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Actualités - ANALYSE

Interrogations persistantes après les explosions de la semaine dernière

Les cercles politiques locaux, mais aussi nombre de diplomates étrangers, suivent de près les investigations sur les explosions de la semaine dernière à l’AUB et dans la gare routière Charles Hélou pour tenter de savoir si elles ont été organisées par des services secrets étrangers, s’il s’agit d’une action menée par des parties locales et s’il existe un lien quelconque avec des échéances régionales ou intérieures… On sait que le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, mais aussi M. Nabih Berry, président de la Chambre et chef du mouvement «Amal», ont accusé l’Etat hébreu et ses agents d’être derrière ces tentatives de déstabilisation à l’intérieur du Liban, les perturbations de ce genre ne donnant au Sud du point de vue israélien que des contre-effets, avec des réactions négatives en Israël même. Le message, selon les officiels, est bien arrivé. Mais il reste à en déterminer avec exactitude la source technique, pour prendre les mesures préventives les plus appropriées, comme l’a souligné M. Murr.
Au départ, les autorités avaient l’intention, du reste dévoilée par le même ministre, de multiplier les barrages de contrôle, fixes ou mobiles, les patrouilles de l’armée et des FSI dans la capitale, dans sa banlieue comme dans toutes les régions, bref d’enserrer le pays dans un corset de sécurité préventive. Une sorte de plan Vigipirate (appliqué en France après les attentats) auquel on a fini par renoncer pour des raisons psycho-politiques car un tel état d’urgence créerait dans le pays une tension d’autant plus pénible que la population en éprouverait beaucoup de gêne dans ses déplacements comme dans ses activités. Sans compter que, comme on l’a vu en Israël, même un dispositif policier encore plus rigoureux ne pourrait pas empêcher des terroristes professionnels de récidiver, le mieux étant dans ce domaine de mobiliser à plein les services de renseignement et d’investigation, pour essayer de parer les coups par l’information. Une information qui doit se faire pointilleuse, en pénétrant, en noyautant secrètement les quartiers et les groupements occultes dont on subodore l’existence çà ou là. Un premier point important serait sans doute marqué si les enquêteurs parvenaient à démasquer et à appréhender les auteurs des deux attentats.
Ainsi on pourrait éventuellement confirmer les présomptions énoncées par les autorités locales, selon lesquelles des agents à la solde d’Israël auraient placé la bombe à l’AUB pour inciter les Etats-Unis à rétablir l’embargo sur le voyage à destination du Liban, afin de porter atteinte à notre économie comme à notre crédit à l’étranger. L’arrestation éventuelle de ces agents ferait condamner Israël par la communauté internationale et blanchirait la réputation du Liban sur le plan de la stabilité. Washington est en tout cas aux aguets, indiquent des sources informées, et suit de très près l’évolution de la situation sécuritaire dans ce pays, pour savoir de quoi il en retourne au juste, d’autant que ce n’est pas sans exprimer des réserves que Madeleine Albright avait annoncé la levée de l’embargo. Il reste que la bombe artisanale placée à l’AUB peut s’avérer être le fait, par exemple, d’un étudiant renvoyé, auquel cas il n’y aurait pas de retombées politiques d’importance et on en resterait là…
Quant à l’attentat perpétré à la gare routière Charles Hélou, les responsables locaux n’excluent pas qu’il s’agisse d’un règlement de comptes interne mais précisent qu’il peut y avoir là aussi une action des agents d’Israël visant à faire pression sur le Liban pour qu’il accepte de discuter de «mesures de sécurité à la frontière» des deux pays, autrement dit, pour qu’il accepte de neutraliser la résistance active… Et du même coup pour que le Liban dissocie son volet de celui de la Syrie, ce qui est tout à fait inadmissible pour Beyrouth, comme nul ne l’ignore. Au point que même si Israël devait reprendre son chantage à la sécurité en faisant multiplier les attentats à l’intérieur du Liban, même si cela devait paralyser encore plus l’économie nationale, la réponse à ses propositions serait toujours la même: un «non» tout à fait définitif.

E. K.
Les cercles politiques locaux, mais aussi nombre de diplomates étrangers, suivent de près les investigations sur les explosions de la semaine dernière à l’AUB et dans la gare routière Charles Hélou pour tenter de savoir si elles ont été organisées par des services secrets étrangers, s’il s’agit d’une action menée par des parties locales et s’il existe un lien...