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Actualités - ANALYSE

Municipales : le camp loyaliste s'est assuré l'avantage


Le Conseil des ministres a expédié en un tournemain, sans le discuter article par article, le projet de loi sur les municipales et sur l’élection de makhatirs. On attend maintenant que la Chambre fasse preuve d’autant de diligence dans l’approbation du texte, pour que le ministère de l’Intérieur puisse tenir le rendez-vous, fixé en principe au dimanche 20 avril et qui doit comme on sait s’étaler sur des étapes allant jusqu’à la mi-mai.

Dans les cercles politiques, on estime que la Chambre ne va pas atermoyer, bien que les députés critiquent beaucoup le projet dans leurs déclarations, car elle ne souhaite pas être accusée d’obstruction alors que la population est massivement pour des municipales rapprochées. Début décembre au plus tard, prévoient les spécialistes, la loi aura été votée Place de l’Etoile.
Les circonstances, le déroulement des péripéties font que les choses tournent à l’avantage du pouvoir. Le programme des festivités qu’il a établi, et que les parlementaires devront avaliser à leur corps défendant sous la pression de la pendule, garantit en effet au camp loyaliste le contrôle, via les présidents de conseils municipaux, de plus de la moitié des agglomérations du pays. Et cela grâce aux dispositions suivantes:
— Désignation de la totalité des membres des conseils municipaux dans les villages sous occupation israélienne ou limitrophes de la bande frontalière.
— Désignation du tiers des édiles dans les villages à population déplacée.
— Désignation du tiers des conseillers municipaux dans les villégiatures.
— Même mesure pour les agglomérations à composition confessionnelle panachée.
— Bien qu’eux-mêmes nommés, les édiles désignés par le pouvoir auront le droit de briguer la présidence ou la vice-présidence d’un conseil municipal et a fortiori de participer à l’élection du président comme de son adjoint. Un noyautage évidemment facilité par le fait que le gouvernement a choisi de ne pas faire élire président et vice-président au suffrage universel, comme on en avait parlé, mais par les membres du conseil municipal. Résultat final, tout à fait antidémocratique on en conviendra: même là où les urnes auront parlé en partie, le contrôle effectif restera aux mains du pouvoir via les présidents de conseils municipaux qu’il aura parachutés et qui pourront l’emporter sur des élus!
A dire vrai sur ce point certains députés vont tenter de faire amender le texte, pour que les désignés ne puissent pas diriger un conseil municipal, sauf évidemment quand la totalité des membres est nommée, ce qui vaut uniquement pour la bande occupée et les villages limitrophes. Les parlementaires veulent également demander que l’on maintienne, pour une fois, le partage électoral des sièges en base d’un quota confessionnel, comme aux dernières élections municipales de 1963. Cette astuce permettrait d’éviter qu’on ne désigne un tiers des édiles sous prétexte de préserver les équilibres communautaires et l’entente nationale. En clair: si, comme dans les législatives, on dit que tel conseil municipal comprendra tant de maronites, tant de sunnites, tant de grecs-orthodoxes etc.» les électeurs feront leur choix en conséquence et le pouvoir n’aura plus à faire respecter les dosages confessionnels par le biais de désignations, comme il en a l’intention.
A y regarder de plus près, on constate que par une étrange coïncidence seul un tiers des agglomérations libanaises échappe à la règle de la désignation du tiers des édiles et pourra connaître de vraies élections municipales!
Toujours est-il qu’après l’accord des trois présidents, il est hautement improbable que le projet de loi soit sensiblement modifié lors de son examen à la Chambre et sauf imprévu on s’achemine vers des municipales qui n’auront globalement d’électoral que le nom.
A noter cependant que d’éventuelles présidentielles anticipées ou un embrasement au Sud renverraient les municipales aux calendes grecques. Et l’Intérieur lui-même pourrait demander un report s’il ne parvenait pas d’ici avril à terminer la redistribution sur la carte des districts électoraux de makhatirs comme de municipalités — il y en a évidemment beaucoup de nouveaux — et la correction des listes d’électeurs…
E.K.

Le Conseil des ministres a expédié en un tournemain, sans le discuter article par article, le projet de loi sur les municipales et sur l’élection de makhatirs. On attend maintenant que la Chambre fasse preuve d’autant de diligence dans l’approbation du texte, pour que le ministère de l’Intérieur puisse tenir le rendez-vous, fixé en principe au dimanche 20 avril et qui...