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Actualités - ANALYSE

Le système de la Troïka plus que jamais sur la sellette

Martelant des vérités premières, des clichés mille fois ressassés, mais avec le mérite d’un aveu à connotation autocritique, un taëfiste souligne que «les sempiternelles querelles entre dirigeants, notamment entre les trois présidents, ne sont pas le fruit de failles dans la Constitution, mais d’une bien mauvaise praxis. Les mécanismes mis en place sont à la source du mal car ils bloquent le fonctionnement effectif des institutions réduites à l’état de fantoches ou de simples paravents. Ce qui aggrave encore les choses c’est que les pôles qui s’érigent en représentants décisionnaires de ces institutions se marchent mutuellement sur les pieds, empiètent réciproquement sur les plates-bandes des pouvoirs dont ils s’investissent eux-mêmes. Le Législatif veut diriger l’Exécutif et vice versa, d’où la fréquence des conflits».
Détaillant de même des évidences connues, cet officiel de premier plan accuse carrément «la troïka d’usurper les pouvoirs d’autrui, singulièrement de cette personne morale, de cette autorité exécutive suprême qu’est le Conseil des ministres, quand elle se réunit — entre autres exploits — pour décider des nominations administratives. Le pire c’est que les présidents trouvent en plus le moyen de se disputer, sur ce sujet comme sur d’autres. Ils se jouent ainsi, sans sourciller, sans paraître en être conscients de la situation socio-économique d’un pays déjà en grave difficulté et aggravent la paralysie de l’Etat».
Annonçant la couleur, ce loyaliste bon teint soutient ensuite que «la solution consisterait à laisser le premier; ministre désigné, lors de la formation des gouvernements, choisir entièrement à sa guise les ministres, pour mettre sur pied une équipe qui lui convienne, qui soit homogène et suive ses orientations. Le président du Conseil serait vraiment responsable des prestations de tout le gouvernement et c’est lui qui aurait à en répondre devant la Chambre».
C’est oublier qu’en principe c’est ce que la loi prévoit en tout cas… Oublier aussi qu’en pratique ce ne le sera jamais, la Chambre ne votant la confiance ou la défiance, comme les députés l’avouent volontiers, que sur «ordre venu d’en haut». Oublier enfin que, comme s’en plaignait ce ministre lui-même quelques instants auparavant, ce n’est pas dans les textes qu’il faut chercher la faille mais dans la pratique.

La dictature du
prolétariat…

Toujours est-il que ce fidèle s’insurge, dit-il «contre cette injustice qui consiste à obliger le président du Conseil à assumer l’échec ou le comportement négatif de ministres qui lui ont été imposés, alors que sans cohésion interne aucun gouvernement ne peut bien travailler».
Là aussi on peut relever un fâcheux oubli, et de taille: Taëf a voulu consacrer la «participation» et faire dès lors du Conseil des ministres, détenteur du pouvoir exécutif en lieu et place du président de la République, un haut-lieu politique où s’exprimerait «l’unité nationale», entendre ce consensus mou fondé sur le partage du gâteau qui caractérise la présente République. La composition hétéroclite du gouvernement est donc une application incontournable, essentielle, du pacte conclu à Taëf et du système qui en découle, pour tronqué qu’il soit. Sur ce point de principe il n’y a pas vraiment erreur dans la pratique locale, car c’est uniquement dans un système présidentiel ou de partis (et encore pas toujours) qu’on peut trouver des gouvernements purement monochromes, dont la solidité est d’ailleurs souvent contrebalancée par la partialité.
Pour en revenir à la source citée, elle critique, cette fois avec une évidente pertinence, le traitement du dossier des nominations dans le cadre de la troïka. «Il faut, dit ce détenteur d’un important portefeuille, que chaque ministre, après consultation du Conseil de la Fonction publique, propose les désignations concernant son département. Et s’il apparaît que son avis diverge de celui du CFP, le Conseil des ministres tranche au cas par cas. Mais sauf exception qui devrait être rarissime, c’est le ministre qui devrait toujours obtenir gain de cause; car il n’est pas imaginable qu’on lui impose par exemple un directeur général dont il ne veut pas et dont il aurait à assumer les actes car la responsabilité légale retombe tout entière sur ses épaules».
Comme on voit ce leader est un obsédé de l’harmonie dans les relations entre responsables. Ce qui n’est apparemment pas le cas pour les trois présidents…

E.K.
Martelant des vérités premières, des clichés mille fois ressassés, mais avec le mérite d’un aveu à connotation autocritique, un taëfiste souligne que «les sempiternelles querelles entre dirigeants, notamment entre les trois présidents, ne sont pas le fruit de failles dans la Constitution, mais d’une bien mauvaise praxis. Les mécanismes mis en place sont à la source du...