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Actualités - CHRONOLOGIE

Algérie : Zéroual conforté après les élections locales Mais l'insécurité et la grogne sociale constituent deux risques déstabilisateurs pour son régime

Mais l’insécurité et la grogne sociale constituent
deux risques déstabilisateurs pour son régime


Le président Liamine Zéroual se trouvait conforté hier par la victoire du Rassemblement national démocratique (RND) aux élections locales, qui lui donne les coudées franches jusqu’en l’an 2.000. Mais les dossiers du «retour à la paix», thème de sa campagne présidentielle il y a deux ans, et de la grogne sociale, qui s’étend, constituent toujours deux écueils de taille, potentiellement déstabilisants.
En deux ans, M. Zéroual, un général à la retraite désigné en 1994 par ses pairs de l’armée pour assurer la direction de l’Etat, aura mené à bien son plan électoral, confortant sa légitimité, en Algérie comme sur la scène internationale, malgré les protestations d’une opposition divisée. Les élections locales, à la proportionnelle, constituaient le dernier maillon de ce processus.
Le RND, créé pour soutenir le chef de l’Etat au début de l’année, a raflé plus de 55% des sièges lors des communales. Son pourcentage est sensiblement égal pour les assemblées départementales.
Ce parti devance largement le Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique) avec 2.864 sièges et le premier parti islamiste légal, le Mouvement de la société pour la Paix (MSP, ex-Hamas) avec 890. Le RND était déjà arrivé largement en tête lors des législatives de juin dernier et avait formé le gouvernement avec le FLN et le MSP.
Le taux de participation a atteint 66,19%, selon les chiffres officiels, très proche de celui des législatives (66,30%).
Les deux principaux partis de la mouvance «démocrate» — le Front des forces socialistes (FFS) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) — sortent de nouveau marginalisés. Ils ne détenaient déjà que quelque 10% des sièges à l’Assemblée nationale.
Comme lors du référendum constitutionnel (novembre 1996) et des législatives, l’opposition a vigoureusement protesté contre la «fraude» et les «irrégularités» et l’aide de l’administration apportée, selon elle, au RND.
Le FLN, le MSP, le FFS et le RCD ont tenté de manifester hier devant la présidence, mais les petits groupes de manifestants ont été contraints de se disperser devant l’important dispositif policier. Le ministre de l’Intérieur Mostefa Benmansour a rejeté toutes les critiques en affirmant qu’aucun «incident notable» n’avait marqué le scrutin.
Outre l’enjeu local, ces élections ouvriront la voie à l’installation, avant la fin de l’année, d’une seconde chambre, le Conseil de la nation.

Deux tiers de ses membres seront élus au sein du collège des élus communaux et départementaux. Le président Zéroual doit nommer le tiers restant en désignant des personnalités.
Tout texte voté par l’Assemblée devra requérir l’accord des 3/4 du Conseil de la nation. L’opposition a protesté contre ce dispositif créé par la nouvelle Constitution de 1996, estimant qu’il s’agissait d’une «dictature constitutionnelle» au service du chef de l’Etat.
M. Zéroual, largement élu en novembre 1995 lors du premier scrutin présidentiel pluraliste, a balayé toutes les critiques. Pour lui, le processus électoral a «redonné la voix au peuple» et permis de «parachever l’édifice institutionnel».
Sur un autre plan, le chef de l’Etat, également ministre de la Défense, a récemment rejeté les rumeurs de dissensions au sein de l’Etat et de la haute hiérarchie militaire sur l’attitude à adopter face à l’Armée islamique du salut (AIS), la branche armée du Front islamique du salut (FIS-dissous).
L’AIS observe une trêve unilatérale depuis le 1er octobre, qu’elle affirme avoir conclu après une série de contacts avec l’armée. Le Groupe islamique armé (GIA) rejette lui toute trêve ou négociation.
Le chef de l’Etat a promis à plusieurs reprises «l’extermination» des «bandes de criminels, traîtres et mercenaires».
Il avait fait du «retour à la paix» le thème principal de sa campagne présidentielle, suscitant un énorme espoir d’une fin rapide des violences, qui ont fait au moins 60.000 morts depuis 1992, selon des sources occidentales.
Mais cet espoir a été largement déçu. Si la situation sécuritaire s’est sensiblement améliorée dans plusieurs régions, les massacres collectifs à répétition, principalement dans l’Algérois (centre), ont suscité le désarroi.
Sur le plan social, le désenchantement est aussi patent. Le gouvernement prévoit une croissance de 5% l’année prochaine, des réserves de changes de 8,5 milliards de dollars à la fin de l’année et une augmentation des recettes d’hydrocarbures, dont le pays tire plus de 95% de ses ressources.
Mais au-delà des résultats macroéconomiques, salués par le FMI, nombre d’Algériens se montrent inquiets des effets de ce programme économique et notamment des dizaines de milliers de «compressions» en cours dans les entreprises publiques, et rejettent les promesses officielles que les efforts seraient «partagés par tous».
Mais l’insécurité et la grogne sociale constituentdeux risques déstabilisateurs pour son régimeLe président Liamine Zéroual se trouvait conforté hier par la victoire du Rassemblement national démocratique (RND) aux élections locales, qui lui donne les coudées franches jusqu’en l’an 2.000. Mais les dossiers du «retour à la paix», thème de sa campagne présidentielle...