Ce député relève ensuite, «avec amusement», dit-il, «le sens très poussé de la démocratie que manifeste le ministre de l’Intérieur, qui a invité la presse à faire des remarques sur son projet, lequel consiste finalement à éviter les élections au profit des désignations dans près de la moitié des agglomérations libanaises!»
«Mais, poursuit cet opposant, le plus curieux c’est qu’on ne sait finalement pas ce que le ministre de l’Intérieur veut au juste. Lors de la fameuse séance consacrée au projet d’élections que défendait le président du Conseil, le ministre avait quitté le banc du gouvernement et s’était installé à nos côtés pour voter contre le projet! L’Intérieur a longtemps fait valoir que techniquement il ne pourrait pas tenir les délais, et voilà qu’il s’en affirme tout à fait capable! Et ce serait en effet un exploit fantastique, car il faut en 180 jours épurer les listes d’électeurs, ce qu’on n’a pu faire en cinq ans pleins! Sans compter qu’il faut distribuer les cartes électorales et à ce propos nous pensons que le chiffre des officiels, qui affirment que 1,2 million de citoyens ont déjà retiré leur carte individuelle est nettement exagéré…»
«Mais, souligne ce député, tout cela ne compte pas beaucoup. L’essentiel en effet est qu’il paraît extrêmement difficile, voire impossible, que la Chambre, symbole de démocratie, vote un projet qui est en soi une atteinte aux principes les plus élémentaires de la démocratie puisqu’il consacre bien plus un système de désignations d’édiles que le recours aux urnes. Il y aurait là, quoiqu’en dise le ministre, matière à introduire un recours en Conseil constitutionnel».
«En fait, suppute ce parlementaire, il n’est pas exclu que le Cabinet agisse uniquement par acquit de conscience — pour tenir parole et pour respecter la procédure, après l’invalidation par le Conseil constitutionnel du gel pour deux ans des municipales —, tout en sachant qu’il ne pourra pas organiser le scrutin ou qu’il y sera fait obstacle. M. Hariri aura ainsi montré sa bonne foi à M. Berry, qui est pour les élections, mais il n’en reste pas moins que la question des désignations peut difficilement être gobée, nombre de ministres y étant du reste aussi opposés que nous… On ne peut pas en effet remplacer les barrières du temps de guerre par des clivages socio-administratifs, des mesures discriminatoires, produisant des municipalités différentes au regard de la loi et accablant encore plus les localités sous occupation ou désertées. De même, on ne voit pas pourquoi il y aurait des désignations dans les grandes métropoles ni pourquoi le service public qu’est une municipalité devrait lui aussi être soumis à un régime délibérément confessionnalisé, sous forme de quotas pour la représentation des communautés. Sous ce prétexte, il est clair que le pouvoir veut prendre le contrôle de ces municipalités en y plaçant des gens à lui » .
Ph. A-A.
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