Au départ, les autorités avaient l’intention, du reste dévoilée par le même ministre, de multiplier les barrages de contrôle, fixes ou mobiles, les patrouilles de l’armée et des FSI dans la capitale, dans sa banlieue comme dans toutes les régions, bref d’enserrer le pays dans un corset de sécurité préventive. Une sorte de plan Vigipirate (appliqué en France après les attentats) auquel on a fini par renoncer pour des raisons psycho-politiques car un tel état d’urgence créerait dans le pays une tension d’autant plus pénible que la population en éprouverait beaucoup de gêne dans ses déplacements comme dans ses activités. Sans compter que, comme on l’a vu en Israël, même un dispositif policier encore plus rigoureux ne pourrait pas empêcher des terroristes professionnels de récidiver, le mieux étant dans ce domaine de mobiliser à plein les services de renseignement et d’investigation, pour essayer de parer les coups par l’information. Une information qui doit se faire pointilleuse, en pénétrant, en noyautant secrètement les quartiers et les groupements occultes dont on subodore l’existence çà ou là. Un premier point important serait sans doute marqué si les enquêteurs parvenaient à démasquer et à appréhender les auteurs des deux attentats.
Ainsi on pourrait éventuellement confirmer les présomptions énoncées par les autorités locales, selon lesquelles des agents à la solde d’Israël auraient placé la bombe à l’AUB pour inciter les Etats-Unis à rétablir l’embargo sur le voyage à destination du Liban, afin de porter atteinte à notre économie comme à notre crédit à l’étranger. L’arrestation éventuelle de ces agents ferait condamner Israël par la communauté internationale et blanchirait la réputation du Liban sur le plan de la stabilité. Washington est en tout cas aux aguets, indiquent des sources informées, et suit de très près l’évolution de la situation sécuritaire dans ce pays, pour savoir de quoi il en retourne au juste, d’autant que ce n’est pas sans exprimer des réserves que Madeleine Albright avait annoncé la levée de l’embargo. Il reste que la bombe artisanale placée à l’AUB peut s’avérer être le fait, par exemple, d’un étudiant renvoyé, auquel cas il n’y aurait pas de retombées politiques d’importance et on en resterait là…
Quant à l’attentat perpétré à la gare routière Charles Hélou, les responsables locaux n’excluent pas qu’il s’agisse d’un règlement de comptes interne mais précisent qu’il peut y avoir là aussi une action des agents d’Israël visant à faire pression sur le Liban pour qu’il accepte de discuter de «mesures de sécurité à la frontière» des deux pays, autrement dit, pour qu’il accepte de neutraliser la résistance active… Et du même coup pour que le Liban dissocie son volet de celui de la Syrie, ce qui est tout à fait inadmissible pour Beyrouth, comme nul ne l’ignore. Au point que même si Israël devait reprendre son chantage à la sécurité en faisant multiplier les attentats à l’intérieur du Liban, même si cela devait paralyser encore plus l’économie nationale, la réponse à ses propositions serait toujours la même: un «non» tout à fait définitif.
E. K.
Les plus commentés
Après Bou Saab, Alain Aoun : la démarche de limogeage mise sur les rails
Derrière la visite de Walid Boukhari à Meerab
Le Hamas accepte une proposition de cessez-le-feu qataro-égyptienne, Israël la juge "adoucie et inacceptable" : jour 213 de la guerre de Gaza