Première visite d'un président chinois aux Etats-Unis depuis vingt ans Sommet Zemin-Clinton demain à la Maison-Blanche

Le président chinois Jiang Zemin est arrivé dans la nuit de dimanche à lundi à Honolulu (Hawaï) pour la première visite d’un numéro un chinois depuis près de vingt ans aux Etats-Unis.
Cette visite doit rapprocher la première économie du monde du pays le plus peuplé, huit ans après la violente répression des événements du Printemps de Pékin.
Selon la tradition à Hawaï, Jiang Zemin a reçu une guirlande de fleurs oranges à peine sorti de l’avion. Il a été accueilli, sous la pluie par une délégation comprenant le gouverneur d’Hawaï, Benjamin Cayetano ainsi que par des cars d’étudiants chinois de l’île qui agitaient des drapeaux américains et chinois.
Il a ensuite été convié à la table du gouverneur tandis que quelque 75 manifestants défilaient devant la résidence en scandant des slogans pour l’indépendance du Tibet et le respect des droits de l’homme en Chine.
Un des points culminants de cette visite de huit jours sera demain mercredi l’accord attendu avec le président Clinton pour une suspension de la coopération nucléaire entre l’Iran et la Chine.
«Durant ma visite, j’aurai un échange de vues en profondeur avec le président Clinton sur les relations Chine-USA et les principales questions internationales d’intérêt mutuel», a déclaré M. Jiang. «Je rencontrerai aussi un large éventail de gens aux Etats-Unis et verrai de mes propres yeux les accomplissements des Américains dans les domaines économiques et sociaux», a-t-il ajouté.
Dans son édition de samedi, le «Washington Post», citant des responsables américains, affirmait que l’accord était déjà conclu depuis mercredi dernier entre la Chine et les Etats-Unis. Il prévoit la limitation par Pékin de sa coopération nucléaire avec l’Iran ainsi que les ventes d’armes, et en particulier de missiles balistiques, à ce pays.
Cet accord doit permettre en retour au président Bill Clinton d’autoriser l’exportation vers la Chine de haute technologie américaine dans le domaine des centrales nucléaires.
La question des droits de l’homme sera un autre dossier majeur évoqué au cours de cette visite. Les Etats-Unis «n’ont jamais mâché leurs mots sur la question des droits de l’homme et nous ne le ferons pas plus maintenant», a affirmé le secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright dimanche sur NBC.

Des contrats à la pelle

Les deux présidents se pencheront également sur les questions commerciales, les Etats-Unis cherchant à réduire leur déficit commercial avec la Chine. Sur les huit premiers mois de l’année, le déficit américain des échanges avec ce pays s’est monté à 31 milliards de dollars contre 24,2 milliards de dollars un an avant.
Une série de contrats avec des compagnies américaines devraient sortir de cette visite. Selon le département du Commerce, si tous les contrats en négociation avancés étaient conclus, ils se monteraient à trois milliards de dollars, y compris une commande à Boeing.
Le président chinois se rendra dans la ville coloniale de Williamsburg en Virginie, puis à Philadelphie où il ira voir la cloche de la Liberté, symbole de l’indépendance américaine, et à New York où il visitera la bourse.
Jiang Zemin est le premier numéro un chinois à se rendre en visite aux Etats-Unis depuis la venue de Deng Xiaoping en 1979 (bien 1979). Son voyage intervient après cinq ans de relations tendues entre les deux pays.
`La dernière visite aux Etats-Unis d’un chef de l’Etat chinois remonte à 1985, avec le voyage de Li Xiannian.
Officiels chinois comme américains veulent faire de ce sommet le signe d’un rapprochement des relations entre les deux Etats, relations basées sur des intérêts économiques communs qui pourraient dépasser les dissensions sur Taïwan, le Tibet, l’armement nucléaire ou encore les droits de l’homme.
La Chine et les Etats-Unis doivent «se débarrasser» de la question de Taïwan afin qu’elle ne bloque plus le développement de leurs relations bilatérales, écrit lundi le China Daily. «Pour améliorer les relations bilatérales, il faut pouvoir se débarrasser des facteurs d’obstacle», écrit le quotidien de langue anglaise dans un commentaire, avant de qualifier Taïwan de «question centrale» des relations entre Pékin et Washington.
Le voyage sera émaillé de manifestations d’opposants chinois et taïwanais.
Militants des droits de l’homme, bouddhistes et bien d’autres vont surveiller pas à pas le voyage de Jiang Zemin. Le comédien Richard Gere par exemple participera à une manifestation devant la Maison-Blanche le soir du dîner offert par le président Clinton pour protester contre la position de la Chine vis-à-vis du Tibet. (AFP, Reuter)