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Actualités - CHRONOLOGIE

Après l'AUB, la gare routière Charles Hélou Les attentats à la bombe, une tentative de déstabilisation (photos)


Condamné depuis plus de vingt ans à être l’abcès de fixation des tensions régionales, le Liban est, semble-t-il, au stade actuel, la cible d’une nouvelle entreprise de déstabilisation. En effet, un deuxième attentat aux explosifs s’est produit hier soir à Beyrouth, à l’intérieur de la gare routière Charles Hélou, dans le secteur du Port, au lendemain de l’attentat à la dynamite perpétré contre le campus de l’AUB.

C’est peu après 19 heures 30 qu’une charge placée dans une valise abandonnée a explosé dans une zone déserte de la gare routière, la zone B. Celle-ci, située au premier étage de la gare, se trouve à proximité immédiate d’un secteur qui n’est occupé en soirée que par des taxis-service syriens qui assurent la liaison avec la Syrie et l’étranger (notamment la Jordanie).
La déflagration, qui était semble-t-il de faible puissance, n’a provoqué que de légers dégâts matériels (principalement des vitres qui ont volé en éclats). Le directeur de l’Office des chemins de fer et des transports en commun, M. Bassam Abdel Malak, a indiqué à «L’Orient-Le Jour» que les dégâts sont estimés à 2.500 dollars. Tard en soirée, les débris de verre avaient été totalement déblayés et l’activité avait repris dans la gare routière.
L’explosion d’hier, notent les observateurs, s’est produite dans le centre-ville de Beyrouth qui est le théâtre du plus grand chantier de reconstruction que connaît actuellement le pays. En ce sens, une déflagration se produisant dans le centre-ville, à un moment où le gouvernement tente de drainer des investissements étrangers, a une portée symbolique dont l’importance n’échappe à personne.
Déjà, l’attentat de lundi soir contre l’AUB — qui n’a pas été revendiqué — avait suscité une certaine inquiétude dans les milieux politiques et diplomatiques. «Qu’il s’agisse ou non d’un geste antiaméricain, cela reste préoccupant car il s’agit du premier acte de ce genre depuis longtemps dans la partie ouest de Beyrouth», a estimé un diplomate étranger.
Les spéculations allaient bon train hier sur la portée et la motivation de l’attentat contre l’Université américaine. Un responsable libanais qui a requis l’anonymat a souligné sur ce plan que l’explosion de lundi est «une manifestation du malaise provoqué par le réchauffement des relations entre le Liban et les Etats-Unis».
En levant, le 30 juillet dernier, le «travel ban», rappelle-t-on, le secrétaire d’Etat américain avait cependant estimé que le Liban demeurait malgré tout un «pays dangereux» et avait déconseillé aux Américains de se rendre à Beyrouth.
Il reste que le nouveau président de l’AUB, M. John Waterbury, ne semble pas avoir suivi les conseils de Mme Albright puisqu’il a décidé de s’installer au Liban à partir de janvier prochain (alors qu’aucun président de l’AUB n’avait séjourné à Beyrouth depuis 1984, date de l’assassinat, sur le campus de l’université, de Malcom Kerr, qui présidait à l’époque l’AUB). Pour bien montrer qu’il n’avait pas été impressionné outre mesure par l’explosion de lundi soir, M. Waterbury a inspecté dans la matinée d’hier le lieu de l’attentat ainsi que le nouveau bâtiment (reconstruit) du College Hall, détruit en 1991 par un attentat terroriste.
Pour l’heure, les observateurs s’interrogent sur le fait de savoir s’il existe véritablement un lien entre les deux explosions des dernières vingt-quatre heures, et si, par conséquent, le pays est bel et bien la cible, encore une fois, d’une opération de déstabilisation. La suite des événements permettra d’apporter quelques éléments de réponse à cette interrogation. Mais dans l’immédiat, le Conseil central de sécurité pourrait donner un point de vue à ce propos dès aujourd’hui, à la faveur de la réunion extraordinaire qu’il doit tenir à l’initiative du ministre de l’Intérieur Michel Murr.
Condamné depuis plus de vingt ans à être l’abcès de fixation des tensions régionales, le Liban est, semble-t-il, au stade actuel, la cible d’une nouvelle entreprise de déstabilisation. En effet, un deuxième attentat aux explosifs s’est produit hier soir à Beyrouth, à l’intérieur de la gare routière Charles Hélou, dans le secteur du Port, au lendemain de l’attentat...