Les Etats-Unis renoncent à de nouvelles sanctions contre l'Irak

Les Etats-Unis ont renoncé à réclamer de nouvelles sanctions immédiates contre l’Irak devant l’opposition déterminée de la Russie au sein du Conseil de Sécurité de l’ONU, ont indiqué hier des diplomates occidentaux.
Les Etats-Unis ont proposé verbalement à leurs quatorze partenaires du Conseil de Sécurité de suspendre pour six mois l’imposition de sanctions additionnelles contre Bagdad.
Ces sanctions, prévues par la résolution 1115 adoptée en juin, visent à contraindre l’Irak à coopérer totalement avec l’ONU pour son désarmement.
La Russie, soutenue par la France, est fortement opposée à toute nouvelle sanction immédiate.
Selon la proposition américaine, des sanctions supplémentaires seraient automatiques dans six mois, sauf si la commission de l’ONU chargée du désarmement de l’Irak (UNSCOM) assurait d’ici là que Bagdad coopérait totalement.
Le prochain rapport de l’UNSCOM est prévu le 11 avril 1998.
Les sanctions concernent des restrictions de circulation imposées à des responsables identifiés de la police, de l’armée et des services secrets.
Des tractations au plus haut niveau se sont déroulées lundi matin pour trouver une solution permettant de préserver l’unité du Conseil de Sécurité face à Bagdad.
Le secrétaire d’Etat Madeleine Albright a ainsi téléphoné hier matin à son homologue français Hubert Védrine pour tenter de le convaincre de la nécessité pour l’ONU d’imposer de nouvelles sanctions à l’Irak.
Au cours du week-end, elle avait également joint le chef de la diplomatie russe, Evgueni Primakov.

Les menaces irakiennes

Dans la journée, l’Irak avait réitéré hier sa menace de cesser sa coopération avec l’ONU si le Conseil de Sécurité lui impose de nouvelles sanctions.
«L’Irak a besoin de voir la fin du tunnel avant de pouvoir réellement coopérer de bonne foi avec la commission spéciale» chargée du désarmement de l’Irak (UNSCOM), a dit à la presse le représentant irakien à l’ONU, Nizar Hamdoun.
Il a ajouté que «si l’Irak continue à être dans le noir sur son avenir, il devra revoir sa position et prendre les décisions appropriées».
Interrogé sur la date d’une éventuelle décision, il a indiqué «attendre de voir le résultat des discussions» entre les quinze du Conseil.
La révélation des menaces irakiennes jeudi dernier avait été très mal accueillie par la plupart des membres du Conseil de Sécurité, jugeant «inacceptables» ces pressions de Bagdad.
«Nous suivons avec inquiétude les discussions du Conseil et les efforts de membres puissants d’imposer des sanctions additionnelles contre l’Irak au moment où chacun s’attendait à ce que l’accent soit mis sur les progrès accomplis» dans le domaine du désarmement, a déclaré M. Hamdoun.
M. Hamdoun a indiqué avoir «dit à de nombreux membres du Conseil, dont le chef de l’UNSCOM (Richard Butler), que l’Irak ne pouvait pas continuer pour toujours à être dans cette situation, avec ce processus (de levée des sanctions) sans cesse retardé».