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Actualités - ANALYSE

Taëf : on reparle de révision...

A l’ombre ou à la lumière du «retrait» de M. Elias Hraoui, les spéculations sur les prochaines présidentielles battent leur plein. Un an à l’avance, ce qui est tout à fait prématuré on en conviendra, les pronostics et les bazars vont déjà bon train.
Dans la perspective de l’échéance électorale, des parties déterminées se mobilisent aujourd’hui afin qu’on renégocie sans tarder une révision du pacte de Taëf «pour que le prochain régime cesse de subir le lourd handicap d’un système dont les vices de fond s’accentuent de jour en jour, provoquant d’innombrables dérapages institutionnels et donnant le hoquet à la République».
«Du reste, poursuivent ces réformateurs, même s’il n’y avait pas de graves défaillances à corriger, il serait temps de revoir la copie de 89 car tout a changé depuis. A l’époque, comme tout le monde l’avait souligné, il s’agissait de pondre vite fait un arrangement approximatif assurant essentiellement la cessation de l’état de guerre au Liban. L’objectif absolument prioritaire était donc de nature sécuritaire et le volet politique, sans être tout à fait accessoire, ne venait qu’au second plan. C’est bien pourquoi toutes les parties ou presque avaient alors précisé qu’elles acceptaient le règlement mis au point par souci d’urgence, malgré de fortes réserves sur les mécanismes prévus et en ajoutant qu’il fallait dès lors considérer le pacte comme provisoire, ne pas chercher à le sacraliser et le retoucher à la première occasion. Le président Hussein Husseini lui-même, qui fut l’un des principaux artisans du document dit de l’entente nationale, n’a jamais manqué de rappeler qu’il ne s’agit pas là d’un livre saint et qu’on pourrait, à la lumière de l’expérience, y apporter par la suite toutes les améliorations souhaitées».
«Or cette expérience, ajoutent ces personnalités, a mis en relief une infinité de défauts plus ou moins graves dans la tessiture de Taëf, le moindre n’étant pas que rien n’interdit qu’on laisse tout à fait de côté les règles du jeu, comme cela se voit en pratique depuis des années. Ainsi l’entente nationale, qui est pourtant le titre même du pacte, est restée jusque-là lettre morte, la mésentente rongeant même les rangs des adeptes d’un même culte politique, les fidèles d’une même capitale».
De son côté un ministre «inamovible» très proche des décideurs admet que «Taëf n’a pas aboli les clivages nationaux découlant des anciennes structures mais il a au contraire engendré de nouvelles sortes de conflits. A la pratique on s’aperçoit que ce n’est pas un contrat-mariage mais un contrat-divorce multiformes. En effet, la séparation affecte aussi bien le peuple et l’Etat d’une part que les dirigeants entre eux d’autre part. Il faut donc reprendre le texte, le corriger et le parfaire de manière notamment à ce que les différends entre les trois présidents soient rapidement tranchés ou, encore mieux, ne puissent plus avoir lieu. Taëf, ajoute ce ministre, a constitué la fin de la guerre et c’est là un mérite incommensurable. Mais il n’a fait que transposer la lutte du plan militaire au plan civil, en la diversifiant du reste et en en changeant les axes. Aujourd’hui le pays ne peut plus se payer le luxe de déchirements politiques à répétition. Il lui faut se stabiliser sur ce plan et il est temps que Taëf évolue pour commencer à nous apporter une solution véritable et non pas tronquée».
Ce ministre informé tient ensuite à souligner «les mérites incontestables du régime de M. Elias Hraoui dont les réalisations sur le plan de l’entente nationale, de la cessation de l’état de guerre, de la réouverture des régions, de la normalisation, sont remarquables. Mais, répète cette personnalité, nous sommes restés jusque-là dans une phase transitoire, un passage de l’état de guerre à la paix civile. C’est au prochain régime qu’il appartiendra d’apporter la solution véritable, et il faut lui en donner les moyens en revoyant Taëf».
Un double problème cependant: d’une part ce n’est plus le régime qui gouverne, dans le nouveau système… Et d’autre part, si tout le monde est d’accord pour réviser Taëf, dès qu’il faut dire dans quel sens cela doit se faire, le désaccord éclate. Chacun veut tirer la couverture à lui et si à Taëf, malgré la quintuple pression de la guerre, de la Ligue, des Séoudiens, des Syriens et des Américains, les Libanais n’ont pu vraiment régler le contentieux politique on ne voit pas comment, laissés à eux-mêmes, ils y parviendraient.

Ph.A-A.
A l’ombre ou à la lumière du «retrait» de M. Elias Hraoui, les spéculations sur les prochaines présidentielles battent leur plein. Un an à l’avance, ce qui est tout à fait prématuré on en conviendra, les pronostics et les bazars vont déjà bon train.Dans la perspective de l’échéance électorale, des parties déterminées se mobilisent aujourd’hui afin qu’on...