Le pouvoir dédramatise les propos attribués à Primakov sur le Liban-sud

Les propos alarmants attribués par un diplomate jordanien à Amman au chef de la diplomatie russe Evgueni Primakov, concernant des préparatifs israéliens en vue d’une opération militaire d’envergure contre le Hezbollah, ont suscité un vif émoi dans les milieux politiques et officiels à Beyrouth. Les risques de dérapage au Liban-Sud ne sont, certes, pas nouveaux. Mais les indiscrétions en provenance de la capitale jordanienne semblaient insinuer que les risques de conflagration étaient imminents.
Dans le but évident de juguler les vives inquiétudes apparues sur ce plan, le pouvoir s’est employé hier à minimiser et à dédramatiser les informations que M. Primakov aurait transmises aux dirigeants jordaniens au sujet des risques de conflagration au Sud. Le chef du Législatif Nabih Berry s’est notamment déclaré «surpris» par les propos attribués au ministre russe des Affaires étrangères. «Si des risques réels existaient, cela n’aurait pas été proclamé publiquement», a affirmé M. Berry qui a qualifié ces «fuites» de tentatives d’intimidation.
Même son de cloche au niveau du gouvernement. Le chef de la diplomatie Farès Boueiz a ainsi indiqué hier soir au cours du Conseil des ministres (ainsi que dans une interview télévisée) que les propos attribués à son homologue russe ont été «déformés par les médias». Des sources ministérielles ont même indiqué en soirée sur ce plan que l’ambassade de Jordanie à Beyrouth a informé le gouvernement libanais que le ministre jordanien de l’Information a démenti les propos attribués à M. Primakov.
Si le pouvoir fait feu de tout bois pour minimiser les indiscrétions en provenance de Amman, il n’en demeure pas moins qu’une réelle inquiétude est perceptible sur le terrain au Liban-Sud. Notre correspondant dans la Békaa-Ouest rapporte ainsi que les troupes israéliennes le long de la frontière avec le Liban sont en état d’alerte. Parallèlement, des survols intensifs de l’aviation israélienne ont été signalés en profondeur dans la Békaa. Les appareils israéliens auraient même survolé les hauteurs du Golan tard dans la nuit de mardi dernier. Les milieux proches du Hezbollah n’écartent pas dans ce contexte l’éventualité d’une prochaine opération militaire d’envergure.