Nelson Mandela, un saint, selon Kadhafi

Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a qualifié de «saint aux yeux de tous les peuples» le président sud-africain Nelson Mandela, qui vient d’effectuer une visite en Libye, a rapporté jeudi l’agence officielle JANA.
Au cours d’un dîner offert mercredi soir en l’honneur de son hôte, le colonel Kadhafi a affirmé que «Nelson Mandela est devenu le symbole de la lutte pour la liberté et un saint aux yeux de tous les peuples, pour avoir passé la majeure partie de sa jeunesse dans les prisons des racistes blancs».
Le «numéro un» libyen a en outre estimé que les Kurdes et les Palestiniens «opprimés» ainsi que les Arabes opposés à l’«hégémonie américano-sioniste», connaîtraient le même «triomphe» que M. Mandela contre l’apartheid.
«Le triomphe de Nelson Mandela, après de longues années de lutte et de prison, prouve que les peuples l’emportent, alors que l’injustice, le colonialisme et le déni des droits des peuples sont voués à l’échec», a dit le colonel Kadhafi.
Le dirigeant libyen, dont le pays est frappé depuis 1992 de sanctions internationales, a ironisé sur les accusations portées contre Tripoli quand il «accueillait des combattants ou des dirigeants africains, qualifiés jadis de terroristes et devenus aujourd’hui chefs de leurs Etats».
Il a notamment cité les condamnations de «l’accueil et de l’appui libyens aux chefs des mouvements de libération» dont ceux d’Afrique du Sud, de Namibie, du Zimbabwe ou de l’Ouganda, aujourd’hui chefs d’Etat, ou encore au président palestinien Yasser Arafat, «jadis le plus grand terroriste au Proche-Orient et qui est aujourd’hui (reçu) à la Maison-Blanche».
Le colonel Kadhafi a réitéré ses violentes attaques contre l’ancien premier ministre britannique Margaret Thatcher et l’ex-président américain Ronald Reagan. Il a fait l’éloge de leurs successeurs actuels, Tony Blair et Bill Clinton, affirmant qu’il n’existe «pas de contentieux» entre ces pays et le sien.
Il a réitéré le refus de Tripoli de livrer à Washington et Londres deux suspects libyens accusés d’être impliqués dans l’attentat contre un avion américain ayant fait 270 morts, au-dessus de Lockerbie (Ecosse) en 1988.
Arrivé mercredi à Tripoli venant de Tunisie, M. Mandela avait déposé une gerbe de fleurs au «Mémorial des martyrs libyens», érigé à la mémoire des personnes tuées lors d’un raid aérien américain en avril 1986 contre la caserne de Bab el-Azizya, quartier général de M. Kadhafi à Tripoli.
Ce raid faisait suite à un attentat meurtrier contre les militaires américains à Berlin-ouest.
«Ceux qui s’opposent actuellement à ma visite à Tripoli n’ont pas de morale et je ne me joindrai pas à eux, parce que j’ai une morale», avait lancé le président sud-africain, en réponse à Washington qui avait vivement critiqué sa visite en Libye. (AFP)