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Actualités - CHRONOLOGIE

Eltsine désarme les communistes et sauve sa politique libérale

Le président russe Boris Eltsine a sauvé son gouvernement de tendance libérale en persuadant l’opposition parlementaire communiste de renoncer à déposer aujourd’hui mercredi une motion de censure. Le chef de l’Etat, selon une source du Kremlin, a fait une concession majeure à ses adversaires en demandant à l’équipe ministérielle de Viktor Tchernomyrdine de retirer son projet de code fiscal, critiqué à la fois par les communistes et par l’opposition réformatrice.
Malgré cette concession de dernière minute — et quelques autres de moindre importance — «les vainqueurs, au bout du compte, ce sont le gouvernement et surtout le président», a estimé le politologue Valeri Mazing. Selon ce dernier, «il n’y aura aucune inflexion fondamentale de la politique économique du gouvernement».
Quelques heures après une rencontre au Kremlin entre le président et les chefs de groupes parlementaires de la Douma (Chambre basse du Parlement), le leader du parti communiste Guennadi Ziouganov a annoncé le retrait d’une motion de censure qui aurait due être débattue aujourd’hui mercredi.
Le gouvernement et le président «ont promis de résoudre toutes les questions que nous avons posées. Nous avons décidé de les croire», a déclaré M. Ziouganov, mettant fin à une crise politique qui agitait Moscou depuis plus d’une semaine.
Le groupe communiste à la Douma, a-t-il ajouté, a décidé à l’unanimité de retirer sa motion de censure après avoir étudié «en détail» les propositions du gouvernement et de M. Eltsine.
Pour Boris Eltsine, l’issue de ce nouveau bras de fer avec les communistes le conforte dans son rôle de gardien de la stabilité politique de la Russie, dix ans jour pour jour après sa rupture avec la hiérarchie communiste soviétique.
Le 21 octobre 1987, lors d’une réunion secrète, Eltsine avait dénoncé l’existence d’un culte de la personnalité grandissant autour du numéro un de l’époque, Mikhaïl Gorbatchev, et avait démissionné de toutes ses fonctions au sein du parti.

Contrôle de la TV

Une dizaine de jours de confrontation et de négociations de couloirs ont visiblement émoussé les ambitions de l’opposition. Les communistes, en début de semaine dernière, n’avaient pas hésité à réclamer des corrections radicales de la politique libérale du gouvernement, ainsi que la démission du premier vice-premier ministre Anatoli Tchoubaïs, chargé des Finances.
Ces exigences, jugées «irréalistes» par le pouvoir, ont été rapidement abandonnées.
Au fur et à mesure des tractations, les parlementaires du PC ont réduit leurs revendications à un catalogue modeste, présenté lundi à Boris Eltsine.
Le président a apparemment accédé aux demandes les moins compromettantes pour lui. Il a accordé à la Douma un créneau horaire à la télévision publique, annoncé la création d’un organe de surveillance des chaînes de télévision publiques, et accepté de rencontrer régulièrement les leaders de l’opposition dans des «tables rondes» auxquelles seront également conviés des représentants des régions.
La première de ces tables rondes est fixée au 22 novembre, pour étudier deux des chevaux de bataille préférés des communistes: la réforme agraire et le code foncier.
Rien n’a été dit, en revanche, des deux autres demandes communistes sur un gel de la hausse des loyers et sur une indemnisation des épargnants ruinés à partir de 1992 par une réforme monétaire et par l’inflation galopante.
«Eltsine a donné quelque chose de très important pour l’opposition: le contrôle sur la télévision», a commenté l’analyste Sergueï Markov, de l’antenne moscovite de l’Institut Carnegie. Selon lui, la proposition de tables rondes régulières est également un bon point, car «elle permet de renforcer la coopération entre le pouvoir exécutif et le Parlement ce qui est important pour la stabilité politique» de la Russie.
Aux termes de la constitution «eltsinienne» adoptée en 1993, le président peut en effet ignorer quasiment l’avis du Parlement, dont les pouvoirs sont très limités.
Les «tables rondes», annoncées mardi si les promesses sont tenues, pourraient permettre au Parlement de se sentir moins tenu à l’écart.


Le président russe Boris Eltsine a sauvé son gouvernement de tendance libérale en persuadant l’opposition parlementaire communiste de renoncer à déposer aujourd’hui mercredi une motion de censure. Le chef de l’Etat, selon une source du Kremlin, a fait une concession majeure à ses adversaires en demandant à l’équipe ministérielle de Viktor Tchernomyrdine de retirer son...