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Actualités - CHRONOLOGIE

L'Irak résolu à crever l'abcès de l'embargo, même au prix d'une nouvelle épreuve de force (photo)

L’Irak semble résolu à crever l’abcès de l’embargo qui l’étrangle, au prix d’une nouvelle épreuve de force qui, même s’il devait en sortir perdant, obligerait au moins l’ONU à un réexamen des sanctions.
Jouant sur les divisions apparues au sein du Conseil de Sécurité, le président Saddam Hussein a décidé mercredi d’expulser dans les sept jours les experts américains du désarmement travaillant pour l’ONU.
Il peut espérer que la Russie, la France et la Chine, plus souples envers Bagdad que Washington et Londres, limiteront la rigueur de la riposte. Moscou s’est déjà opposé à l’avance à tout recours à la force. L’Irak a déjà fait savoir qu’il ne craignait pas de nouvelles frappes de missiles de croisière américains, comme il en a essuyé en 1993 et 1996.
Officiellement, Bagdad a déclenché la crise pour obtenir que la Commission spéciale de l’ONU (UNSCOM) chargée de le désarmer fixe un terme rapproché à sa mission. Moscou et Paris l’ont prévenu qu’il n’obtiendrait pas gain de cause. L’UNSCOM soupçonne en effet Bagdad de continuer à dissimuler un programme secret d’armes biologiques, menace potentielle pour toute la région.
L’Irak a toujours échoué à obtenir que l’ONU déclare qu’il a satisfait à son obligation de désarmer, condition essentielle à la levée de l’embargo pétrolier en place depuis l’invasion du Koweit en 1990.
Mais Saddam Hussein espère peut-être un «assouplissement de l’accord pétrole contre nourriture», en échange des progrès déjà accomplis avec l’UNSCOM, a estimé Rosemary Hollis, directeur Proche-Orient au Royal Institute of International Affairs à Londres. Cet accord, prévu par la résolution 986, autorise l’Irak à exporter l’équivalent de deux milliards de dollars pour importer vivres et médicaments.

Un peu plus de carottes

L’accord, entré en vigueur en 1996, doit être reconduit pour six mois en décembre prochain et les termes peuvent en être modifiés, une revendication irakienne de longue date.
Les agences humanitaires de l’ONU ont déjà fait savoir que ce montant était insuffisant pour combattre la malnutrition dont souffre une majorité des 22 millions d’Irakiens. «Nous devrions réexaminer l’application des résolutions du Conseil de Sécurité pour avoir un peu plus de carottes à offrir à l’Irak», a estimé Sir John Moberly, ancien ambassadeur britannique à Bagdad. «On pourrait faire plus pour débloquer plus d’argent à des fins humanitaires», a-t-il ajouté.
Au minimum, Bagdad aura rappelé le monde à son attention. Après l’accord pétrole contre nourriture, les Irakiens «sentent qu’ils ont été oubliés et ils veulent attirer l’attention sur leur problème», a commenté Rosemary Hollis.
Avec cet accord, l’Irak a largement perdu l’argument des souffrances de la population dont il jouait pour réclamer la levée de l’embargo.
Préoccupée par d’autres crises, la communauté internationale a tendance à oublier l’Irak qui, après avoir été privé du pétrole, sa première richesse, perd lentement ses ressources humaines et le contrôle de son territoire. Depuis des années, les Irakiens par milliers immigrent clandestinement en Europe et au-delà. L’Iran, quant à lui, pourchasse ses opposants jusqu’à Bagdad. Et depuis deux semaines, la Turquie intervient ouvertement dans le conflit entre Kurdes d’Irak dans les provinces septentrionales que Bagdad a dû abandonner depuis 1991.
L’Irak semble résolu à crever l’abcès de l’embargo qui l’étrangle, au prix d’une nouvelle épreuve de force qui, même s’il devait en sortir perdant, obligerait au moins l’ONU à un réexamen des sanctions.Jouant sur les divisions apparues au sein du Conseil de Sécurité, le président Saddam Hussein a décidé mercredi d’expulser dans les sept jours les experts...