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Actualités - ANALYSE

Le droit de vote à partir de 18 ans La proposition Tabbarah fait son chemin


Le Conseil des ministres qui s’est tenu mercredi au palais gouvernemental n’a pas seulement évoqué le projet de loi sur les municipales et décidé des nominations administratives, il a aussi parlé d’un projet de loi visant à accorder le droit de vote aux citoyens âgés de 18 ans et plus.

Le ministre de la Justice, M. Bahige Tabbarah, avait présenté une telle suggestion lors de l’étude de la loi électorale de 1996. Il s’était alors heurté à l’opposition de plusieurs ministres, certains invoquant les exigences de l’entente nationale «encore fragile», selon eux, et qu’il ne faut pas soumettre à des expériences aussi graves, alors que d’autres ont argué de l’article 21 de la Constitution qui stipule: «Est électeur tout citoyen libanais âgé de 21 ans révolus qui remplit les conditions prévues par la loi électorale». Selon ces derniers, l’octroi du droit de vote aux citoyens âgés de 18 ans au moins nécessiterait un amendement de cet article et donc de la Constitution.

150.000 nouveaux électeurs

Mais l’argument le plus «convaincant» est venu du ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, qui avait affirmé qu’il était techniquement impossible de faire figurer les 150.000 nouveaux électeurs (car selon les statistiques officielles, 50.000 Libanais atteignent l’âge de 18 ans chaque année) dans les listes électorales, dans un délai si court. Pour toutes ces raisons, la proposition du ministre Tabbarah avait alors été rejetée.
Aujourd’hui, alors que le pays se prépare aux élections municipales, M. Tabbarah a ressorti sa proposition. D’abord, il est convaincu que l’article 21 de la Constitution peut être interprété différemment: s’il exige de donner le droit de vote à tout citoyen d’au moins 21 ans, cela ne signifie pas qu’il est interdit d’accorder ce même droit à des citoyens plus jeunes. Mais, de toute façon, les dispositions de l’article 21 ne s’appliquent pas aux élections municipales, puisqu’il est limité aux législatives. Donc, l’octroi du droit de vote municipal aux citoyens de 18 ans ne nécessite aucune disposition particulière. De plus, pour M. Tabbarah le Liban est le seul pays de la région qui limite l’octroi du droit de vote aux citoyens âgés de 21 ans au moins. Il est donc temps, selon lui, de remédier à cet état de choses. C’est pourquoi, il a de nouveau soumis à l’étude sa proposition sur la réduction de l’âge du droit de vote.

Accueil plus chaleureux

Selon des sources ministérielles, la proposition a reçu, mercredi, un accueil plus chaleureux que la dernière fois. Et si certaines voix ont quand même évoqué l’entente nationale, craignant en fait l’impact de ces 150.000 nouvelles voix sur le cours électoral, la grande majorité des ministres y étaient plutôt favorables. Mais là aussi, on s’est heurté aux difficultés techniques d’inclure les 150.000 voix aux listes électorales déjà préparées. Il a été donc convenu qu’en principe, cette proposition serait adoptée pour les prochaines élections municipales et peut-être législatives. En tout cas, désormais, l’idée fait son chemin et elle finira bien par arriver au Parlement. C’est du moins ce qu’espère le ministre de la Justice et, avec lui, de nombreux jeunes qui se sentent plutôt exclus de la vie sociale et politique.

S. H.


Le Conseil des ministres qui s’est tenu mercredi au palais gouvernemental n’a pas seulement évoqué le projet de loi sur les municipales et décidé des nominations administratives, il a aussi parlé d’un projet de loi visant à accorder le droit de vote aux citoyens âgés de 18 ans et plus.Le ministre de la Justice, M. Bahige Tabbarah, avait présenté une telle suggestion...