation et qu’il n’est pas prêt de renoncer à son mouvement revendicatif. Il convient de rappeler que «le cheikh des affamés» avait récemment annoncé des manifestations populaires pour les 14 et 15 décembre.
Il y a lieu de rappeler aussi que depuis que l’ancien secrétaire général du Hezbollah a interdit aux officiels l’accès à la Békaa et que ses partisans se sont mis à harceler les députés de la région, le chef du Parlement a établi des contacts tous azimuts avec des proches du chef de «la révolte des affamés» pour éviter que la situation ne dégénère. C’est cheikh Khodr Tleiss, ancien député du Hezbollah, aujourd’hui proche de cheikh Toufayli, qui joue le rôle de médiateur. Cheikh Tleiss a été convoqué hier matin par le chef du Législatif à Aïn el-Tiné, pour une ultime réunion qui a couronné une série d’autres tenues loin de tout tapage médiatique. Celle-ci était aussi supposée se dérouler dans le secret puis il a été décidé d’en informer la presse lorsqu’il a été question d’un revirement d’attitude de cheikh Toufayli. Au cours de son entretien avec l’ancien député du Hezbollah, M. Berry s’est engagé au nom du Parlement à œuvrer pour que les projets de développement prévus pour la Békaa soient mis à exécution avant la fin de l’année. Le chef du Législatif a assuré que les 150 milliards de livres nécessaires au financement de ces projets et votés par le Parlement seront assurés d’ici là. Dans la matinée, il avait reçu un appel téléphonique du chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, qui se trouve en visite au Japon (VOIR PAR AILLEURS) et lui avait de nouveau demandé d’accorder la priorité aux projets prévus pour les régions déshéritées de la Békaa et du Liban-Nord.
M. Berry a en outre transmis par l’entremise de cheikh Tleiss un message à l’ancien secrétaire général du Hezbollah. Dans les milieux proches de Aïn el-Tiné, on s’est abstenu de révéler la teneur de ce message mais on s’attendait à ce que cheikh Toufayli publie dans la matinée un communiqué annonçant la réouverture des routes de la Békaa devant les députés de la région. Au lieu de cela, c’est cheikh Tleiss qui a publié un communiqué qualifiant ses entretiens avec le chef du Législatif de «positifs». Le texte, qui a été communiqué à M. Berry avant d’être distribué à la presse, a souligné «l’engagement du chef du Législatif à exécuter une série de projets de développement dans la région de Hermel-Baalbeck avant la fin de l’année et à prévoir dans le cadre du budget de 1998 des fonds qui serviront à réaliser d’autres projets du même genre l’année prochaine».
Cheikh Tleiss a aussi affirmé avoir insisté sur la nécessité que les députés «œuvrent pour servir le peuple et pour préserver ses droits et s’abstiennent de critiquer ce que les habitants de Baalbeck-Hermel  sont en train d’entreprendre», en allusion au mouvement revendicatif de cheikh Toufayli, qu’on n’hésite pas à présenter, dans certains milieux politiques, comme un moyen utilisé par l’ancien secrétaire général du Hezbollah pour s’affirmer sur la scène politique locale et rallier autour de lui la base populaire de la formation intégriste, dirigée par cheikh Hassan Nasrallah.

Les municipales

Dans ces milieux, on pense que les prochaines élections municipales serviront de test pour la popularité des deux courants chiites. A ce sujet, il convient de préciser que le chef du Parlement entend consulter les députés à propos des possibles formules d’amendement du texte proposé par le gouvernement pour les prochaines élections municipales, a-t-on appris de sources parlementaires. Ces consultations, commandées par la vaste opposition au projet de nominations au sein des conseils municipaux, auront lieu probablement avant que le texte ne soit examiné à partir de lundi, en commissions, selon les mêmes sources.
De mêmes sources, on indique qu’une série de formules de substitut aux nominations ont été passées en revue durant les deux réunions du bureau de la Chambre et des présidents et rapporteurs des commissions parlementaires, mardi, mais semblent toutes inapplicables. Selon des sources proches de Aïn el-Tiné, s’il n’est pas nécessaire de recourir aux nominations, il est en revanche indispensable de préserver l’entente nationale, qui, de l’avis des partisans des désignations, peut être ébranlée au cas où les élections municipales donneraient naissance à des conseils dont la composition refléterait un déséquilibre communautaire. De mêmes sources, on précise que le chef du Parlement souhaite approfondir l’étude d’une formule proposée une première fois lors des élections législatives et reprise récemment par le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir: le vote dans le lieu de résidence, où qu’il soit, grâce à l’utilisation de la carte électorale. De la sorte, des personnes originaires d’un village du Chouf ou limitrophe de la bande frontalière pourraient à titre d’exemple, choisir leurs représentants locaux à partir de Beyrouth. Des proches de M. Berry indiquent que cette formule sera examinée en commissions.
Mais selon des sources ministérielles, cette formule n’a aucune chance d’être retenue, qu’il s’agisse d’une carte électorale ordinaire ou d’une carte magnétique. «Ceux qui en parlent ne savent pas de quoi il s’agit exactement. Dans le meilleur des cas, il faudra au moins un an pour mettre au point ce système sans compter qu’il coûterait à l’Etat des dizaines de milliards de livres», selon ces sources, qui excluent la possibilité d’une ouverture de deux bureaux de vote destinés à un même village, mais dans deux régions différentes, dans la mesure où ce procédé favoriserait la fraude.
Dans ces milieux, on estime que la formule proposée dans le texte élaboré par le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, reste la plus acceptable dans la mesure où elle permet l’organisation des élections municipales tout en garantissant l’équilibre communautaire au sein des conseils municipaux. De mêmes sources, on tient à souligner que les localités où des nominations sont envisagées ne représentent que 10% de l’ensemble des municipalités au Liban, dont le nombre se situe autour de 800. Une partie des membres des conseils municipaux doit être nommée dans moins de 100 municipalités, selon les mêmes sources, qui comptent 11 villages dans la zone limitrophe de la bande frontalière, une cinquantaine dans les régions aux populations déplacées, et une dizaine de centres d’estivage.
MUNICIPALES: LE PARLEMENT À LA RECHERCHE D’UNE FORMULE DE SUBSTITUT AUX NOMINATIONSLes efforts déployés en coulisses pour tenter de désamorcer «la bombe Toufayli» ont, semble-t-il, porté leurs fruits. C’est une question de jours, voire même de quelques heures, avant que le chef de «la révolte des affamés», cheikh Sobhi Toufayli, n’annonce la réouverture des routes...