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Actualités - CHRONOLOGIE

Le ministre russe des AE a conféré hier avec les principaux dirigeants libanais Primakov à Beyrouth : priorité aux relations économiques bilatérales Moscou admet qu'il ne détient pas de solution miracle pour la crise du P.O. (photo)


Moscou admet qu’il ne détient pas de «solution miracle» pour la crise du P.-O.


Le volet proche-oriental de la mission du ministre russe des Affaires étrangères Evgueni Primakov à Beyrouth — première étape de son périple régional — semble avoir constitué la partie visible de l’iceberg. La partie essentielle des entretiens du chef de la diplomatie russe avec les dirigeants libanais aurait porté principalement sur le renforcement des relations bilatérales, notamment dans le domaine économique. De fait, la formation d’une commission mixte économique a été annoncée en soirée à l’issue d’un entretien avec le chef du gouvernement Rafic Hariri. Le ministre russe quittera Beyrouth aujourd’hui pour Damas, deuxième étape de sa tournée qui doit le mener au cours des prochains jours en Israël, en Jordanie, en Egypte et dans les territoires palestiniens.

Arrivé en fin de matinée à Beyrouth, M. Primakov (qui était accompagné de son vice-ministre Viktor Possouvaliouk) a conféré successivement avec le chef de la diplomatie Farès Boueiz, le chef du Législatif Nabih Berry, le président Elias Hraoui, et M. Hariri (Voir page 2). En fin d’après-midi, M. Possouvaliouk s’est entretenu avec le secrétaire général du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah, à Haret Hreik.
Le chef de la diplomatie russe a tenu sa première réunion de travail au Palais Bustros. De source digne de foi, on indique que d’entrée de jeu, M. Primakov a formulé le souhait que les entretiens débutent par le volet des relations bilatérales. Le ministre russe a précisé sur ce plan que son gouvernement prépare la tenue, en décembre prochain, d’une réunion économique entre les deux pays, à l’initiative de l’Association des hommes d’affaires libano-russe.
Moscou a élaboré à ce propos une série de projets qui seront proposés à la partie libanaise au cours de la réunion de décembre. Ces projets d’investissements sont axés essentiellement sur les domaines du gaz, du pétrole et de l’extraction du diamant. M. Primakov a demandé, dans ce même cadre, à la partie libanaise de préparer à son tour des projets d’investissements susceptibles d’intéresser les hommes d’affaires russes.
Autre sujet évoqué par M. Primakov dans le cadre du chapitre des relations bilatérales: la décision des autorités de Moscou d’ouvrir prochainement les archives impériales russes. Celles-ci comprennent, en effet, des correspondances entre le consulat russe du Mont-Liban et la Russie impériale entre 1830 et 1910. M. Primakov a demandé aux responsables du palais Bustros de dépêcher à Moscou une délégation d’experts afin de plancher sur ces correspondances.
Les discussions bilatérales ont ensuite porté sur la conjoncture proche-orientale. Le chef de la diplomatie russe a tenu à écouter le point de vue et l’analyse de M. Boueiz à ce sujet. Le chef de la diplomatie devait déplorer la stagnation qui marque depuis plusieurs mois le processus de paix avec Israël, soulignant que l’attitude du premier ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, constitue la principale cause d’une telle stagnation du fait que M. Netanyahu, a affirmé M. Boueiz, refuse d’appliquer les résolutions de l’ONU, de même qu’il fait fi des principes de la conférence de Madrid. M. Boueiz a rappelé sur ce plan les propos tenus récemment par le chef du Quai d’Orsay, M. Hubert Vedrine, qui avait qualifié de «catastrophique» la politique du premier ministre israélien.
M. Primakov a appuyé l’exposé de M. Boueiz concernant le processus de paix, soulignant que Moscou effectue précisément des démarches afin de tenter de débloquer la conjoncture présente au Proche-Orient. Craignant une «montée des extrémistes» dans la région, le chef de la diplomatie russe a estimé «urgent de sortir le processus de paix de la crise» actuelle.
Les sources proches du Palais Bustros soulignent à ce sujet que M. Primakov ne semblait pas être porteur de propositions précises concernant les moyens de sortir les pourparlers de paix de l’impasse. Avant le départ de M. Primakov de Moscou, le ministère russe des Affaires étrangères avait d’ailleurs reconnu qu’il ne détenait pas de «recette miracle» pour trouver une issue à la situation présente.
D’une manière générale, l’objectif de la présente tournée proche-orientale de M. Primakov est de remettre la Russie en selle dans le jeu diplomatique régional qui demeure monopolisé par Washington, alors que Moscou est, en principe, le coparrain du processus de paix entre Israël et les pays arabes. Signe de cette volonté de s’impliquer davantage sur la scène du P.-O., le chef de la diplomatie russe a exprimé hier le souhait que son pays participe au comité international de surveillance du cessez-le-feu au Liban-Sud (comité issu des arrangements d’avril 1996 et constitué des Etats-Unis, de la France, d’Israël, du Liban et de la Syrie).

Les agapes
chez Hariri

En tout état de cause, l’ensemble de ce dossier ainsi que les moyens de développer les relations bilatérales sur le plan économique ont été au centre de l’entretien que le ministre russe a eu en fin d’après-midi avec le président Hraoui, au palais de Baabda, en présence de M. Boueiz et de l’ambassadeur de Russie à Beyrouth, M. Oleg Peressypkine.
A 20 heures, M. Primakov et la délégation qui l’accompagnait ont conféré avec M. Hariri à la résidence de ce dernier, à Koraytem. Etaient présents à la rencontre, M. Peressypkine, le ministre des Déplacés Walid Joumblatt, l’ambassadeur du Liban à Moscou, M. Sélim Tadmouri, et le secrétaire général du Palais Bustros, M. Zafer el-Hassan.
A l’issue de l’entrevue, M. Primakov a confirmé que la commission économique mixte libano-russe se réunira en décembre prochain à Beyrouth au niveau des ministres de l’Economie. Il a, d’autre part, précisé que M. Boueiz se rendra prochainement à Moscou (probablement fin décembre ou au début de l’année prochaine), à la tête d’une délégation d’hommes d’affaires libanais, afin de mettre la dernière main aux accords de coopération économique qui auront été discutés et conclus dans le cadre de la commission mixte. «Nous avons des potentialités énormes pour le développement de nos relations dans tous les domaines, notamment sur le double plan politique et économique», a souligné M. Primakov. Le ministre russe a déclaré en outre qu’il n’était pas «optimiste» concernant un règlement politique à court terme dans la région.
En fin de soirée, M. Hariri a offert en sa résidence un dîner en l’honneur de M. Primakov et de la délégation russe. Etaient notamment présents à ces agapes, le vice-premier ministre Michel Murr, le ministre Walid Joumblatt, M. Ghassan Tuéni ainsi que MM. Sélim Tadmouri et Zafer el-Hassan.
Moscou admet qu’il ne détient pas de «solution miracle» pour la crise du P.-O.Le volet proche-oriental de la mission du ministre russe des Affaires étrangères Evgueni Primakov à Beyrouth — première étape de son périple régional — semble avoir constitué la partie visible de l’iceberg. La partie essentielle des entretiens du chef de la diplomatie russe avec les...