Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Tribune Réponse à Henri Eddé (1)

\dIl y a encore peu, dans ces mêmes colonnes, vous pourfendiez le moindre avis critique à l’égard du projet du centre-ville de Beyrouth. Acerbe, arrogant, vous balayiez d’une chiquenaude méprisante les questions souvent justifiées que vous posaient vos confrères ou de simples curieux.
A l’époque donc, il n’y avait qu’un plan: le vôtre, qu’une solution: celle esquissée par l’initiateur de ce projet qui avait, à vos yeux, des allures de demi-dieu. Souvenez-vous, j’avais eu le malheur de l’appeler «Le Grand Manitou», simple métaphore pour évoquer un personnage puissant (cf le Larousse) et vous m’aviez répondu vertement…
Mais là n’est pas le débat.
Grâce à vous, le projet est passé, grâce à vous, notre centre-ville a été rasé. Tout le reste n’est que broutille.
Que des sociétés anonymes libanaises achètent des lots, que des sociétés à capitaux étrangers s’approprient des terrains n’implique pas pour autant que nous nous dépossédions de nos biens ou que nous vendions notre âme au diable.
Que le capital de Solidere s’ouvre aux investisseurs du monde entier alors qu’il était déjà ouvert aux Arabes ne constitue pas une menace pour notre identité.
Au contraire, cela était déjà entendu dans votre projet au temps où vous le défendiez et, surtout, cela va dans le sens de l’histoire. C’est aussi la preuve que le Liban s’adapte timidement aux rouages de l’économie mondiale.
Pour prendre un exemple proche de nous, je ne vois pas en quoi la France est dépossédée de ses biens parce que l’acquisition de la propriété y est libre ou parce que des compagnies américaines ont acheté et achètent encore pour des milliards de francs de propriétés bâties détenues ou financées par des sociétés d’assurance ou des banques françaises. Ces achats ont plutôt sauvé ces grands groupes français d’une banqueroute assurée.
Ce serait plus exactement les pays fermés qui chercheraient à imposer la pratique que vous défendez. Le Liban n’a pas la vocation de l’Albanie du temps de Hodja et vous le savez.
Alors, de grâce, épargnez-nous ces dérives rancunières et stériles et laissez-nous patiemment élaborer les conditions d’une vie et d’une ville meilleures.

Elie-Pierre SABBAG

(1) «L’Orient-Le Jour» du 16 août 1997
\dIl y a encore peu, dans ces mêmes colonnes, vous pourfendiez le moindre avis critique à l’égard du projet du centre-ville de Beyrouth. Acerbe, arrogant, vous balayiez d’une chiquenaude méprisante les questions souvent justifiées que vous posaient vos confrères ou de simples curieux.A l’époque donc, il n’y avait qu’un plan: le vôtre, qu’une solution: celle...