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Actualités - CHRONOLOGIE

Mise en garde franco-russe à Bagdad

Alors que le président Saddam Hussein réunissait hier les principales instances de son régime pour se prononcer sur un éventuel arrêt de la coopération avec l’ONU en matière de désarmement, la France et la Russie lançaient une sévère mise en garde à Bagdad contre toute tentation de défier les Nations Unies, quelques jours seulement après avoir fissuré, de concert avec Pékin, le front anti-irakien au Conseil de Sécurité.
En avertissant «avec la plus grand fermeté» les autorités irakiennes contre les risques encourus en cas d’arrêt de la coopération avec la commission spéciale des Nations Unies chargée du désarmement irakien (UNSCOM), Paris et Moscou envoient un «message clair» à Bagdad et clarifient leur position vis-à-vis de Washington, estiment les experts.
Ce faisant, ils réaffirment leur plein soutien à la mission de l’UNSCOM, tout en maintenant leur hostilité à de nouvelles sanctions contre Bagdad, souhaitées par les Etats-Unis.
«La position française n’a pas été comprise à Bagdad», a indiqué un diplomate occidental qui suit de près le dossier de l’Irak.
Selon lui, «Paris a dès la semaine dernière discrètement mis en garde Bagdad, en lui conseillant de ne pas mal interpréter le dernier vote de l’ONU».
Aux dirigeants irakiens, Paris a dit en substance: «Contrairement à ce que vous croyez, nous sommes tout à fait solidaires de l’attachement du Conseil de Sécurité à ce que l’UNSCOM aille jusqu’au bout de sa mission», a expliqué ce diplomate.
«La réaction du Parlement irakien, un instrument entre les mains de Saddam Hussein, a démontré que les dirigeants irakiens n’ont pas saisi la portée des positions française et russe» lors du vote du Conseil de Sécurité.
Un porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a averti l’Irak contre une suspension de sa coopération avec l’UNSCOM, soulignant qu’une telle décision aurait «des conséquences négatives» pour Bagdad.

«Crever l’abcès»

L’initiative de Bagdad a suivi l’abstention de la France, de la Russie et de la Chine, tous trois membres permanents du Conseil de Sécurité, lors du vote jeudi dernier de la résolution 1134 permettant d’interdire de voyage une série de responsables irakiens si l’Irak empêche une nouvelle fois les experts de l’ONU d’inspecter ses sites.
C’est la première fois depuis l’invasion du Koweit par l’Irak en août 1990 que trois membres permanents du Conseil de Sécurité s’abstiennent lors d’un vote sur l’Irak.
Les médias officiels irakiens ont profité de ces divisions pour souhaiter qu’éclate «l’abcès de l’embargo une fois pour toutes», comme l’a écrit hier le quotidien «Babel», appartenant à Oudaï, fils aîné de Saddam Hussein.
«Ce qui s’est passé jeudi à l’ONU a montré, une fois de plus, que les Irakiens ne sont pas suffisamment habiles pour apprécier où se trouvent leurs intérêts», a indiqué ce même diplomate.
«Ils ne rendent pas service à ceux qui veulent les aider. Plus dure sera la position irakienne, et plus se ressoudera le Conseil de Sécurité», a-t-il estimé.
Il y a un an, Paris — qui souhaite la réinsertion de l’Irak au sein de la communauté internationale — avait eu toute la peine du monde à persuader Bagdad qu’il était de son intérêt d’accepter la résolution 986, dite «pétrole contre nourriture».
La nouvelle situation «va encore compliquer les efforts des amis de l’Irak visant à rendre plus flexible l’application de la 986», selon les experts.
Contrairement à Washington, et dans une moindre mesure Londres, les gouvernements français et russe ont tout intérêt de voir levées — mais pas à n’importe quel prix — les sanctions contre Bagdad. Des sociétés, notamment pétrolières, de ces deux pays négocient depuis des années avec l’Irak de juteux contrats qui verront le jour une fois l’embargo levé. (AFP, Reuter)


Alors que le président Saddam Hussein réunissait hier les principales instances de son régime pour se prononcer sur un éventuel arrêt de la coopération avec l’ONU en matière de désarmement, la France et la Russie lançaient une sévère mise en garde à Bagdad contre toute tentation de défier les Nations Unies, quelques jours seulement après avoir fissuré, de concert avec...